Cameroun: à Yaoundé, douleur et sidération chez des habitants victimes d’un éboulement

Avec notre correspondant à Yaoundé, Richard Onanena

Au Cameroun, le bilan est provisoire au vu des dégâts dans le quartier Mbankolo à Yaoundé. Il s'élève pour le moment à au moins 30 morts et 17 blessés après les pluies diluviennes de ces trois derniers jours.

L'eau a continué à tomber ce dimanche 8 octobre et c'est ce qui a causé la rupture d’une retenue d’eau. Plusieurs dizaines d'habitations ont été emportées.

Sur place, assise à même le sol, à quelques mètres du site de l’éboulement, le corps recouvert de boue, une dame extraite des décombres était inconsolable. Elle hurlait sa douleur au sujet de « tous [ses] enfants ».

L’incident s’est produit aux environs de 19 heures. Selon un riverain, c’est un mur érigé pour bloquer le passage de l’eau qui a cédé : « Il y avait un lac, un très vieux lac. Il y a un monsieur qui a bloqué ce lac parce que le lac passait chez lui, il a empêché le lac de continuer à se libérer. Il y a eu de la pluie alors ça a lâché, ça a craqué. Moi, j’ai suivi le bruit, et ça a ravagé au moins 200 maisons. »

« Des gens qui montaient de partout en panique »

Malgré la pénombre de la nuit, on pouvait constater dimanche soir que l’eau a emporté la quasi-totalité des habitations construites sur ce lieu à risque. Brandon fait partie des premiers à être arrivés sur le site : « Le bruit du mur qui s’est cassé m’a fait savoir que quelque chose s’était passés. Les gens ne font que crier. Les premières images que j’ai vues, c’étaient les gens qui montaient de partout en panique. La deuxième image que j’ai vue, c’est une femme couchée, morte. »

Jusque tard dans la nuit, des dizaines de personnes ont continué de fouiller les décombres à la recherche de survivants : « Ça fait pratiquement plus de quatre heures qu’on cherche, on ne sait pas. »

Quant au lendemain, lundi, c'était toujours la consternation et l'émoi au quartier Mbankolo. Une ceinture de sécurité a été établie autour du site où des personnes sont arrivées par centaines, pour avoir des nouvelles des membres de leurs familles ou par curiosité tout simplement. Sur le site, les images sont impressionnantes, les dégâts s'étendant sur un rayon de plus de 300 mètres. Les riverains n'en reviennent toujours pas de cette nuit, l'émotion était encore perceptible sur les visages, les familles pleurant leurs morts.

Les témoignages sont poignants : RFI a notamment discuté avec un homme qui a vu sa maison emportée par les eaux avec quatre membres de sa famille, une autre dame confie avoir perdu plus de quatre personnes dont des enfants qui prenaient part à un anniversaire. La maison a été complètement ravagée.

Un bébé de 3 semaines retrouvé vivant dans les décombres

Le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, est descendu sur le terrain, s'enquérir de la situation. Il a ramené du matériel de première nécessité pour les sinistrés. Il était accompagné de la ministre de l’Habitat, Célestine Ketcha-Courtès, qui n’a pas manqué de rappeler que ces lieux à risque doivent être libérés.

Une bonne nouvelle au milieu de cette tragédie : Youssef Kamguia, un bébé de 3 semaines, a été retrouvé vivant dans les décombres. Il a été interné dans un centre de santé publique, une note de joie pour sa famille.