Le parlement espagnol fait du catalan, du basque et du galicien des langues officielles

Depuis Bruxelles, où il assistait à un Conseil des affaires générales de l’UE, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a défendu la nécessité pour le catalan, le basque et le galicien d’être des langues officielles au sein de l’Union, car — a-t-il dit — il ne s’agit pas de langues minoritaires et parce qu’il s’agit d’une demande que l’Espagne défend depuis 2005. [EPA-EFE/Juan Carlos Hidalgo]

Le parlement espagnol a approuvé l’utilisation du catalan, du basque et du galicien dans toutes ses sessions de travail mardi (19 septembre), tandis que les débats continuent de faire rage au niveau européen.

L’utilisation du catalan, du basque et du galicien au sein des institutions politiques espagnoles et européennes est l’une des principales demandes formulées par les partis séparatistes catalans pour réintégrer la coalition du Premier ministre espagnol par intérim Pedro Sánchez.

Les partis de gauche, y compris le PSOE, dont est membre le Premier ministre, et la plateforme Sumar, ont salué la décision, tout comme les formations nationalistes régionales.

Vox et PP protestent contre le « prix » à payer

La session multilingue de mardi (19 septembre) a commencé par un discours en galicien, bien que quelques minutes après le début, les députés du parti d’extrême droite Vox aient quitté l’hémicycle en signe de protestation. Symbole de leur frustration : tous ont déposé leur casque de traduction simultanée sur le siège vide de M. Sánchez, qui se trouve actuellement à New York pour assister à une réunion de l’Assemblée générale de l’ONU.

Vox et le parti conservateur Parti populaire, la principale force d’opposition de centre droit, considèrent cette mesure comme une concession directe de M. Sánchez aux partis séparatistes catalans pour rester au pouvoir. Une ligne rouge pour la droite.

« C’est un honneur qui me permet de débuter ce débat dans ma langue, qui est un symbole de la richesse culturelle du pays », a commenté le député socialiste galicien José Ramón Besteiro.

Depuis Bruxelles, où il assistait à un Conseil des affaires générales de l’UE, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a défendu la nécessité pour le catalan, le basque et le galicien d’être des langues officielles au sein de l’Union, car — a-t-il dit — il ne s’agit pas de langues minoritaires et parce qu’il s’agit d’une demande que l’Espagne défend depuis 2005.

« Nous ne parlons pas de langues minoritaires. Il s’agit de langues parlées par des millions de personnes (…). Le catalan est parlé par plus de 10 millions de personnes, ce qui le place au-dessus de nombreuses langues actuellement officielles (dans l’UE) », a déclaré M. Albares à la presse.

Cependant, malgré la volonté de l’Espagne d’aller vite, les Etats membres ont choisi de ne pas précipiter la décision et de repousser les débats.

La grande majorité des pays membres ont exprimé mardi (19 septembre) des doutes d’ordre pratique, financier et juridique et ont demandé aux services juridiques du Conseil de rédiger une note sur la question linguistique « catalane ».

Madrid prête à payer la facture du multilinguisme espagnol

Cependant, la mesure aura un coût élevé à la fois à Madrid et peut-être à l’avenir à Bruxelles si la proposition de l’Espagne est finalement adoptée.

Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré à EFE que le budget européen consacré à la traduction et à l’interprétation équivaut à environ 6 % du total des comptes.

Les coûts de la Direction générale de l’interprétation (SCIC), qui compte 483 interprètes permanents et 970 interprètes indépendants, s’élevaient à environ 122 millions d’euros en 2022 pour l’interprétation à la Commission européenne, au Conseil européen, au Conseil de l’UE, au Comité des régions, au Comité économique et social, à la Banque européenne d’investissement et dans d’autres agences européennes.

Pour leur part, les services de la Direction générale de la traduction — qui compte quelque 2 000 membres du personnel, dont 70 % de traducteurs — coûteront quelque 255 millions d’euros en 2022, y compris les salaires, la formation, l’infrastructure informatique et les événements spéciaux.

Malgré les inquiétudes exprimées par quelques États membres, M. Albares a fait part de la volonté du gouvernement espagnol de financer les coûts et a également déclaré qu’il s’agissait d’une proposition légale en vertu de la législation européenne, puisque l’article 55.2 du traité de Lisbonne pourrait permettre une traduction en catalan, en galicien et en basque.

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