(Washington) Owen Shroyer, animateur du site d’extrême droite Infowars, a été condamné mardi à deux mois de prison pour avoir participé à l’émeute au Capitole des États-Unis, que les procureurs ont déclaré qu’il avait « aidé à créer » en proférant une rhétorique violente et en diffusant des allégations sans fondement de fraude électorale à des centaines de milliers de téléspectateurs.

Shroyer anime une émission quotidienne intitulée The War Room With Owen Shroyer pour le site Web exploité par le conspirationniste Alex Jones. Les procureurs ont déclaré que Shroyer avait utilisé sa plateforme en ligne – et plus tard un mégaphone devant le Capitole le 6 janvier 2021 – pour amplifier les mensonges selon lesquels les démocrates auraient volé l’élection présidentielle de 2020 à Donald Trump, qui était le président républicain sortant.

Shroyer n’est pas entré dans le Capitole, mais il a mené une marche vers le bâtiment et a conduit les émeutiers à chanter près du sommet des marches de l’édifice. Il fait partie des rares personnes inculpées lors de l’émeute qui ne sont ni entrées dans le bâtiment ni accusées de violence ou de destruction.

Shroyer n’avait pas besoin de mettre les pieds à l’intérieur du Capitole parce que beaucoup de ses partisans l’avaient fait, ont soutenu les procureurs. Ils ont déclaré que Shroyer avait diffusé de la désinformation électorale et des « appels à la violence à peine voilés » le 6 janvier aux téléspectateurs d’Infowars dans les semaines qui ont précédé l’attaque.

« Shroyer a contribué à la création du 6 janvier », ont écrit les procureurs dans un dossier judiciaire.

Les procureurs avaient requis quatre mois de prison contre Shroyer, 34 ans, d’Austin, au Texas.

En décembre 2019, Shroyer a été arrêté à Washington après avoir perturbé une audience du comité judiciaire de la Chambre pour la procédure de destitution du président Trump de l’époque. Il a ensuite accepté de rester à l’écart du Capitole, condition d’un accord résolvant cette affaire.

Il a plaidé coupable en juin pour avoir pénétré illégalement dans une zone interdite – un délit passible d’une peine maximale d’un an de prison.

Shroyer, qui travaille chez Infowars depuis 2016, a dit dans une déclaration sous serment qu’il avait accompagné Alex Jones et ses agents de sécurité sur le terrain du Capitole le 6 janvier.

« J’ai monté plusieurs marches avec M. Jones et je me suis tenu près de lui alors qu’il s’adressait à la foule depuis un porte-voix, les exhortant à quitter la zone et à se comporter de manière pacifique », a déclaré Shroyer.

M. Jones n’a été accusé d’aucun crime lié à l’émeute du 6 janvier.

À l’extérieur du Capitole, Shroyer s’est tenu devant une foule avec un mégaphone et a crié : « Les démocrates se font passer pour des communistes, mais nous savons ce qu’ils sont réellement : ce ne sont que des tyrans, ce sont des tyrans. Et c’est pourquoi aujourd’hui, le 6 janvier, nous déclarons la mort de la tyrannie ! Mort aux tyrans ! ».

Après le 6 janvier, Shroyer a utilisé son émission pour promouvoir des théories du complot sur l’émeute, essayant de rejeter la faute sur les militants de gauche « antifa » et même sur le FBI, ont soutenu les procureurs. Après son arrestation, Shroyer a collecté près de 250 000 $ grâce à une campagne en ligne décrite comme son fonds de défense.

L’avocat de la défense Norm Pattis a déclaré que Shroyer avait assisté au rassemblement « Stop the Steal » de Trump en tant que journaliste qui avait l’intention de couvrir l’évènement pour son émission Infowars. Me Pattis a accusé à plusieurs reprises les procureurs de piétiner le droit à la liberté d’expression de Shroyer.

Les procureurs ont affirmé que le premier amendement ne protège pas la conduite pour laquelle Shroyer a été accusé.

Shroyer est l’un des deux employés d’Infowars arrêtés pour l’émeute au Capitole. Samuel Montoya, qui travaillait comme monteur vidéo pour le site internet d’Alex Jones, a été condamné en avril à quatre mois de détention à domicile. Montoya est entré dans le Capitole et a capturé des images d’un policier tirant mortellement sur une émeutière, Ashli Babbitt.

Plus de 1100 personnes ont été inculpées de crimes fédéraux liés aux émeutes du Capitole. Plus de 650 d’entre eux ont plaidé coupables et plus de 600 ont été condamnés, dont plus de la moitié à des peines d’emprisonnement allant de trois jours à 22 ans.