Drancy : une ado de 14 ans séquestrée durant six jours dans la cave du pavillon familial

La victime serait parvenue à alerter un passant, qui a prévenu la police. Placés en garde à vue, ses parents et son frère auraient reconnu l’avoir cloîtrée après avoir appris qu’elle entretenait une relation amoureuse avec un homme de 23 ans.

Drancy, le 26 septembre 2023. C'est dans la cave de cette maison qu'une adolescente de 14 ans dit avoir été séquestrée par sa famille durant six jours. LP/A.A.
Drancy, le 26 septembre 2023. C'est dans la cave de cette maison qu'une adolescente de 14 ans dit avoir été séquestrée par sa famille durant six jours. LP/A.A.

    Depuis le trottoir, un petit carreau brisé de la porte d’entrée laisse entrevoir des affaires en fouillis et un escalier en bois qui conduit à l’étage, sous un toit en tuiles. Les volets sont fermés, la façade craquelée. Face à cette maison tristement banale s’élance la rue de la Liberté, où se trouve le collège du même nom. Une voie bien mal nommée au regard des faits qui se sont déroulés ces derniers jours derrière ces murs.

    En se rendant ce lundi soir dans ce pavillon du quartier de la Mare à Drancy, à la frontière avec la commune de Bobigny, les policiers du commissariat local ont pu constater qu’un second escalier permettait d’accéder à une cave. Cave où une adolescente de 14 ans était séquestrée par sa famille proche depuis près d’une semaine.

    Contrainte de dormir sur une couverture posée au sol et de faire ses besoins dans un seau

    Tous les voisins interrogés ce mardi assurent ne rien avoir remarqué, ni l’absence de la jeune fille ni l’intervention des forces de l’ordre. « Non, je n’ai rien vu », lâche l’un d’eux, méfiant, avant de tourner les talons. Contacté ce mardi, le parquet de Bobigny indique qu’une enquête a été ouverte pour des faits de séquestration sur une mineure de moins de 15 ans. Elle a été confiée au commissariat de Drancy.

    La victime est une lycéenne qui a fait sa rentrée au début du mois au Campus de Drancy, une entité qui regroupe les lycées Paul-Le-Rolland et Eugène-Delacroix. Retenue contre son gré au sous-sol de son domicile, elle serait parvenue à alerter un passant, lequel aurait ensuite contacté le 17, ce qui a permis aux policiers de la retrouver.

    Elle leur a alors confié qu’elle était contrainte de dormir sur une couverture posée au sol et de faire ses besoins dans un seau. Elle dit ne plus avoir eu accès à la salle de bains depuis le mercredi 20 septembre. Éprouvée psychologiquement par ces actes de maltraitance, elle ne présentait pas de traces de blessures et n’aurait pas subi de violences physiques.

    La garde à vue des parents et du frère a été prolongée ce mercredi

    Selon les premiers éléments de l’enquête, les parents et le frère de l’adolescente auraient admis l’avoir cloîtrée pour la punir, après avoir appris qu’elle entretenait une relation amoureuse avec un homme de près de dix ans son aîné. Ces trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue au commissariat de Drancy. Leur garde à vue a été prolongée ce mercredi afin d’établir les circonstances et les motivations exactes de cette séquestration.

    L’adolescente, elle, a fait l’objet d’une ordonnance de placement provisoire. Cette mesure de protection, d’ordinaire du ressort d’un juge des enfants, a été prise par le procureur de la République en raison de l’urgence de la situation.