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Une amende infligée pour abandon de débris dans l’espace, une première

L’accumulation des débris en orbite est d’autant plus préoccupante que, quelle que soit leur taille, ils peuvent infliger de sévères dégâts, y compris à des engins spatiaux habités tels que la Station spatiale internationale.

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Publié le 03 octobre 2023 à 15h21, modifié le 22 avril 2024 à 11h52

Temps de Lecture 3 min.

Vue de la Station Spatiale Internationale, le 1er septembre  2021.

La Commission américaine des communications (FCC) a infligé, lundi 2 octobre, une amende de 150 000 dollars (environ 143 000 euros) à Dish Network pour avoir abandonné l’épave d’un satellite sur une orbite jugée dangereuse. Jamais une entreprise du secteur spatial n’avait été mise à l’index pour de tels faits.

EchoStar-7, l’objet du délit, a été placé en orbite géostationnaire (à 36 000 kilomètres d’altitude) en 2002. Dix ans plus tard, dans le cadre d’un plan de lutte contre la pollution spatiale, Dish Network a accepté que le satellite de télédiffusion haute résolution, une fois hors service, soit propulsé 300 kilomètres plus haut, où le risque de collision avec d’autres engins spatiaux toujours actifs est moins élevé, mais la firme a réalisé l’année dernière que ses réserves de carburant étaient insuffisantes pour atteindre cette « orbite cimetière ». EchoStar-7 n’a pu s’élever que de 122 kilomètres au-dessus de sa trajectoire opérationnelle, ce qui a justifié la sanction infligée par la FCC.

« C’est une première dans l’application de la législation sur les débris spatiaux », souligne l’agence indépendante dans le communiqué annonçant sa décision. « Alors que l’exploitation des satellites se généralise et que l’économie spatiale s’accélère, nous devons nous assurer que les exploitants respectent leurs engagements. Il s’agit d’une avancée importante, qui montre clairement que la FCC dispose de l’autorité et des moyens nécessaires pour veiller au respect de ses règles vitales sur les débris spatiaux », ajoute-t-elle.

Dish Network, qui a accepté de s’acquitter de l’amende dans le cadre d’un règlement à l’amiable, a assuré « prendre ses responsabilités au sérieux en tant que titulaire d’une licence de la FCC ».

Depuis le début de l’ère spatiale, qui s’est ouverte en 1957 avec Spoutnik-1, près de 16 000 satellites ont été lancés. A ce jour, 10 590 sont toujours dans l’espace, et un peu moins de 2 000 sont hors service, selon l’Agence spatiale européenne (ESA). Avec le développement de Starlink ou de Kuiper, les constellations de satellites de SpaceX et d’Amazon, leur nombre pourrait atteindre 40 000 à l’horizon 2030, ce qui démultipliera les risques de collision - à elle seule, Starlink doit compter à terme pas moins de 42 000 satellites.

L’ESA a d’ores et déjà dénombré 640 cas de « ruptures, d’explosions, de collisions ou d’événements anormaux ayant entraîné une fragmentation ». Quant aux débris, elle en a recensé 36 000 de plus de 10 centimètres, dont 5 000 sont des satellites inactifs. Les plus petits objets, inférieurs au centimètre voire au millimètre, sont quant à eux estimés à 130 millions.

« Les portes de l’espace pourraient bien se fermer »

« Les explosions en orbite sont le plus grand contributeur actuel au problème des débris spatiaux ; elles sont causées par des restes de carburant et de batteries à bord des satellites ou des lanceurs. Malgré les mesures mises en place depuis des années pour empêcher ces explosions, nous ne constatons aucun ralentissement de la fréquence de ces événements. La tendance à prendre des dispositions pour désorbiter les engins spatiaux en fin de mission s’améliore, mais lentement », explique Holger Krag, chef du programme de sécurité spatiale de l’ESA sur le site de l’agence.

L’accumulation des débris en orbite est d’autant plus préoccupante que, quelle que soit leur taille, ils peuvent infliger de sévères dégâts, y compris à des engins spatiaux habités tels que la Station spatiale internationale (ISS).

L’orbite basse, entre 700 kilomètres et 1 100 kilomètres, est devenue « une zone pourrie où rien ne va plus », expliquait en décembre dernier Christophe Bonnal, président du comité débris orbitaux de l’Académie internationale d’astronautique, interrogé par Le Monde. Un objet en aluminium d’un millimètre de rayon, « c’est l’équivalent d’une boule de bowling lancée à 100 kilomètres-heure. A un centimètre, c’est une Renault Laguna roulant à 130 kilomètres-heure et, à 10 centimètres, c’est une charge de 240 kilos de TNT, d’où l’importance de surveiller en permanence leur évolution », ajoutait-il. Au Centre national d’études spatiales (CNES), la douzaine de personnes chargées de la surveillance de près de 200 satellites a enregistré trois millions d’alertes, soit une toutes les quinze secondes, mais n’a procédé qu’à une vingtaine de manœuvres d’évitement.

L’ISS, qui se déplace à 28 000 kilomètres-heure sur une orbite située entre 350 et 400 kilomètres, est particulièrement exposée au risque de collision. Lorsqu’un tel risque est repéré suffisamment tôt, l’orbite peut être légèrement modifiée, mais, quand le temps manque, l’équipage doit se préparer à un départ d’urgence, ce qui se produit à peu près une fois par an, d’après Christophe Bonnal. Les capsules à bord desquelles l’équipage gagne la station ne sont pas non plus à l’abri. En avril 2021, Thomas Pesquet et les trois astronautes qui s’y rendaient à bord d’un vaisseau Crew Dragon ont reçu l’ordre de remettre leurs scaphandres et de regagner leur siège en raison d’un risque de collision avec un objet « inconnu ». Le débris en question est finalement passé à 45 kilomètres de la capsule, selon la NASA.

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« Si rien n’est fait, avertit le Centre national d’études spatiales (CNES), les portes de l’espace, trop encombré, pourraient bien se fermer et rendre tout voyage hors de la Terre impossible ».

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