C’est un “procès très attendu” dont l’issue pourrait “changer la manière dont les Américains font leurs courses”, résume le New York Times. Après des années d’enquêtes, et de tensions entre les pouvoirs politiques et Amazon, l’autorité américaine de la concurrence (FTC) et 17 États ont porté plainte mardi 26 septembre contre le géant des technologies, l’accusant de “maintenir illégalement son monopole” grâce à des “stratégies anticoncurrentielles et déloyales”.

Ces poursuites judiciaires représentent “l’attaque la plus importante du gouvernement américain” à l’encontre d’un des géants de la tech, estime Politico. L’agence fédérale accuse notamment Amazon de dissuader les vendeurs de proposer des prix inférieurs aux siens sur les produits où le groupe de Seattle est en concurrence avec les détaillants. L’autorité reproche aussi au géant américain de conditionner l’éligibilité des commerçants à “Prime” (abonnement qui permet aux consommateurs de se faire livrer rapidement) à l’utilisation des services de logistique “coûteux” d’Amazon.

“Des frais, des exigences et des incitations qui permettent” au géant de l’e-commerce de “collecter un dollar sur deux gagnés par un vendeur sur la plateforme”, analyse le Washington Post. Ces coûts “sont ensuite répercutés sur les acheteurs”, remarque le quotidien américain.

“Amazon exploite le pouvoir qu’elle tire de son monopole pour s’enrichir, tout en faisant monter les prix et en dégradant le service pour les dizaines de millions de familles américaines qui font leurs achats sur sa plateforme et les centaines de milliers d’entreprises qui dépendent d’Amazon” pour commercialiser leurs produits, a asséné mardi la présidente de la FTC, Lina Khan, citée dans le communiqué.

“Des changements structurels” plutôt qu’un “démantèlement”

John Kirkwood, professeur de droit à l’université de Seattle ; a expliqué au Seattle Times que la FTC ne cherchait pas à “démanteler complètement le marché d’Amazon mais plutôt à mettre un terme à certaines pratiques”. La FTC a précisé mardi que “les mesures correctives pourraient inclure des changements structurels dans l’entreprise, mais elle ne précise pas de quoi il pourrait s’agir”, remarque le Washington Post.

L’affaire pourrait en tout cas “prendre des années avant d’être traitée par le système judiciaire et avant que les consommateurs ne remarquent des changements sur le marché”, prévient John Kirkwood.

“Critique de longue date d’Amazon”, la présidente de la FTC, Lina Khan a jusqu’ici eu “du mal à convaincre les tribunaux de ses opinions antitrust”, rappelle de son côté le Wall Street Journal. “Ayant déjà perdu des procès contre Microsoft et Meta Platforms, elle et son agence sont désormais confrontées à un test crucial face à Amazon”, conclut le quotidien financier.