VIDÉO - Crèches privées épinglées : "Ça m'est déjà arrivé de voir qu'on servait la moitié d'un repas"

par Virginie FAUROUX Reportage TF1 Olga Lévesque, Joseph Grosjean, Gaelle Charnay
Publié le 6 septembre 2023 à 17h40, mis à jour le 7 septembre 2023 à 15h10

Source : JT 13h Semaine

Après les maisons de retraite, va-t-on vers un scandale dans les crèches ?
Un livre à paraître le 8 septembre épingle les pratiques de certains établissements privés, où seule compte la rentabilité.
Le JT de TF1 a recueilli le témoignage d'une professionnelle de la petite enfance qui va dans ce sens.

"Des usines à bébés" : voilà comment Mathieu Périsse décrit la pratique de certaines crèches privées dans "Le prix du berceau" (Seuil), à paraître le 8 septembre. Cinq mois après la publication d'un rapport de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la prévention de la maltraitance dans les crèches, ce livre dévoile un système "déshumanisé" basé sur la course au rendement et au remplissage, au détriment parfois du bien-être des enfants.

Ce système-là,ne met plus en avant, à notre sens, l'intérêt de l'enfant. Il met d'abord en avant l'intérêt de l'entreprise.
Mathieu Périsse, co-auteur du "Prix du berceau"

Alexia Tsadiroglu peut notamment en témoigner. En dix ans de travail en crèche privée, cette éducatrice a constaté de nombreuses négligences dans l'accueil des jeunes enfants. "J'ai déjà connu des faits de maltraitance", affirme-t-elle dans la vidéo du 13H de TF1 en tête de cet article. La jeune femme pointe aussi le surbooking. Cela veut dire que la crèche va accueillir plus d'enfants que sa capacité maximale. C'est légal, mais cela a des conséquences concrètes. "Ça m'est déjà arrivé de voir qu'on servait la moitié d'un repas. Soit les professionnels le gardaient pour elles ou soit, tout simplement, il n'y en avait pas assez. En fait, le ratio qui avait été commandé n'était pas bon pour, je suppose, faire des économies", raconte-t-elle encore. 

Et cela est loin d'être un cas isolé. Dans son livre d'enquête, Mathieu Périsse a rassemblé plus de 200 récits similaires. Il dénonce un mécanisme, intéressé avant tout par le profit. "Ce système-là, ne met plus en avant, à notre sens, l'intérêt de l'enfant, explique-t-il à TF1. Il met d'abord en avant l'intérêt de l'entreprise. On voit très bien comment les directeurs régionaux mettent la pression tous les jours sur leurs directeurs et leurs directrices pour leur dire : 'trouver nous 5000 heures parce qu'il faut qu'on atteigne nos objectifs'", explique-t-il. Fort heureusement, ces faits ne concernent pas toutes les crèches privées. Mais leur fédération ne souhaite pas s'exprimer pour l'instant.

Dans une crèche publique de la région lyonnaise, c'est un tout autre discours que l'on tient. Ici, pas de petites économies sur l'essentiel. On n'a jamais entendu parler de rationnement. "On utilise autant de couches que les enfants en ont besoin, on fait des changes à la demande, donc on n'a pas de limite. Et au niveau budget, c'est pareil, on commande en fonction de nos besoins", détaille au micro de TF1 Nathalie Rivoire, directrice de la crèche intercommunale "La Ribambelle" à Mornant (Rhône). C'est une évidence pour cette responsable. Tout comme le respect du taux d'encadrement d'un professionnel pour cinq bébés. 

Dans certaines crèches privées, il arrive qu'un encadrant gère jusqu'à dix enfants. Ici, quand le personnel vient à manquer, on demande à certains parents de garder leurs enfants à la maison.


Virginie FAUROUX Reportage TF1 Olga Lévesque, Joseph Grosjean, Gaelle Charnay

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