La dernière enquête de l’ONG Foodwatch dénonce les stratégies publicitaires employées par l’industrie agroalimentaire pour inciter les enfants à consommer massivement les produits de la « malbouffe », qui menacent leur santé. Et appelle les pouvoirs publics à agir.
Selon l’ONG Foodwatch, la France fait figure de mauvaise élève en matière de lutte contre les stratégies marketing de l’agroalimentaire qui ciblent prioritairement les enfants. « De nombreux pays (Norvège, Chili, Espagne, Allemagne, Canada…) ont déjà travaillé ou travaillent actuellement à mettre en place un encadrement strict de ces pratiques », explique-t-elle.
« C’est aux autorités de protéger les enfants d’une surexposition au marketing de la malbouffe. »
La France n’en fait pas partie, selon l’organisation qui rappelle qu’un enfant sur six est en surpoids ou obèse en France et qu’un adolescent obèse a de 50 à 70 % de probabilités de le rester à l’âge adulte. Des situations qui peuvent entraîner ensuite des diabètes de type 2, des maladies cardiaques et divers cancers.
« L’encadrement strict de la publicité et du marketing de la malbouffe ciblant les enfants est une mesure clé urgente, rapide à mettre en place et reconnue comme efficace dans la lutte contre le surpoids et l’obésité infantiles par les plus hautes instances de santé en France (…). Depuis 2010, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle de ses vœux des politiques publiques fortes pour encadrer ces pratiques de marketing alimentaire afin de protéger la santé des plus jeunes », insiste Foodwatch qui pointe une certaine inaction des pouvoirs publics français dans ce domaine : « Depuis trop longtemps, gouvernement et parlementaires français se contentent de miser la santé des enfants sur les engagements volontaires de l’industrie, alors que les experts de santé insistent unanimement : l’autorégulation n’est pas efficace ! ».
Foodwatch affirme que la régulation de ces pratiques ne doit plus être laissée entre les mains des marques : « C’est aux autorités de protéger les enfants d’une surexposition au marketing de la malbouffe, en adoptant enfin une réglementation stricte, basée sur les recommandations de l’OMS ».
À quoi reconnaît-on le marketing alimentaire qui cible les enfants ? Cinq éléments les caractérisent, explique Foodwatch : l’emballage du produit, qui met en avant des illustrations et des couleurs, des dessins, des mascottes ou encore des jeux attrayants pour les enfants ; les propriétés sensorielles du produit - son goût, sa forme, sa couleur - qui attirent la curiosité des enfants ; la mise en avant de jouets ou de figurines qui sont offerts à l’intérieur du paquet et incitent à l’achat ; la promotion du produit qui comprend des opérations commerciales destinées à faire gagner des places dans un parc d’attractions, des consoles de jeux, des concerts, etc. ; et la promotion du produit qui passe souvent par des partenariats avec des influenceurs, des athlètes ou autres stars. Exemple parmi d’autres : en juin 2023, le rappeur français Jul, très populaire auprès des plus jeunes, a donné de la voix dans un clip de la marque Oasis, pour valoriser le design d’une nouvelle canette de soda.
Foodwatch rappelle également que, sur le plan économique, « le coût du laisser-faire et de l’épidémie de surpoids et d’obésité est considérable. Le coût sociétal de la surcharge pondérale est estimé par le Trésor public à plus de 20 milliards d’euros par an ».