Anton Wilhelm Amo (1703-1753), philosophe noir des Lumières

Dessin représentant Anton Wilhelm Amo (1703-1753) - Wikimedia Commons - Domaine public
Dessin représentant Anton Wilhelm Amo (1703-1753) - Wikimedia Commons - Domaine public
Dessin représentant Anton Wilhelm Amo (1703-1753) - Wikimedia Commons - Domaine public
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Né au Ghana, Amo est arraché à sa terre natale, mis en esclavage et offert à une famille noble allemande. Contre toute attente, il reçoit une éducation d’élite et devient le premier Africain diplômé en Europe et professeur de philosophie.

Avec
  • Jean-Michel Deveau Historien spécialiste de l’esclavage, Professeur émérite des Universités
  • Aurélien Gabory Responsable de collection au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac et du Pavillon des sessions du musée du Louvre
  • Marian Füssel Historien, Professeur à l'université de Göttingen en Allemagne
  • Daniel Dauvois Professeur de philosophie au Lycée Lakanal de Sceaux
  • Driss Gharmoul Chercheur en philosophie
  • Sarah Ligner Conservatrice au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, en charge de la collection Unité patrimoniale mondialisation historique et contemporaine

Anton Wilhelm Amo, philosophe allemand du XVIIIème siècle, est un des penseurs des Lumières, s'inscrivant dans le mouvement impulsé en France par Diderot ou Voltaire. Son apport réside d’abord dans l’affirmation que le corps constitue le récepteur des sensations et non l’âme. Il pose également logique et éthique comme deux fondamentaux pour bien philosopher. Sa première originalité est d'être originaire de la Côte de l'Or, l’actuel Ghana. Le contexte est celui du commerce de l’or et des esclaves, principalement de la part des pays européens. Enfant, enlevé à sa famille, arraché à sa terre natale et mis en esclavage par la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, Amo est offert au duc et prince de Brunswick-Wolfenbüttel, une des entités du Saint-Empire romain germanique, future Allemagne. Celui-ci lui donne pour prénoms le sien et celui de son fils aîné, Anton et Wilhelm, et décide de lui donner la meilleure des éducations plutôt que d'en faire un serviteur.

Illustration représentant Anton Wilhelm Amo, le premier Africain à entrer dans une université européenne et à y être diplômé
Illustration représentant Anton Wilhelm Amo, le premier Africain à entrer dans une université européenne et à y être diplômé
- Youtube

Amo devient le premier Africain à entrer dans une université européenne et à y être diplômé. Il parle l'allemand, le flamand, le français, le latin, le grec et l'hébreu, apprend le Droit, la Médecine et la Philosophie. Ses mémoire et thèse sont signées Amo Afer, "qui vient d'Afrique". Il devient professeur, enseigne dans les universités de Halle, Iéna, Wittenberg et obtient une chaire de Philosophie. Noir de peau, la qualité de son travail, s'appuyant sur la logique et le rationalisme, lui permet de dépasser dans une certaine mesure les préjugés raciaux. Amo ne se préoccupe guère des considérations anthropologiques, ethniques et culturalistes, si prisées à son époque. Il préfère développer une pensée universelle et intemporelle.

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Mais Amo est bientôt contraint de quitter l'Europe pour retourner à sa terre d’origine. Malgré une brillante carrière, il ne réussit pas à se marier. Et peu à peu, ses mécènes familiaux et protecteurs universitaires décèdent. Un contexte guerrier entre différentes puissances européennes entraîne-t-il un changement d'atmosphère à son égard ? N'y aurait-il plus de place pour un savant noir, sa réflexion sur l’esclavage et son universalisme ? Est-il rattrapé par les préjugés de son siècle, auxquels il avait réussi à échapper un temps ? En tout cas, le philosophe rejoint la Côte de l'Or et y finit les dernières années de sa vie. Que fait-il sur cette terre presque inconnue de lui ? Il vit dans un des nombreux forts édifiés sur les côtes du Ghana par les Européens. On le dit orfèvre, ermite, sage, sorcier.

