Près d’un millier de cyberattaques pro-russes détectées en Europe occidentale en un an, selon une étude

S’adressant à Lusa, Bruno Castro, fondateur et PDG de VisionWare, a admis qu’il n’y avait aucune preuve que le piratage informatique pro-russe était parrainé par l’État et que l’implication éventuelle du Kremlin « n’est pas claire ». [SHUTTERSTOCK/JLStock]

L’entreprise portugaise VisionWare a détecté 961 cyberattaques menées par des hackers pro-russes contre des pays et organisations en Europe occidentale entre octobre 2022 et mars 2023, selon un rapport officiel envoyé à Lusa, partenaire d’Euractiv, jeudi (21 septembre).

Le rapport, intitulé « L’action des groupes cybercriminels pro-russes contre les États membres de l’OTAN », se concentre sur les activités cybercriminelles menées par les groupes de hackers KillNet et « NoName057 (16) » et vérifiées par la société portugaise VisionWare.

S’adressant à Lusa, Bruno Castro, fondateur et PDG de VisionWare, a admis qu’il n’y avait aucune preuve que le piratage informatique pro-russe était parrainé par l’État et que l’implication éventuelle du Kremlin « n’est pas claire ».

« Rien ne permet de conclure que ces groupes sont affiliés au Kremlin (ou au GRU, le service central de renseignement, ou au FSB, le service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie). Cependant, on constate une stratégie offensive très bien coordonnée, conforme aux intérêts du gouvernement russe », a-t-il souligné.

Le centre produit des rapports géopolitiques liés aux menaces étudiées, surveille les acteurs à risque, notifie en temps réel toute compromission des données des institutions, produit des rapports d’analyse et d’étude sur les principales menaces et les principaux acteurs, répartis dans le temps et par secteur de risque.

Selon le rapport, un total de 8 347 messages ont été analysés sur Telegram : 6 805 se rapportant à Killnet et 1 542 se rapportant à NoName057 (16).

Au cours de la période analysée, les groupes ont surtout ciblé des secteurs liés au « gouvernement, aux banques et à la défense », avec un total de 371 attaques. Le mois de janvier 2023 a été celui où la fréquence des attaques a été la plus élevée, avec 333 attaques, soit environ 35 % du total.

Le Portugal a été victime de deux attaques KillNet, qui ont touché les portails de l’autorité nationale de santé (DGS) et de la faculté de pharmacie.

Au cours des deux trimestres analysés, 41 % des attaques Killnet ont eu lieu aux États-Unis. Cependant, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, qui ont subi 33,9 % des attaques menées par ce groupe, ainsi que la Pologne, se distinguent parmi les pays les plus ciblés par NoName057 (16).

Au cours de la période analysée, les deux groupes de hackers se sont concentrés sur la Pologne, en particulier, qui a été la cible de 123 attaques.

Interrogé sur l’avenir des groupes de hackers pro-russes, M. Castro a déclaré qu’ils continueraient à réagir à l’actualité en observant les relations de la Russie avec les pays tiers.

« Cette étude, basée sur une analyse détaillée des phénomènes quotidiens que nous surveillons de la part de ces groupes, suggère que les cibles iront au-delà de l’Ukraine. Par exemple, KillNet a revendiqué des attaques par déni de service distribué (DDoS) à grande échelle contre les principaux aéroports américains en octobre 2022. Ces attaques n’ont pas affecté les vols, mais ont perturbé ou retardé les services aéroportuaires », a-t-il déclaré.

« Toutes ces attaques par déni de service causent des dommages financiers et/ou de réputation, qui sont souvent plus importants que nous ne le pensons. Le rapport que nous présentons met en évidence le développement des capacités, des ressources et du pouvoir perturbateur de ces groupes pour attaquer les États et contribuer à la déstabilisation des sociétés », a ajouté M. Castro.

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