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Les pailles en papier sont tout aussi dangereuses pour la santé et l’environnement que celles en plastique

Jugées comme une alternative à la consommation excessive de plastique, les pailles d’origine végétale constituent une source supplémentaire de polluants éternels, d’après une récente étude. Mais cette dernière pointe une autre solution qui semble saine.
par Sascha Garcia
publié le 28 août 2023 à 9h18

Une pollution peut en cacher une autre. Les pailles fabriquées à partir de matériaux d’origine végétale contiennent des polluants éternels dangereux pour la santé et l’environnement (Pfas, lire «pifasse», à l’anglaise), démontre une étude publiée le 24 août dans la revue scientifique Food Additives & Contaminants. Leur présence serait trois fois plus élevée quand dans les pailles en plastique.

Les conclusions de cette étude belge sont sans équivoque : «Ces pailles ‘’écologiques’’ à base de plantes ne constituent pas nécessairement une alternative plus durable aux pailles en plastique, car elles peuvent être considérées comme une source supplémentaire d’exposition aux PFAS pour l’homme et l’environnement». Les pailles en plastique contiennent environ 1 ng /g de Pfas, contre plus de 3 ng /g pour les pailles en papier. A titre indicatif, l’agence de protection de l’environnement américaine (USEPA) préconise de limiter à 4 ng /L la présence de Pfas dans l’eau potable.

Depuis l’interdiction par le Parlement européen en 2021 des pailles en plastique à usage unique dans la restauration et les commerces, les pailles en papier, jugées comme une alternative durable, ont pullulé dans les fast-foods.

Mais après une analyse de 39 marques de pailles différentes, «les Pfas ont été plus fréquemment détectés dans les matériaux d’origine végétale, tels que le papier et le bambou», alertent les auteurs de cette étude. La raison est simple : afin de rendre ces matériaux hydrofuges, des Pfas sont ajoutés lors de la fabrication. «En buvant avec de telles pailles, les humains peuvent ingérer une quantité jusqu’à présent indéterminée de Pfas», et ces polluants éternels finissent également par contaminer l’environnement puisque ces pailles à base de plantes ne sont pas nécessairement biodégradables.

Les Pfas, ou perfluorés, sont des polluants chimiques développés par l’industrie depuis les années 40 pour leur résistance à l’eau et la chaleur. On les retrouve aussi bien dans les emballages alimentaires que dans les textiles imperméabilisés. Ces molécules sont quasi-indestructibles et s’accumulent dans l’eau, l’air, les sols et les organismes exposés. D’où leur surnom de «polluants éternels». Ces substances représentent un danger certain pour la santé : une forte contamination peut entraîner cancer, dysfonctionnement hépatique, hypothyroïdie, retard pubère, diminution de la réponse immunitaire aux vaccins… Et les risques pour la santé commencent tout juste à être documentés.

Acier inoxydable

Le choix de se tourner vers des pailles en papier semblait pourtant être le bon. En 2018, on comptait plus de 2 millions de tonnes de microplastiques dans les océans. Et seuls 9 % de tous les déchets plastiques générés jusqu’à présent ont été recyclés. Une situation alarmante qui a poussé il y a deux ans l’Union européenne et la France à interdire les plastiques non réutilisables, y compris les pailles.

Alors entre la peste et le choléra, que choisir ? Heureusement, l’étude révèle qu’un type de paille en particulier est a priori sans danger pour la santé et l’environnement : celles en acier inoxydable. Selon les chercheurs, elles représentent «l’alternative la plus durable, elles peuvent être réutilisées, ne contiennent pas de Pfas et peuvent être entièrement recyclées».

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