Abolition de la peine capitale, histoire d’un combat

Le garde des Sceaux Robert Badinter lors du débat sur l'abolition de la peine de mort à l'Assemblée nationale le 18 septembre 1981 à Paris, France. ©Getty - Laurent Maous/Gamma-Rapho
Le garde des Sceaux Robert Badinter lors du débat sur l'abolition de la peine de mort à l'Assemblée nationale le 18 septembre 1981 à Paris, France. ©Getty - Laurent Maous/Gamma-Rapho
Le garde des Sceaux Robert Badinter lors du débat sur l'abolition de la peine de mort à l'Assemblée nationale le 18 septembre 1981 à Paris, France. ©Getty - Laurent Maous/Gamma-Rapho
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Si elle ne fait plus débat aujourd'hui en France, l'abolition de la peine de mort était loin d'être une cause acquise quand Robert Badinter, alors ministre de la justice, la défendait devant les députés français le 17 septembre 1981. Retour sur l'histoire de la pensée abolitionniste.

Avec
  • Nicolas Picard (Docteur en histoire) Docteur en histoire de l'université Paris 1, professeur agrégé d'histoire au lycée Doisneau de Corbeil-Essonnes
  • Romain Icard Réalisateur

« Parce qu'aucun homme n'est totalement responsable, parce qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable. »
Extrait du discours de Robert Badinter, garde des Sceaux, ministre de la justice, devant l'Assemblée nationale, le 17 septembre 1981

La loi du 9 octobre 1981 proclame l'abolition de la peine de mort. Son premier article est simple, clair, précis : « La peine de mort est abolie ». C’est l’œuvre d’un homme, Robert Badinter, mais les individus n’agissent jamais seuls. Ils sont inspirés, entourés, accompagnés. C’est un moment clé de notre histoire, mais, comme toujours, il s’inscrit dans un temps plus long, celui des combats contre la peine capitale. Xavier Mauduit

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Le 10 septembre 1977 était guillotiné Hamida Djandoubi, dernier condamné à mort par la justice française. Quatre ans plus tard, Robert Badinter défendait avec ferveur l’abolition de la peine de mort devant les parlementaires français, dans un pays où l’opinion publique était encore majoritairement en faveur de l’application de la peine capitale. C’est un combat qu’il a pourtant gagné, le 18 septembre 1981, soutenu par son ami récemment élu président de la République, François Mitterrand

Beaucoup d'abolitionnistes ne sont pas connus. Ce sont des abolitionnistes anonymes qui vont s'engager dans des associations. Dans la première moitié du XXe siècle, notamment dans les années 1950, ceux qui s'engagent dans l'Association nationale contre la peine de mort ou dans la Ligue pour l'abolition de la peine de mort font plutôt partie des élites : de grandes personnalités religieuses, de grands avocats, des académiciens, des écrivains, des figures du monde intellectuel. Dans les années 1960 et 1970 un militantisme plus populaire, plus centré sur les classes moyennes, se développe avec des associations comme Amnesty International et la Ligue des droits de l'homme, qui vont s'emparer de ce sujet. Nicolas Picard

Auparavant, l'avocat Robert Badinter a passé dix ans aux Assises à défendre l'indéfendable, aux dépens de sa santé et de sa sécurité. Quels ressorts intimes l'ont poussé dans cette lutte ? Dans quelle histoire de l’idée abolitionniste le célèbre avocat s’inscrit-t-il ? À quand remonte le combat contre la peine de mort en France ?

Pour Robert Badinter, la question n'est pas de savoir si l'homme qu'il défend est coupable ou innocent, la question est de savoir comment le sauver de la guillotine. Et pour ça, il faut y aller corps et âme, ce qu'il fait à plusieurs reprises dans les salles d'audience. Comme le dit son confrère François Binet, devenu un ami, on sent qu'il va puiser dans l'enfance et l'adolescence. Dans celle du bourreau, mais aussi dans la sienne. Il flirte avec ce moment où l'intime peut se révéler pour qui peut comprendre les clés du personnage. Romain Icard

Nous recevons Romain Icard et Nicolas Picard pour en parler.

Avec Romain Icard, journaliste, réalisateur du documentaire Robert Badinter, la vie avant tout diffusé lundi 13 septembre à 21h sur France 3.

Et Nicolas Picard, docteur en histoire de l'université Paris 1, professeur agrégé d'histoire au lycée Doisneau de Corbeil-Essonnes, auteur de Le Châtiment suprême. L'application de la peine de mort en France (1906-1981) (Institut universitaire Varenne, 2018).

Références sonores

  • Archive d'un discours de Victor Hugo en 1948 dans Le journal d'un siècle -  Antenne 2, 2 octobre 1984
  • Archive sur l'affaire Bontems en 1972, extraite du documentaire Robert Badinter, la vie avant tout de Romain Icard - France 3, 13 septembre 2021
  • Archive de Robert Badinter à l'Assemblée nationale le 17 septembre 1981
  • Musique Le Bal des lazes par Michel Polnareff, 1968
  • Lecture du journal La Presse datant du 15 septembre 1907 sur l'affaire Soleilland - France Culture, 2017
  • Archive de François Mitterrand dans l'émission Cartes sur table - Antenne 2, 16 mars 1981
  • Archive d'un flash info à la veille de l'ouverture des débats à l'Assemblée nationale sur le projet de loi portant abolition de la peine de mort - France Info, 16 septembre 1981

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