Une photo du chalutier avant qu’il ne fasse naufrage au large de la Grèce le 14 juin . Crédit : Reuters
Une photo du chalutier avant qu’il ne fasse naufrage au large de la Grèce le 14 juin . Crédit : Reuters

Quarante survivants du terrible naufrage qui a couté la vie à des centaines de migrants au large de Pylos, en Grèce, portent plainte contre l’État grec. Soutenus par plusieurs associations, les exilés accusent les autorités de ne pas avoir protégé les personnes à bord du chalutier surchargé, voire d’être à l’origine du drame. Les plaignants réclament une enquête "immédiate, approfondie et fiable".

Trois mois après l’un des pires naufrages en Méditerranée, une plainte a été déposée mercredi 13 septembre par des survivants contre l’État grec, devant le tribunal naval du Pirée. Le 14 juin, un chalutier transportant environ 700 personnes a coulé en Méditerranée, au large des côtes grecques de Pylos. Cent-quatre migrants ont pu être secourus, 82 corps ont été repêchés par les garde-côtes mais des centaines d’autres sont toujours portés disparus.

Soutenus par six associations, dont le Conseil grec pour les réfugiés (GCR) et Refugee Support Aegean (RSA), les rescapés "dénoncent une série de violations" perpétrées par les autorités grecques, notamment celle de "protéger la vie des personnes à bord" du bateau surchargé, explique le communiqué des humanitaires. Les plaignants "exigent une enquête immédiate, approfondie et fiable ainsi que l'attribution d'une responsabilité pénale pour les actes et omissions des autorités grecques".

"Nous sommes ici pour déposer une plainte au pénale, en cherchant, au nom de ceux que nous représentons, mais aussi au nom de la société, la justice pour les victimes du naufrage", a déclaré sur X (ex-Twitter) Eleni Spathana de RSA.

"Les actions des garde-côtes sont conformes aux obligations internationales du pays"

Après le terrible drame, qui a suscité une forte émotion dans le monde, plusieurs organisations et institutions internationales avaient réclamé une investigation sur les circonstances du naufrage. Le gouvernement grec s’était alors engagé à mener une enquête approfondie. Mais trois mois plus tard, "aucun des survivants n’a – à notre connaissance – été appelé à témoigner ou fournir des preuves dans le cadre d’une enquête", insistent les ONG dans leur communiqué.

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Athènes a rapidement été accusée d’être à l’origine de l’accident. Les rescapés ont affirmé que les garde-côtes ont fait chavirer le chalutier en tentant de le remorquer en dehors des eaux grecques. "Les garde-côtes grecs ont demandé aux migrants de les suivre, mais ils n'ont pas pu", avait à l’époque indiqué l’ancien Premier ministre Alexis Tsipras, après une rencontre avec les survivants. "Les autorités ont alors jeté une corde, mais parce qu'ils ne savaient pas comment tirer cette corde, le navire a commencé à se balancer à droite et à gauche, avait-il raconté. Le bateau des garde-côtes allait trop vite, et le navire des migrants penchait déjà sur la gauche. C'est comme ça qu'il a coulé."

Une enquête de la BBC démontrait par ailleurs que le bateau bondé était à l’arrêt au large de la Grèce et nécessitait une aide urgente, contrairement à la version donnée par les garde-côtes grecs, selon laquelle les exilés faisaient route vers l’Italie à une vitesse régulière.

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Les rescapés estiment que la Grèce a violé le droit international, celui des droits de l’Homme et celui de l’Union européenne (UE) en ne portant pas secours plus tôt aux exilés, et ce alors que le navire avait été repéré plusieurs heures avant qu’il ne coule par Athènes et l’Agence européenne de protection des frontières (Frontex).

Les autorités grecques, elles, continuent de soutenir ses garde-côtes. Contactées par Al Jazeera, elles signalent que "les actions des garde-côtes sont conformes aux obligations internationales du pays". Les agents travaillent "24 heures sur 24, avec efficacité, un sens élevé des responsabilités, du professionnalisme" et un "respect absolu de la vie humaine et des droits de l’Homme".

 

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