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L’appel de 1 200 soignants : « Nous n’avons pas choisi ce métier pour vous faire subir cette violence et être maltraitants »

Plus d’un millier d’aides-soignants, infirmiers, de sages-femmes ou médecins hospitaliers dénoncent, dans une tribune au « Monde », les « dilemmes éthiques intenables » auxquels ils sont confrontés faute de lits et de personnel, et appellent les députés à voter la proposition de loi garantissant un nombre maximal de patients par soignant.

Publié le 05 octobre 2023 à 05h45, modifié le 05 octobre 2023 à 16h20 Temps de Lecture 5 min.

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Nous ne vous écrivons pas pour obtenir votre sympathie ni votre empathie. Vous avez, maintes fois, entendu parler des conditions difficiles dans lesquelles nous faisons notre travail, vous nous avez applaudis pendant la crise due au Covid-19, parfois accompagnés en manifestation, et nous vous remercions pour votre soutien.

Nous vous écrivons, aujourd’hui, pour vous alerter du danger auquel vous êtes exposés : dorénavant, nous, soignants, sommes contraints en toutes circonstances de trier les patients, de vous trier. Pis : parfois, nous n’arrivons même plus à vous prioriser par ordre de gravité.

Nous vous trions quand vous faites le 15. C’était normal quand le 15 était un numéro d’urgence permettant une prise en charge rapide des situations vitales (arrêt cardiaque, accident vasculaire cérébral…). Mais si vous avez déjà attendu de longues minutes angoissantes pour vous ou l’un de vos proches, et insisté, sans succès, pour accéder aux urgences de votre ville, vous le savez, le 15 est devenu maintenant l’outil de triage pour accéder aux urgences. Le temps d’attente a de ce fait dramatiquement augmenté.

Cela met en danger ceux d’entre vous qui ont besoin d’une prise en charge immédiate. Dans certaines zones, comme en Vendée cet été, c’est pire. Vous arrivez avec une ou plusieurs heures de retard par rapport à ce qui est considéré comme acceptable pour une urgence cardiaque. Il est probable que bon nombre d’entre vous ne soient même plus pris en charge.

Si vous arrivez malgré tout à accéder à un service d’urgences – s’il n’est pas fermé, comme ce fut le cas dans 163 villes de France, au moins ponctuellement, cet été –, nous ne sommes plus en nombre suffisant pour prendre correctement en charge votre problème médical et répondre à vos questions. Dans un grand hôpital de France – nous n’avons pas le droit de donner de nom –, il manque aux urgences encore ouvertes trente infirmières sur un effectif théorique de soixante-cinq. Nous nous épuisons. Mais nous ne vous le disons pas. Parce que le pire est pour vous.

Nous espérons en silence

Nous ne vous disons pas non plus qu’il n’y a pas assez de lits dans notre hôpital. Près de 80 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés entre 2003 et 2019 par volonté politique de promouvoir les soins de moins de vingt-quatre heures. Et actuellement, en raison de la démission du personnel, il y a dans certains hôpitaux de France jusqu’à 30 % de lits fermés, parfois des services entiers.

Dès votre arrivée, si vous avez besoin de rester à l’hôpital, nous savons qu’il sera très difficile de trouver un service pour vous accueillir. Pour éviter que vous finissiez sur un brancard dans un couloir, nous allons être obnubilés par l’idée de vous faire retourner chez vous et ce, dans certains endroits, qu’il fasse jour ou nuit, que vous viviez seul ou non, que vous soyez un enfant ou une personne âgée. Cela nous rend désagréables, parce que nous sommes confrontés à des dilemmes éthiques intenables et n’avons pas choisi ce métier pour vous faire subir cette violence, pour être maltraitants.

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