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Police-Justice

"Je dormais avec un couteau sous l'oreiller": Fabien Azoulay raconte ses quatre ans de calvaire dans une prison turque

Après quatre années de détention en Turquie, l'homme a finalement retrouvé la liberté en novembre 2021, peu après son rapatriement en France. Il raconte son calvaire sur BFMTV.

"Ça vous marque à jamais une telle expérience." C'est en 2017 à Istanbul que le franco-américain Fabien Azoulay était interpellé en possession de GBL, un solvant classé comme "stupéfiant" et interdit dans ce pays mais répertorié en France seulement comme "substance vénéneuse".

S'en suit alors un voyage au sein des méandres judiciaires turcs, à l’issue duquel l'homme alors âgé de 39 ans est condamné à 20 ans de prison, allégés à 16 ans et huit mois, pour "détention de stupéfiants."

"La peur est permanente"

Aujourd'hui libre après avoir passé quatre années de prison en Turquie, Fabien Azoulay raconte son parcours dans un livre nomme Istanbul, dernier arrêt, sorti ce mercredi aux éditions Stock.

"J'ai essayé d'exorciser le mal en écrivant, c'était thérapeutique, je poussais mes émotions sur papier, ça m'aidait à tenir au jour le jour", se rappelle-t-il sur le plateau de BMTV ce vendredi.

Sur notre antenne, celui qui est désormais âgé de 43 ans se souvient de l'instant où il apprend sa peine. "C’était tellement incroyable que je me suis dit: 'Ça va s'arrêter, ce n'est pas possible.' Et en fait les jours passent, les semaines, les mois, et rien n'avance", dit-il.

Homosexuel et de confession juive, les premières semaines de prison se passent extrêmement mal pour Fabien Azoulay. "C'est comme si le temps s'arrêtait. Chaque minute devient une heure, une heure devient une semaine, c'est inconcevable on n'arrive pas", se remémore-t-il.

"Je n'étais pas habitué à ce genre de scénarios, confronté à des violeurs, des terroristes, des trafiquants. Je dormais avec un couteau sous l'oreiller. La peur est permanente, vous dormez d'une oreille, il y a des bagarres, du sang, des gens qui s'automutilent", détaille-t-il encore.

Lui-même, il est victime d'une violente agression lorsqu'un codétenu l'ébouillante en criant "Allah Akbar."

Rapatrié en France

Dans ces conditions de détention si difficiles, Fabien Azoulay l'assure, il a pensé au pire, au suicide, mais a tenu grâce à sa famille qui a été d'un soutien sans failles au fil des années.

"J'ai un frère formidable qui est venu me voir 48 fois, des amis qui me soutiennent avec des lettres, des livres, des mots de soutiens", détaille-t-il, toujours sur notre plateau.

C'est en 2021 que l'affaire prend une nouvelle tournure et devient médiatisée par son avocate, Me Carole-Olivia Montot. Au terme de tractations diplomatiques auxquelles aurait personnellement pris part Emmanuel Macron, Fabian Azoulay est finalement transféré en France en août 2021 afin d'y terminer sa peine.

En octobre de la même année, la justice française réduit sa peine à cinq années de prison. Il a alors passé deux mois et demi supplémentaires en prison "juste pour que la procédure soit suivie", dit-il. Il est finalement libre en novembre 2021.

À quoi ressemble la vie après une telle épreuve? "La vie est quand même belle, on avance, tout le monde a un bagage, pas le choix faut avancer", termine-t-il.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV