En dépit des dispositions du code pénal tchadien réprimant les mutilations génitales féminines, des campagnes de sensibilisation et ateliers de formation sur les mutilations génitales féminines, la pratique de l’excision a gagné le terrain dans tous les quartiers de la commune de Koumra.

Depuis quelques jours, la ville de Koumra vit au rythme des sons des tam-tam et balafons qui accompagnent la danse des excisées. Par colonne, les excisées passent devant les résidences et institutions pour aller dans tel ou tel quartier livrer le spectacle chaque matin et soir.

Quelques marraines rencontrées livrent leurs impressions : “J’ai cinq garçons qui attendent d’être initiés. Il faudrait que leurs sœurs soient excisées afin de s’occuper de leur alimentation le moment venu”, avance une maman des excisées. D’autres mettent en avant l’identité de la femme Sara. “Une fille Sara intégre doit aller à l’excision pour bien gérer son foyer“, commente une autre marraine.

Un cadre à la délégation de la femme qui a requis l’anonymat affirme que dépassée par l’ampleur de cette pratique, une équipe de son institution a rencontré les autorités administratives pour échanger sur le sujet. Mais l’administration a affirmé que la grève des magistrats n’a pas favorisé la poursuite et l’arrestation des personnes impliquées dans cette pratique.  Certaines exciseuses appréhendées sont remises en liberté après expiration du délai de la garde à vue, explique-t-il.

Quant aux chefs traditionnels, l’excision fait partie intégrante de la tradition Sara; alors ils ne peuvent pas s’en passer.

Alex Loubadjo Djassibaye, correspondant à Koumra