90 % des pains industriels européens contiennent des résidus de pesticides, selon une ONG

90 % des "produits de boumangerie" en supermarché contiennent des résidus de pesticides, selon le rapport de l'ONG Foodwatch. [Drazen Zigic / Shutterstock]

Le dernier rapport de l’ONG Foodwatch révèle que plus d’un tiers des produits céréaliers et la quasi-totalité des « produits de boulangerie » vendus dans les supermarchés européens contiennent des résidus de pesticides, en ne dépassant que très rarement le seuil réglementaire.

Pâtes, farines, céréales de petit déjeuner ou pain : selon un rapport publié par l’ONG Foodwatch le 10 octobre, la plupart des produits alimentaires à base de céréales que l’on retrouve dans les supermarchés européens contiennent des résidus de pesticides.

« Leur impact sur notre santé sur le long terme est largement méconnu, comme l’effet cocktail ou l’ingestion de différentes molécules tout au long de la journée », alerte Camille Dorioz, responsable de campagnes chez Foodwatch dans un communiqué.

En Europe, les céréales comme le blé ou le maïs occupent la moitié des terres cultivées, tout en étant abondement traitées comme la viticulture et l’arboriculture fruitière. Les cultures céréalières reçoivent plus de 50 % des traitements de pesticides en France ; 45 % en Allemagne.

Un tiers des produits contaminés

En se basant sur des données de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), le rapport montre que plus d’un tiers (37 %) des produits céréaliers contiennent un ou plusieurs pesticides. Sur un échantillon de 2 234 produits 837 étaient contaminés par 65 pesticides.

Les plus récurrents ? Le Chlormequat (25,7%), un régulateur de croissance des plantes ; le Pirimiphos-methyl (16,5%) présent dans de nombreux insecticides appliqués au moment du stockage des céréales ; ou encore le Piperonyl butoxide (14,2%) décuplant les effets des insecticides, et le glyphosate (3,6%).

Toutefois, sur les 1 215 résidus retrouvés, seulement 18 dépassaient le seuil réglementaire, la limite maximale de résidus (LMR), fixée pour chaque substance active par la Commission européenne à partir des données de l’EFSA.

De même que la quantité de résidus varie considérablement d’un produit à l’autre, allant de moins de 10 % dans les échantillons de seigle et d’amidonnier, à près de 90 % dans les pains et autres produits de boulangerie à base de blé.

Pas de « stratégie globale » des distributeurs

Dans son rapport, l’ONG déplore que les distributeurs n’aient pas de stratégie globale pour réduire les pesticides dans leurs produits à base de céréales. Ils sont même accusés de produire des campagnes marketing engendrant « des diversions susceptibles d’induire les consommateurs en erreur « .

Quelques exceptions cependant : le distributeur suisse Migros, ou la boulangerie allemande Mauer, cultivant 900 000 mètres carrés de terres agricoles « sans pesticides, sans OGM ni régulateurs de croissance ».

Foodwatch appelle ainsi à généraliser ces pratiques. « Partout en Europe, les distributeurs ont un rôle à jouer dans ce changement essentiel », conclut l’organisme dans son étude.

Celui-ci égraine également quelques propositions politiques, comme la mise en place de subventions et d’incitations financières pour les pratiques permettant de réduire efficacement l’usage des pesticides, ou encore la mise en œuvre d’une taxe sur les pesticides à l’échelle européenne.

Les céréaliers accusent l’ONG de semer la peur

Contactée par Euractiv, l’interprofession des céréaliers français Intercéréales ne remet pas en cause les chiffres du rapport, mais accuse l’ONG de « faire peur aux Français et aux Européens ».

Ceux-ci insistent sur le fait que 63% des échantillons ne contiennent aucune trace de résidus, les autres étant très loin des seuils définis dans la réglementation.

« L’étude de Foodwatch confirme à l’inverse de ce qu’explique l’ONG que la réglementation est respectée et qu’il n’y a aucun risque pour la santé des consommateurs […] Le système de contrôle montre toute son efficacité », poursuit Intercéréales.

Selon le représentant des céréaliers français, la réglementation française est plus stricte sur les pesticides que dans les autres pays européens, ce qui laisse penser à de meilleurs résultats à l’échelle nationale.

En 2021, une étude de  60 Millions de consommateurs observait également des résidus de pesticides dans des produits céréaliers industriels français, sans que les limites autorisées ne soient dépassées.

« C’est un aspect souvent négligé par rapport au problème des résidus de pesticides sur les fruits et légumes, plus souvent à l’ordre du jour », déplore Camille Dorioz de Foodwatch.

Pesticides : les associations écologistes demandent aux députés une application stricte de la réglementation européenne

Dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire, les représentants d’associations environnementales ont appelé les députés à appliquer strictement les règles de l’UE en attendant le prochain règlement sur l’utilisation durable des pesticides (SUR).

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