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Mexique: deux femmes se disputeront la présidence en 2024

Xochitl Galvez
Xochitl Galvez Photo MEGA/WENN


Deux femmes se disputeront pour la première fois la présidence en 2024 au Mexique, où l’ex-maire de Mexico Claudia Sheinbaum a été désignée mercredi candidate du parti au pouvoir, Mouvement pour la régénération nationale (Morena, gauche). 

Mme Sheinbaum, 61 ans, aura pour principale adversaire la sénatrice Xochitl Galvez, 60 ans, investie candidate dimanche après avoir dominé les primaires d’un Front regroupant trois partis d’opposition.

Une femme a donc de fortes chances de succéder au président sortant Andres Manuel Lopez Obrador en 2024 à la tête du Mexique, deuxième économie d’Amérique latine tournée vers les États-Unis.

Ce serait une première dans l’histoire d’un pays qui enregistre des milliers de féminicides par an, en plus de la violence extrême des cartels de drogue en certains endroits de son territoire.

Scientifique de formation, proche du président sortant, Mme Sheinbaum est arrivée en tête d’une enquête d’opinion organisée par son parti Morena pour départager six prétendants au total.

Xochitl Galvez
Claudia Sheinbaum Photo MEGA/WENN

Portée par la popularité du président sortant, elle est pour l’instant la favorite des élections prévues début juin.

« Aujourd’hui c’est le peuple de Mexico qui a décidé », a-t-elle déclaré après l’annonce des résultats. « Le processus électoral commence demain au niveau national. Il n’y a pas une minute à perdre ».

L’enquête menée sur un échantillon de 12 500 personnes a mis à mal l’unité de Morena, la machine de guerre mise en place par Lopez Obrador pour porter la gauche au pouvoir en 2018.

Avant même l’annonce des résultats, le principal rival de Mme Sheinbaum, l’ex-ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard, a demandé la répétition de l’enquête d’opinion en dénonçant des « irrégularités ».

Seul parmi les six prétendants, M. Ebrard a snobé l’annonce des résultats, affirmant que l’une des ses représentantes avait été frappée par la police.

Les résultats sont définitifs, a prévenu Morena.

Ces primaires ont été « un exercice démocratique, unitaire » a estimé le président du Conseil national du parti, Alfonso Durazo, en annonçant les résultats.

« Il n’y a pas d’incident qui ont affecté de manière définitive le résultat final », a-t-il ajouté.

M. Ebrard pourrait quitter Morena d’après des rumeurs persistantes relayées dans la presse mexicaine.

« Fille de 1968 » contre libérale progressiste 

Le duel au féminin entre Mmes Sheinbaum et Galvez s’annonce comme un choc frontal entre deux parcours et deux styles.

Petite-fille de grands-parents juifs qui ont quitté la Bulgarie et la Lituanie, Mme Sheinbaum est une physicienne d’apparence réservée.

« Je suis une fille de 1968 », affirme l’ancienne maire de Mexico, qui revendique l’héritage des luttes sociales sans avoir jamais été membre du PRI, l’ex-parti dominant pendant 70 ans.

Issue de la bourgeoisie intellectuelle de gauche de la capitale, elle s’est engagée à poursuivre la politique du président sortant Lopez Obrador.

Mme Sheinbaum veut continuer à défendre les plus pauvres, notamment les communautés indigènes, tout en mettant en avant les bons résultats macro-économiques de son mentor (monnaie forte, finances saines).

Vêtue fréquemment d’un huipil (blouse traditionnelle), Galvez est originaire de Tepatepec, une petite localité de l’État d’Hidalgo (centre). Issue d’un milieu modeste, « Xochitl » (fleur, en langue nahuatl) est née d’un père indigène otomi et d’une mère métisse.

Ingénieure et cheffe d’entreprises, d’un naturel spontané, Galvez truffe ses discours d’expressions familières.

« Ma règle d’or: pas de feignasse, pas d’escrocs, pas d’enfoirés », a-t-elle martelé dans un entretien lundi avec l’AFP. Elle a confirmé qu’elle lutterait « avec ses ovaires » contre la violence.

Elle a mis au défi Mme Sheinbaum de s’affranchir de la tutelle du président: « Qu’elle lui dise (...) occupez-vous de gouverner et laissez-moi être la candidate ».

Politiquement, Mme Galvez déclare emprunter des idées aux trois partis qui la soutiennent (le libéralisme économique du PAN de droite, les idéaux de justice sociale du PRD de gauche, et l’héritage institutionnel du PRI).

« Avec moi il n’y aura pas de marche arrière dans les droits acquis, aussi bien de la communauté LGBTQ+ comme des femmes », promet-elle, interrogée sur l’avortement dépénalisé en septembre 2021. Le mariage pour tous est légal dans les 32 États.

Portée par la popularité du président sortant, Mme Sheinbaum est la favorite de l’élection présidentielle, selon deux récents sondages.

Combative, « Xochitl » affirme qu’elle peut rattraper son retard, après avoir réveillé une opposition en à peine deux mois de campagne interne.

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