« Et un, et deux, et Troisième Reich » : le calvaire de Jérémy, victime d’antisémitisme à l’école

Après une soirée d’intégration ponctuée de chants nazis, la vie de cet étudiant juif à Sciences-po Strasbourg a basculé. Harcelé par une petite bande, il a sombré dans le déni et le repli sur soi avant de refaire surface.

Dans les couloirs de Sciences-po Strasbourg. Jérémy était « le juif », désigné comme tel par la petite bande de six étudiants qui le harcèle à coups de chants, de stéréotypes, de blagues sur Hitler ou Goebbels. (Illustration.) REA/Frédéric Maigrot
Dans les couloirs de Sciences-po Strasbourg. Jérémy était « le juif », désigné comme tel par la petite bande de six étudiants qui le harcèle à coups de chants, de stéréotypes, de blagues sur Hitler ou Goebbels. (Illustration.) REA/Frédéric Maigrot

    C’était il y a cinq ans, mais certains de ses silences conjuguent encore son « cauchemar » au présent. Jérémy (le prénom a été changé), 23 ans, est pourtant loin de tout cela. Mentalement, il va bien, et physiquement : il a démarré cette semaine un master dans une université asiatique, à 10 000 km de son ancien campus alsacien.

    Il se souvient parfaitement de cette fin d’après-midi d’octobre 2018, quand des chants nazis ont surgi dans l’ambiance passablement alcoolisée du week-end d’intégration des première année de Sciences-po Strasbourg, organisé par le bureau des sports (BDS).