Cour d'assises de la Somme : "C'est comme un meurtre de l'intérieur", décrit une victime de viols incestueux

La jeune femme, Cybile, a été reconnu victime de viols par la Cour d'Assises de la Somme alors qu'elle était mineure. © Radio France - Lison Bourgeois

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Âgée actuellement de 25 ans, Cybile accuse son ancien beau-père de l'avoir violée à de nombreuses reprises entre ses 10 et ses 14 ans. L'homme a été condamné ce mercredi à 12 ans de prison ferme par la Cour d'assises de la Somme. Elle accepte de témoigner pour libérer la parole des autres victimes.

Le calvaire de Cybile a commencé à l'âge de 10 ans, en 2007. La jeune femme, âgée actuellement de 25 ans, a été victime de viols à répétition pendant 4 ans. Le compagnon de sa mère a abusé d'elle à de multiples reprises. Tout s'est arrêté quand elle a réussi à en parler à sa mère, qui a quitté son compagnon. A 18 ans, elle dépose plainte pour elle mais aussi pour libérer la parole des personnes aussi victimes de viols et d'incestes. "Dès que je rentrais de l'école, il m'attendait". Cybile raconte quatre années d'enfer lorsqu'on lui tend le micro.

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"Ça se passait dans mon lit, dans sa chambre ou dans la douche"

"Quand ma mère était du matin, il venait me réveiller dans mon lit. Donc ça se passait dans mon lit, dans sa chambre ou dans la douche. Et il y a eu une fois sur son lieu de travail, le jour de l'anniversaire de ma mère", se souvient-elle. Il lui aurait alors expliqué que si elle voulait acheter un cadeau pour sa maman, il fallait "le payer". Elle raconte : "On est arrivé sur son lieu de travail puis on est allé dans le préfabriqué du fond, à gauche. C'était la salle de pause. Et puis, il m'a violé sur la table".

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Si Cybile a décidé de prendre la parole et de porter plainte contre son ancien beau-père en 2018, c'est aussi pour permettre la libération de la parole des victimes de viols et d'incestes. "Il y a énormément de viols et la justice est malheureusement longue. Il faut que ça cesse, parce que l'on ne s'imagine même pas un quart de la souffrance que l'on peut ressentir. Ça nous détruit en fait, c'est comme un meurtre de l'intérieur", assure la jeune femme.

Un combat pour la libération de la parole des victimes

Cybile parle d'un sentiment de culpabilité qu'elle essaie d'affronter, mais avec lequel elle vit quotidiennement. "J'étais sous l'emprise de la souffrance. Dans ce cas-là on écoute, et puis c'est tout quoi. On subit", regrette-elle. Des accusations de chantage et de relations forcées que son ancien beau-père, âgé de 56 ans, a finalement reconnues.

Elle explique que c'est le "combat" pour la libération de la parole des victimes qui lui a permis de trouver assez de force.  "Même si ça ne se voit pas, je pleure pendant l'audience et j'ai des cernes de 3 km. Mais je veux absolument aider par la suite et j'aspire à ça", soutient-elle. Puis elle conclut : "Je ne le fais pas pour moi, je le fais pour les autres. Si je le faisais pour moi, je m'écroulerais". La Cour d'assises de la Somme a condamné ce mercredi soir son ancien beau-père à 12 ans de prison ferme avec mandat de dépôt.

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