Près de 300 ans après sa mort, quelles traces nous reste-il d'Amo et qu'a-t-il encore à nous dire et à nous apprendre ?

Plaque commémorative à l'Université de Halle (Saxe, Allemagne) où enseigna Anton Wilhelm Amo
Plaque commémorative à l'Université de Halle (Saxe, Allemagne) où enseigna Anton Wilhelm Amo
- Wikimedia Commons - CC BY-SA 4.0 - Photo de Martin Beitz

Archives Ina

  • Afrique : Ouidah : allers et retours, dans Sur les docks (France Culture, 2020)
  • L’or : l’or du Ghana, les routes de l’or, les mines du Mali, Magazine Air Afrique (RFI, 1984)

Lecture de textes

  • Par Sarah Ligner : Louis-Marie-Joseph Degrandpré, Voyage à la côte occidentale d’Afrique, fait dans les années 1786 et 1787 (Dentu, 1800/1801, deux volumes)
  • Par Jean-Michel Deveau : Nicolas Villault de Bellefond, Relation des costes d'Afrique appellées Guinée, 1666-1667 (Denys Thierry, 1669)
Le siège de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales à Amsterdam en 1655.
Le siège de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales à Amsterdam en 1655.
- Wikimedia Commons - Domaine public

Bibliographie sélective

Plaque commémorative à l'Université de Wittenberg (Allemagne)
Plaque commémorative à l'Université de Wittenberg (Allemagne)
- Wikimedia Commons - CC BY-SA 4.0 - Photographie de Stephen Dickson

Musique

Passacaille en Ut mineur BWV 582, arrangements pour consort de violes de Jean-Sébastien Bach par l'Ensemble instrumental Fretwork - Gongs Ga et solo de calebasses Fra Fra par Mustapha Tettey Addy - Fante Aera Moses par l'Orchestre Twerrampon Traditionals sous la direction de Kwamena Prah - Suite n° 4 en Ré mineur HWV 437 3 Courante, de Haendel, arrangement pour trio de marimbas par le trio SR9 - Marche du Régiment von der Marwitz et Marche des Grenadiers du Bataillon de la Garde des Grenadiers par le Heeresmusikkorps 400, Orchestre d'État Major de l'Armée Allemande, sous la direction de Volker Wörrlein - Prélude et Fugue en Sol Majeur BWV 885 de J-S. Bach, arrangement pour Consort de violes par l'Ensemble instrumental Fretwork - Don Juan Allegretto de Christoph Willibald von Gluck par l'Orchestre Baroque Anglais sous la direction de John Eliot Gardiner - Suite française n°5 en Sol  Majeur BWV 816 7, Gigue, de J-S. Bach, arrangement pour trio de marimbas par le trio SR9 - Mmenson et Wia Concerto n° 1 First Movement in Four Parts de Abiam Nana Danso par The Pan African Orchestra - Mabo Maboe (traditionnel) / Suite en Mi Bémol Majeur BWV 1010 Gigue de J-S. Bach par Hugues de Courson - Choral BWV 686 Aus tiefer Not schrei ich zu dir, arrangement pour Consort de violes de J-S. Bach / arrangeur Leopold Stokowski par l'Ensemble instrumental Fretwork - Eplorations EWE 6/8 Rhythms de Abiam Nana Danso par The Pan African Orchestra - Camel Walk de et par Aja Addy - Sisala Sibrew de Abiam Nana Danso par The Pan African Orchestra.

Générique

Un documentaire de Philippe Roizès, réalisé par Yaël Mandelbaum. Prises de son, Johanna Gabric et Stephane Beaufils. Mixage, Amandine Frichou. Documentation Ina, Arnaud Plançon. Coordination Anaïs Kien et Christine Bernard. Attachée de production et page web, Sylvia Favre-Steyaert.

L'équipe