Pas de « oui mais ». Oui, en tant qu’intellectuel musulman, je condamne sans réserve, sans ambiguïté et sans aucune hésitation les massacres et prises d’otages perpétrés par le Hamas, et je les dénonce comme une pure barbarie et sauvagerie absolument injustifiables.
A cette condamnation, j’ajoute immédiatement l’expression de ma compassion envers tous les Israéliens, toutes les victimes de toutes nationalités, qui sont mes sœurs et frères en humanité, en pensant particulièrement aux enfants, aux femmes, aux personnes âgées, à tous les innocents qui ont été fauchés par cette violence et qui, pour les survivants, continuent de la subir dans des conditions qu’il est difficilement supportable d’imaginer.
Je suis également très alarmé de constater que, du côté musulman, se fasse attendre à ce point une prise de parole à la hauteur de la gravité des faits. Je ne voudrais pas que dure trop longtemps ce silence aussi assourdissant, ou bien que nous n’entendions que des prises de parole désespérément incapables d’échapper à l’ambiguïté ou à la demi-mesure. J’appelle donc les autorités musulmanes de France à réagir enfin.
Poison de cet événement
Attention toutefois, il s’agit de le faire vite, mais aussi de le faire bien, c’est-à-dire de façon décente. Car il est à l’inverse indécent d’entendre, ces derniers jours, des déclarations qui voudraient expliquer ce qui s’est passé en arguant de la situation intolérable faite par Israël aux habitants de la bande de Gaza, ou de tout ce que l’on peut reprocher à l’extrême droite israélienne nationaliste ou ultraorthodoxe.
Cela, parfaitement entendable en soi, n’est pas recevable aujourd’hui : il y a un temps pour chaque chose, une éthique du juste moment, et c’est cette temporalité qui doit être respectée. En de pareilles heures, il s’agit de condamner et de compatir, et non pas de relancer un débat ni de prétendre l’élargir, ce qui ne fait que noyer l’horreur dans le relativisme.
Vite, donc, une parole claire, forte, responsable et courageuse des représentants de la communauté musulmane de France ! Des intellectuels, des engagés, des citoyens de culture musulmane ! Cette parole est indispensable, requise, cruciale, tandis qu’à l’inverse demeurer dans le silence serait inexcusable.
Je m’insurge, aussi, contre ceux qui, en France et de par le monde, voudraient faire de cette barbarie une cause religieuse, en l’occurrence la cause de l’islam. Non ! Non, l’islam ne saurait être légitimement invoqué ici, et personne n’a le droit de se réclamer de l’islam pour commettre ou prétendre fonder en raison l’irrationalité de tels actes. Aucune sacralité n’exonère leurs auteurs du sacrilège qui est le leur, à l’encontre de la personne humaine, de l’humanité, et d’une religion − l’islam − qu’ils prétendent servir alors qu’ils l’assassinent.
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