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Alain Soral condamné à la prison ferme

L’idéologue d’extrême droite est condamné à 60 jours de prison ferme. En appel, les juges ont estimé qu'il devait être condamné pour discrimination et incitation à la haine

Alain Soral à Lausanne, 27 septembre 2023. — © LAURENT GILLIERON / keystone-sda.ch
Alain Soral à Lausanne, 27 septembre 2023. — © LAURENT GILLIERON / keystone-sda.ch

Le Tribunal cantonal vaudois envoie Alain Soral en prison. Il a estimé que l’idéologue d’extrême droite, en traitant une journaliste de «grosse lesbienne», devait être condamné pour discrimination et incitation à la haine.

En première instance, Alain Soral n’avait été condamné que pour diffamation, s’en sortant avec des jours-amende. Le Ministère public vaudois a toutefois fait recours et obtenu gain de cause à l’issue du procès en appel, tenu la semaine dernière.

La peine prononcée par le Tribunal cantonal, contre laquelle le polémiste peut faire recours au Tribunal fédéral, se monte à 60 jours de prison ferme, a indiqué lundi le porte-parole du Parquet vaudois, Vincent Derouand.

Alain Soral était jugé à la suite d’une vidéo dans laquelle il attaquait une journaliste de La Tribune de Genève et 24 heures, en riposte à un article qu’il estimait à charge. Dans cette vidéo publiée sur le site internet de son association Egalité et Réconciliation, le Franco-Suisse traitait la journaliste de «grosse lesbienne» et «militante queer», insinuant que ce dernier terme voulait dire «désaxé». Celle-ci avait déposé une plainte pénale en septembre 2021.

Une logique pénale

Pour le Ministère public, ces propos ne relèvent pas seulement de la diffamation. «Ce ne sont pas que des mots, ce sont des messages. Alain Soral a de la haine et du mépris pour les homosexuels», avait martelé le procureur général Eric Kaltenrieder.

Le nouveau chef du Parquet vaudois, dont c’était le premier réquisitoire, avait demandé trois mois de prison ferme dans une «logique pénale» pour «dissuader le prévenu de récidiver», lui qui a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions de provocation à la haine, diffamation et injure antisémite.

Eric Kaltenrieder s’est aussi appuyé sur la nouvelle disposition du Code pénal, approuvée par le peuple en février 2020. Elle permet de sanctionner la propagation de la haine ainsi que les appels à la discrimination ou à la violence fondés sur l’orientation sexuelle, à l’instar des discriminations visant l’ethnie, la religion ou l’origine.

La défense: il ne s’agissait que de «propos un peu virulents»

De son côté, Alain Soral a reconnu des «propos un peu virulents», mais affirmé qu’il n’était pas «un militant homophobe, comme voudrait le faire croire le Ministère public.» Son avocat, Pascal Junod, a dénoncé «un procès d’inquisition assez épouvantable». Et d’affirmer: «C’est l’homme que l’on veut juger et non pas ses quelques mots d’une réaction à chaud, soit une réponse du berger à la bergère.»

Ni le Ministère public vaudois ni l’avocat d’Alain Soral n’étaient disponibles, lundi matin, pour une réaction à ce jugement.

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