Guerre Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir de la journée du lundi 9 octobre

Après l'offensive lancée samedi par le Hamas, Israël a officiellement déclaré la guerre au mouvement palestinien. Ce lundi, le bilan s'élève à plus de 1.400 morts des deux côtés, dont au moins deux ressortissants français. Plus de 800 Israéliens ont été tués et 2.600 blessés dans l'attaque du Hamas, dont environ 250 personnes ont été massacrées dans une rave party dans le désert près de Gaza. Dans la bande de Gaza pilonnée par l'armée israélienne, 687 Palestiniens ont été tués et 2.900 blessés, ont annoncé les autorités locales. France Bleu fait le point sur la situation.

L'essentiel

• Le bilan s'élève à plus de 1.400 morts des deux côtés, plus de 800 Israéliens tués, 687 du côté palestinien
• Au moins deux ressortissants français sont morts, quatorze disparitions inquiétantes de Français dont un mineur, selon le Quai d'Orsay
• Le Hamas menace de tuer des otages en réaction aux raids israéliens
• Des combats sont toujours en cours autour de Gaza, selon l'armée israélienne
• Une "réunion d'urgence" des ministres des Affaires étrangères de l'UE aura lieu mardi
• Air France suspend ses vols vers Tel Aviv, et ce "jusqu'à nouvel ordre"
• Plusieurs rassemblements ont lieu en France en hommage aux victimes

La bande de Gaza assiégée et pilonnée

"Nous imposons un siège complet à Gaza", a déclaré le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant dans une vidéo communiquée par ses services. "Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence. Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, tout est fermé", a-t-il ajouté dans ce message en hébreu. Quelque 2,3 millions de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza, territoire sous blocus israélien depuis 2007 et éprouvé par la pauvreté.

Le ministre de l'Énergie, Israël Katz, a ordonné la "coupure immédiate de l'approvisionnement en eau (d'Israël) à Gaza", a indiqué son porte-parole dans un communiqué. Israël fournit 10% de la consommation annuelle en eau de ce territoire palestinien.

Alors que Benjamin Netanyahu a promis de réduire en "ruines" les caches du Hamas, l'armée israélienne a annoncé ce lundi matin avoir touché "plus de 500 cibles" lors de frappes aériennes sur la bande de Gaza durant la nuit. "Pendant la nuit, des avions de combats, des hélicoptères, des aéronefs et l'artillerie ont frappé plus de 500 cibles des terroristes du Hamas et du Jihad islamique", a indiqué l'armée dans un communiqué. En réponse à l'État d'Israël, le Hamas a annoncé ce lundi soir qu'il menaçait de tuer les otages en réaction aux raids israéliens sur l'enclave palestinienne.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a indiqué ce lundi que la guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël avait fait plus de 123.000 déplacés dans la bande de Gaza.

Les combats se poursuivent

L'armée israélienne continue de se battre contre des combattants palestiniens infiltrés sur le territoire d'Israël. Les forces israéliennes ont notamment annoncé avoir repris le "contrôle" des localités attaquées dans le Sud, où elles ont massé 100.000 réservistes, selon un porte-parole de l'armée. D'autres combats ont lieu autour de la bande de Gaza.

Les sirènes d'alerte à la roquette ont retenti ce lundi à Jérusalem, et ont été suivies rapidement par plusieurs détonations, ont constaté des journalistes de l'AFP dans la ville. Elles avaient été entendues dans la Ville sainte samedi, et des roquettes avaient alors été interceptées par la défense antiaérienne israélienne.

Deux Français tués, quatorze disparus dont un mineur de 12 ans

Un deuxième ressortissant français est décédé en Israël, a annoncé le Quai d'Orsay dans un communiqué ce lundi. Dimanche, le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères a déjà annoncé la mort d'une ressortissante française.

Ce lundi soir, le ministère des Affaires étrangères a indiqué qu'elle avait recensé 14 disparitions de Français. La France "déplore" une disparition "considérée comme très inquiétante". Le ministère considère comme "très probable l’enlèvement de certains d’entre eux, dont un enfant mineur de douze ans". Ils pourraient faire partie des otages retenus par le Hamas. Le Quai d'Orsay assure par ailleurs que "plusieurs Français ont été depuis secourus par les forces de sécurité israéliennes et sont saufs".

Plus tôt ce lundi, le député des Français de l'étranger Meyer Habib (LR), dont la circonscription comprend Israël, avait indiqué qu'" au moins huit Français seraient ou disparus, ou décédés ou pris en otage par le Hamas". Parmi eux, Avidan T., 26 ans, un jeune Français originaire de Bordeaux et vivant en Israël, retenu en otage par le mouvement islamiste palestinien, selon lui. Dimanche, M. Habib avait indiqué qu'Avidan avait "sans doute été enlevé dans le sud d'Israël par le Hamas" alors qu'il participait à la rave party près de la frontière avec Gaza, prise pour cible par les assaillants.

