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Ottawa étudie la possibilité de dévoiler les noms d’anciens nazis installés au Canada

Un monument ukrainien.

Plusieurs monuments en l'honneur de la division Galicie, une division SS, se trouvent au cimetière ukrainien Saint-Volodymyr, situé à Oakville, en Ontario.

Photo : Wikicommons

Radio-Canada

De hauts fonctionnaires s’affairent à examiner le rapport de la commission Deschênes – une enquête indépendante lancée dans les années 1980 pour faire la lumière sur les criminels de guerre nazis présumés qui ont trouvé refuge au Canada – pour rendre certains détails publics, a déclaré mercredi Justin Trudeau.

Formée sous l’administration de Brian Mulroney, la commission Deschênes a publié son rapport final en 1986. Le document contient deux parties.

La première, entièrement publique, conclut que de présumés criminels de guerre nazis sont bel et bien au Canada et énumère des recommandations pour faciliter leur extradition. La seconde, restée confidentielle, identifie un certain nombre d’individus et les allégations auxquelles ils font face.

Des groupes de la communauté juive – notamment B'nai Brith et les Amis du Centre Simon Wiesenthal – demandent que cette deuxième partie soit rendue publique pour que les Canadiens puissent en apprendre davantage sur l’arrivée d’un nombre inconnu de collaborateurs nazis au pays après la Seconde Guerre mondiale.

Yaroslav Hunka assis à la Chambre des communes.

Yaroslav Hunka (à droite), un ancien membre de la 14e division Waffen Grenadier de la SS, a été invité à la Chambre des communes le vendredi 22 septembre, créant une polémique internationale.

Photo : La Presse canadienne / Patrick Doyle

Rideau Hall a aussi décoré un ex-nazi

La divulgation de ces informations revêt une importance nouvelle, selon eux, à la suite de l’hommage rendu par la Chambre des communes à un ancien membre d’une unité Waffen-SS lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky au Canada, le 22 septembre dernier.

Cet impair commis par l’ex-président de la Chambre, Anthony Rota, qui ignorait le passé nazi de l’ancien combattant ukrainien Yaroslav Hunka, a relancé le débat sur la présence d’anciens nazis qui ont trouvé refuge au Canada où ils se sont refait une vie après la guerre.

Or, il n’y a pas qu’Anthony Rota qui a eu la surprise de découvrir le passé nazi d’un citoyen qu’il désirait honorer. Rideau Hall a présenté des excuses mercredi pour avoir remis l’Ordre du Canada, en 1987, à Peter Savaryn, un ancien chancelier de l’Université de l’Alberta qui a combattu dans la même unité SS que Yaroslav Hunka.

Le bureau de la gouverneure générale se penche également sur l’attribution des médailles du Jubilé d’or et de diamant à Peter Savaryn, qui a aussi présidé le Congrès mondial des Ukrainiens, une organisation qui représente la diaspora du pays.

Pressé de se pencher sur la présence d'anciens nazis au pays à la suite de ces bourdes gênantes, dont la plus récente a fait les manchettes du monde entier, le premier ministre Justin Trudeau a assuré mercredi que des fonctionnaires s’affairent à fouiller très attentivement les archives et que son gouvernement allait bientôt faire des recommandations.

Selon le Centre Simon Wiesenthal, au moins 2000 soldats nazis ukrainiens qui s’étaient constitués prisonniers auprès des forces britanniques ont été admis au Canada au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à la demande de Londres. La commission Deschênes estimait pour sa part que ce chiffre était probablement inférieur.

« L’histoire, c’est l’histoire » : les conservateurs divisés

Sur les bancs de l’opposition conservatrice, la publication de la deuxième partie du rapport Deschênes, qui identifie des individus au passé nazi et les allégations auxquelles ils font face, ne fait pas l’unanimité au sein du caucus.

D’un côté de la table, des députés comme Melissa Lantsman, cheffe adjointe du Parti conservateur du Canada, estiment que l’histoire c’est l’histoire et qu’il faut informer les Canadiens sur les aspects les plus sombres du Canada qui a laissé des nazis s’installer et vivre en paix en toute impunité sur son territoire.

Dans une interview accordée à CBC News, M. Lantsman, qui représente la circonscription de Thornhill, dans la région de Toronto, a déclaré que son parti était favorable à un réexamen du rapport Deschenes et de ses conclusions.

Je pense que les victimes du régime nazi, les victimes de l'Holocauste – juives, polonaises – méritent des réponses. Nous avons un passé à assumer et il est temps de l'examiner très sérieusement.

Une citation de Melissa Lantsman, cheffe adjointe du Parti conservateur du Canada

Passé douloureux

Interrogée sur le fait qu'il pourrait être trop douloureux pour certaines communautés de revenir sur les crimes présumés commis pendant la Seconde Guerre mondiale, Mme Lantsman a répondu que l'histoire est douloureuse, mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas y faire face.

Un avis que ne partagent pas tous les membres du caucus conservateur, notamment le député québécois Gérard Deltell, qui hésite à rouvrir ce douloureux chapitre de l’histoire.

Je ne pense pas que ce soit l'occasion de le revoir [le rapport Deschênes]. Pour l'instant, je ne pense pas que ce soit le moment de tout revoir. L'histoire est l'histoire.

Une citation de Gérard Deltell, député conservateur de Louis-Saint-Laurent

Fils d’un vétéran canadien gravement blessé lors de la Seconde Guerre mondiale, M. Deltell a expliqué avoir très mal vécu la célébration de Yaroslav Hunka par le Parlement.

Je ne peux pas imaginer quelle aurait été sa réaction si son fils avait ovationné un nazi, a-t-il ajouté en évoquant la mémoire de son défunt père, qui a vécu toute sa vie avec des éclats d'obus allemands qui s’étaient logés dans sa tête.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, se dit pour sa part favorable à la publication de la deuxième partie du rapport de la commission Deschênes. Nous avons absolument besoin de plus de transparence, a déclaré M. Singh à CBC News.

La cheffe parlementaire du Parti vert, Elizabeth May, a quant à elle déclaré qu'il était incontestablement très tard pour publier ces documents vieux de plusieurs décennies, mais qu'il fallait le faire.

Les excuses ne suffisent pas. Nous devons expier l'histoire du Canada qui a permis aux nazis de vivre ici, a déclaré Mme May.

Avec les informations de CBC News.

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