Précarité : un Européen sur trois renonce à se soigner par manque de moyens

Plus d’un Européen sur deux (51%) a rencontré au moins une situation de privation (santé, chauffage, nourriture,…) ces six derniers mois.  [Matej Kastelic/Shutterstock]

Les résultats d’un nouveau sondage publié mercredi (6 septembre) par l’Ipsos et le Secours Populaire révèlent que des millions d’Européens se privent de l’essentiel, comme se soigner ou se nourrir, par souci financier. 

Malgré un taux d’inflation annuel de la zone euro en baisse à 5,5% contre 6,1% il y a six mois, près d’un tiers des Européens (29%) déclarent se trouver en situation de précarité, d’après les résultats du dernier sondage du Secours populaire et de l’Ipsos. 

L’étude a été menée dans dix pays en Europe : la France, la Grèce, la Moldavie, le Royaume-Uni, le Portugal, la Roumanie, la Serbie, l’Italie, la Pologne et l’Allemagne. 

« A l’échelle de l’Europe, la situation est très préoccupante même si l’inflation a ralenti au cours de 2023. Très répandues, les privations apparaissent parmi les classes moyennes », peut-on lire dans le communiqué de presse. 

Plus d’un Européen sur deux (51%) a rencontré au moins une situation de privation (santé, chauffage, nourriture,…) ces six derniers mois. 

Concernant la santé, plus d’un tiers des Européens (37%)  interrogés ont affirmé avoir déjà renoncé à des soins médicaux par manque de moyens ou par souci d’économie.

« La question de la santé est similaire à la question alimentaire : les gens renoncent à l’essentiel, c’est un indicateur très préoccupant », alerte Sébastien Thollot, Secrétaire national du Secours populaire, lors d’un entretien avec EURACTIV. 

Cependant ce chiffre varie en fonction des pays : cela concerne 41% des Roumains, des Serbes et des Polonais contre 22% des Anglais et 21% des Allemands. La France et l’Italie (37%) et la Grèce et le Portugal (36%) affichent des pourcentages similaires. 

Victimes collatérales, les enfants se retrouvent également dans le besoin : 36% des parents ne peuvent subvenir à leurs besoins essentiels, autrement dit les repas, les frais de scolarité, les soins de santé ou encore les vêtements.

Moisissures, incendies : les logements insalubres, fléau pour la santé des Européens

Dans un rapport publié mardi (5 septembre), la Fondation Abbé Pierre et la Fédération européenne des organisations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA) alertent sur le mal-logement en Europe et la menace qu’il représente, tant pour la santé que pour la sécurité des personnes qui en sont victimes.

Grèce et Moldavie

Si les problèmes liés à la précarité concernent tous les pays ayant participé au sondage, quel que soit leur niveau de richesse ou leur produit intérieur brut (PIB), précise Sébastien Thollot, la situation est particulièrement préoccupante en Grèce et en Moldavie.  

Près de la moitié des Grecs et des Moldaves estiment qu’ils vivent dans des conditions financières et matérielles particulièrement préoccupantes. Alors pour tenter de subvenir à leurs besoins, 60% des Grecs et 70% des Moldaves font appel à des proches pour leur prêter ou leur donner de l’argent. 

Ils sont également respectivement 75% et 67% à réduire leurs déplacements pour réaliser des économies sur les frais de transport. 

« Avant la guerre en Ukraine, le niveau de vie en Moldavie était déjà très bas. Quant à la Grèce, la crise de 2008 a largement affecté son économie », analyse M. Thollot. 

En Europe, la précarité en « très forte augmentation », alerte le Secours populaire

Selon un sondage publié vendredi (4 novembre) par le Secours populaire et mené dans six pays européens, une personne interrogée sur quatre déclare être dans une situation précaire et faire face à des difficultés financières et matérielles.

Vers un plan d’action de l’UE ? 

La vague de précarité qui touche l’Europe n’a pas épargné les Français : 58% d’entre eux craignent de basculer à court terme dans la précarité et 45% rencontrent des difficultés à payer certains actes médicaux, selon le Secours populaire. 

La ministre des Solidarités et des Familles Aurore Bergé a annoncé mardi (5 septembre) que le gouvernement allait débloquer 156 millions d’euros pour aider les associations d’aide alimentaire. 

« L’inflation touche d’abord les plus fragiles, les familles modestes, les étudiants, les personnes âgées et nos enfants. Nous sommes à leurs côtés pour lutter contre la précarité et aider les associations qui les soutiennent chaque jour », a déclaré la ministre dans un communiqué de presse.

Mais selon Sébastien Thollot, il y a une responsabilité politique à la fois « nationale » et « européenne ». 

Le Secours populaire souhaiterait voir se dessiner les contours d’un plan d’action de l’UE, à l’image de celui mis en place durant la crise Covid, le programme REACT-EU. Doté de 47,5 milliards d’euros, il avait pour objectif de remédier aux dommages sociaux et économiques causés par la pandémie. 

« Il faut une réponse politique forte », conclut-il.

Si les résultats sont globalement peu optimistes, l’étude se conclut pourtant sur un indicateur suscitant l’espoir : malgré les difficultés, 76% des Européens sont prêts à s’impliquer personnellement pour aider les plus démunis.

Près d’un Européen sur dix ne peut pas s’offrir un repas équilibré régulièrement

En 2022, 8,3 % de la population de l’UE n’étaient pas en mesure de s’offrir un repas équilibré de façon régulière, selon un sondage. Face à cette situation, la Fédération française des Banques Alimentaires demande à la Commission européenne de mettre en place une aide d’urgence.

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