"Vive préoccupation" d'Emmanuel Macron pour les otages

L'armée israélienne s'efforce de sauver les otages encore captifs "en nombre" à Gaza, "des femmes, des enfants, des bébés, des personnes âgées et des handicapés", a déclaré un porte-parole. Selon le Bureau de presse du gouvernement (GPO), le Hamas a fait "plus de 100 prisonniers", militaires et civils, parmi lesquels des ressortissants allemands et américains.

Emmanuel Macron a exprimé ce lundi à Benyamin Netanyahou sa "vive préoccupation au sujet des otages et des blessés", indique la présidence française. Le chef de l'État français a eu une nouvelle conversation téléphonique avec le chef du gouvernement israélien après celle de samedi, et lui "a réitéré le plein soutien de la France à Israël et aux Israéliens, et son attachement à leur sécurité et à leur droit de se défendre", selon l'Élysée. "Il a redit sa condamnation la plus ferme des attaques terroristes perpétrées par le Hamas", et "a présenté ses condoléances pour l'ensemble des victimes".

Une vingtaine d'actes antisémites en France

Dix personnes ont été interpellées ce week-end en France pour des tags antisémites ou des menaces proférées à des personnes près de synagogues, a annoncé ce lundi après-midi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Une vingtaine d'actes antisémites ont eu lieu "un peu partout sur le territoire national" en l'espace de 48 heures.

Le ministre a présidé une réunion "relative au renforcement de la sécurisation des lieux communautaires juifs" en présence du Grand rabbin de France, Haïm Korsia, du président du Crif, Yonathan Arfi, et du président du Consistoire central, Elie Korchia. "Toucher un juif, c'est toucher toute la République", a assuré à l'issue de la rencontre le ministre de l'Intérieur en soulignant la "grande fermeté de l'État", avec "des milliers de policiers, de gendarmes et de militaires" mobilisés pour sécuriser écoles et lieux de culte notamment.

Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) Yonathan Arfi a de son côté dit son "soulagement de voir que le ministre prend les mesures nécessaires" dans un climat qu'il a qualifié d'"inflammable".

Invité de France Bleu Nord ce lundi matin, le ministre de l'Intérieur s'était voulu rassurant pour la communauté juive en France : "Il n'y a pas aujourd'hui de menace caractérisée qui toucherait nos compatriotes juifs sur le territoire national", a-t-il affirmé. Pharos, le portail officiel de signalement des contenus illicites en ligne, a reçu 700 signalements.

La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a demandé ce lundi soir aux présidents d'université et directeurs d'établissements d'enseignement supérieur de "prendre toutes les mesures nécessaires" pour "veiller au respect de la loi et des principes républicains" face à des "dérives", après des signalements d'"actions et de propos d'une particulière indécence". Sylvie Retailleau cible des faits émanant d'"associations, de collectifs" mais aussi "d'acteurs de nos établissements". "L'apologie du terrorisme, l'incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination, sont interdites par la loi et doivent être sanctionnées", a rappelé la ministre.

Des rassemblements organisés en France

Après l'offensive du Hamas sur Israël, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a appelé non plus à un rassemblement, place d'Israël à Paris, mais à une "marche de solidarité avec Israël et les Israéliens" ce lundi. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées derrière la banderole "Terrorisme, ici, là bas, même combat, soutien à Israël", selon des journalistes AFP sur place.

La place Stanislas s'est parée du blanc et du bleu du drapeau israélien ce lundi soir, tout comme la tour Eiffel à Paris.

À Lille, la maire Martine Aubry a participé au rassemblement auprès de 200 autres personnes. "Nous nous devons d'être ici [...] C’est du terrorisme, il faut le dire et rien ne le justifie" a-t-elle déclaré à France Bleu Nord.

Des manifestations de soutien se sont tenues également à Strasbourg ou encore Montpellier. Un rassemblement a eu lieu à Nice.

Réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères de l'UE

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a convoqué une réunion d'urgence mardi des ministres des Affaires étrangères de l'UE "à propos de la situation en Israël et dans la région", a-t-il indiqué ce lundi sur X (anciennement Twitter).

Cette réunion aura pour but de discuter les "implications" de ce qui s'est passé ce week-end et "évaluer les réponses" de l'Union européenne, notamment en ce qui concerne l'aide aux populations palestiniennes, a ajouté ce porte-parole, Peter Stano, devant la presse.

En attendant, l'Union européenne a suspendu "jusqu'à nouvel ordre" tous les paiements de son aide au développement en faveur des Palestiniens et décidé de réévaluer l'ensemble de ses programmes en cours, qui représentent un total de 691 millions d'euros, a annoncé le commissaire européen Oliver Varhelyi.

L'Union européenne a condamné samedi "sans équivoque" les attaques du Hamas contre Israël qui "a le droit de se défendre", et réclamé la libération de civils pris en otage en violation du droit international. Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont indiqué qu'ils s'entretiendront ce lundi soir par téléphone avec le président américain Joe Biden et le Premier ministre britannique Rishi Sunak.