BFM Business
Aéronautique

Fausses pièces: CFM confirme que plus d'avions sont concernés

Le fabricant de moteurs indique que des pièces frauduleuses fournies par AOG Technics sont montées sur potentiellement 96 appareils et non pas 68.

L'affaire des fausses pièces d'avion prend encore de l'ampleur. Le constructeur de moteurs CFM International (co-entreprise entre Safran et General Electric) a annoncé ce mercredi que jusqu'à 96 avions de ligne pourraient être mis hors service pour des contrôles car embarquant potentiellement des pièces frauduleuses.

Il y a quelques jours, l'industriel évoquait 68 appareils concernés.

Pour rappel, le fournisseur britannique AOG Technics est soupçonné d'avoir fourni des documents falsifiés de certification accompagnant des pièces à l'origine inconnue pour la maintenance de moteurs vendues à Airbus et Boeing pour des A320 et des 737 NG d'ancienne génération. Il s'agit des moteurs CFM-56 qui ont été produits à 34.000 exemplaires.

Matthew Reeve, avocat de CFM a déclaré ce mercredi qu'AOG Technics s'était engagé dans un "stratagème délibéré, malhonnête et sophistiqué visant à tromper le marché avec des documents falsifiés sur une échelle industrielle", relate l'agence Reuters.

"Stratagème délibéré"

Il a déclaré à la Haute Cour de Londres que 86 "certificats falsifiés" avaient été trouvés et que, lundi, le nombre de moteurs soupçonnés d'intégrer des pièces avec des documents falsifiés était passé à 96.

"Potentiellement, cela signifie qu'entre 48 et 96 avions seront mis hors service pendant que les compagnies aériennes organiseront le retrait des pièces", a-t-il ajouté.

L'agence européenne de sécurité aérienne (EASA) exige que les compagnies aériennes inspectent "leurs archives pour déterminer si des pièces d’appareils ou de moteurs ont été obtenues auprès d’AOG Technics, directement ou indirectement".

Si les certificats sont falsifiés, ces acteurs devront les mettre à l'écart "pour empêcher son installation", a ajouté l’EASA. Et si ces pièces ont été installées, il faudra les remplacer sans délais.

GE, Safran et CFM ont demandé mardi à la Haute Cour de Londres d'ordonner à AOG et à son patron Zamora de divulguer les documents de vente relatifs aux moteurs CF6 et CFM-56 depuis février 2015.

AOG dit coopérer "pleinement" à une enquête menée par l'Autorité de l'aviation civile britannique "sur la fourniture d'un grand nombre de pièces suspectes non approuvées" par l'intermédiaire d'AOG mais refuse de transmettre ces documents.

Des problèmes également pour des moteurs Pratt & Whitney

Cette affaire qui fait trembler l'industrie aéronautique mondiale pour qui la sécurité est la priorité absolue va avoir des conséquences importantes sur la disponibilité en avions.

D'autant plus qu'une autre affaire va encore réduire le nombre d'avions en circulation dans le monde. Le motoriste Pratt & Whitney a confirmé un rare problème de fabrication touchant l'Airbus A320neo.

Ce problème entraînant un risque d’usure précoce va entraîner de nombreuses et longues opérations d'inspection voire de maintenance par les compagnies.

Concrètement, RTX (la maison mère de Pratt & Whitney) a déclaré qu'il devrait retirer 600 à 700 de ses moteurs Pratt & Whitney Geared Turbofan (GTF) des Airbus A320neo pour des inspections de qualité au cours des trois prochaines années.

Ces inspections devraient donc s'étaler entre 2023 et 2026 et entraîner l'immobilisation de 350 avions par an en moyenne jusqu’en 2026, et même jusqu’à 650 avions au cours du premier semestre 2024, estime RTX.

Si cette inspection entraîne une réparation, cette dernière pourrait durer 300 jours par moteur, estime l'entreprise qui a dû provisionner une perte de 3 milliards de dollars au troisième trimestre en raison de ces problèmes.

Olivier Chicheportiche avec Reuters