Syrie : soixante morts dans des attaques à Homs et Damas

 

Syrie : soixante morts dans des attaques à Homs et Damas

    Mardi noir en Syrie. Les villes de Homs et Damas, situées à l'ouest du pays ont été ce matin les cibles de deux attaques sanglantes, attribuées aux rebelles, selon les autorités syriennes. Le bilan est lourd : une soixantaine de morts et plus d'une centaine de blessés, illustrant la continuation tragique d'une guerre à huit clos.

    Scènes d'horreur à Homs. C'est un secteur tenu par le régime syrien qui a été dévasté par un attentat à la voiture piégée suivi de la chute d'une roquette. Au moins 45 personnes ont péri et 85 ont été blessées. L'attentat à la voiture piégée a d'abord fait 36 morts et 75 blessées. En panique, plusieurs riverains ont accouru sur les lieux afin d'aider les victimes. Une roquette de fabrication artisanale est alors tombée sur cette zone faisant neuf morts et 10 blessés supplémentaires.

    De son côté, l'OSDH, Observatoire Syrien des Droits de l'Homme, ONG locale basée à Londres qui diffuse des chiffres depuis le début du conflit, fait état de 37 civils dont au moins cinq enfants et 80 blessés. Ce secteur d'Abbassiya dans le quartier de Zahra à Homs est à majorité alaouite, confession du président Bachar al-Assad, précise le gouverneur de la province.

    VIDEO. Syrie : près de 60 morts à Homs et Damas

    Bain de sang à Damas. Dans la capitale syrienne, c'est un institut d'études religieuses, situé dans le centre-ville, qui a été visé. «Quatorze personnes ont été tuées et 86 autres blessées par des «terroristes» qui ont tiré quatre obus de mortier contre le quartier de Chaghour à Damas», rapporte l'agence d'Etat Sana. Les projectiles ont atteint l'institut Badr al-Din al-Hussein, qui dispense un enseignement religieux à des adolescents syriens et étrangers.

    Le mot «terroriste», dans la terminologie officielle du régime du président Bachar Al-assad, désigne les rebelles qui cherchent à renverser ce dernier. Pour sa part, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) fait état de son côté de 17 morts et de dizaines de blessés, dont 14 dans un état critique. Les rebelles, implantés dans la banlieue de Damas, tirent régulièrement des obus sur la capitale alors que l'armée régulière mène des raids contre leurs positions.

    CARTE. Les dernières conquêtes de l'armée syrienne et les positions rebelles

    Avancées et revers de l'armée loyaliste. Le conflit en Syrie a débuté par une révolte pacifique, en mars 2011, qui s'est transformée en insurrection armée face à la répression du régime. Aujourd'hui, on déplore près de 150 000 morts, selon l'OSDH.

    Au terme des trois années de guerre, la situation est toujours des plus confuses sur le terrain. Ces derniers mois, le président Bachar al-Assad a savouré quelques victoires, en particulier dans la région du Qalamoun, à la lisière du Liban. Plusieurs villes aux mains des rebelles ont été reprises par l'armée loyaliste en mars-avril, qui compterait quelque 300 000 soldats après de nombreuses désertions.

    Le régime contrôle désormais la ville chrétienne de Maaloula, l'historique Krak des chevaliers, la localité de Yabroud... Des prises «stratégiques» qualifiées de «tournant» par le pouvoir. La reprise de Yabroud est un «nouvel exploit (...) qui sécurise les régions frontalières avec le Liban et coupe la route aux renforts», se réjouissait le régime, mi-mars.

    Parallèlement, les rebelles ont enregistré des avancées dans la région côtière de Lattaquié, fief du président Assad, et dominent toujours les villes d'Idlib et d'Alep. Les opposants dénoncent la «propagande» du régime, qui extrapole selon eux, ses propres victoires.

    Election contestée le 3 juin. Alors que le pays est à sang, Bachar al-Assad a par ailleurs annoncé sa candidature, pour un troisième mandat, à l'élection présidentielle qui se tiendra le 3 juin prochain. Ce scrutin, qui aboutira probablement à la réélection du président actuel, est d'ores-et-déjà qualifié de «parodie de démocratie» par les alliés occidentaux de l'opposition syrienne qui réclame le départ du raïs.