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Madagascar: la communauté internationale inquiète de la tournure que prend la présidentielle

Arrestations en série, destitution du président du Sénat, report du premier tour de l’élection présidentielle… Après une semaine de rebondissements politiques à Madagascar, la communauté internationale a signé un nouveau communiqué lundi 16 octobre, le quatrième en moins d’un mois. Les partenaires de la Grande Île y expriment leur « préoccupation », face à la tournure que prend cette campagne électorale. Seul un candidat sur treize, le président sortant Andry Rajoelina y participe réellement.

Le président malgache Andry Rajoelina aux Nations unies le 21 septembre 2022.
Le président malgache Andry Rajoelina aux Nations unies le 21 septembre 2022. REUTERS - BRENDAN MCDERMID
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Avec notre correspondante à Madagascar, Sarah Tetaud

Union européenne, États-Unis, Royaume-Uni, Japon, Corée, Suisse : ce sont neuf chancelleries qui ont déploré à nouveau, lundi 16 octobre, le « climat politique tendu », à un mois du premier tour de l'élection présidentielle (le scrutin a été reporté au 16 novembre, NDLR). Les pays signataires du communiqué s’inquiètent notamment de « l’usage disproportionné de la force pour disperser les manifestations de l’opposition ».

« Il s’est passé tellement de choses ahurissantes cette dernière semaine, que l’on a tenu à faire, nous aussi, une synthèse qui s’adresse aux deux camps, et plus particulièrement à celui aux manettes », explique l’un des diplomates rédacteurs du communiqué. Il fait notamment référence aux arrestations d'opposants et de la destitution du président du Sénat. Ce dernier a par la suite assuré avoir reçu des menaces de la part de membres du gouvernement pour renoncer à son poste.

« Lorsque le FFKM (le Conseil œcuménique des Églises chrétiennes de Madagascar, NDLR) a réussi à réunir les treize représentants des candidats, nous avons tous eu un regain d’espoir », reconnait le conseiller d’une autre chancellerie. « On entendait parler de concessions mutuelles, ce qui aurait permis une entrée en campagne d’un maximum de candidats. Mais c’est tombé à l’eau », regrette le haut-fonctionnaire. « Tout ça parce que l’un des candidats ne souhaite faire aucune concession, même symbolique », poursuit-il.

« L’impression que le seul candidat se moque d’être le seul candidat »

Le candidat en question est le président sortant, Andry Rajoelina, candidat à sa réélection et seul candidat réellement actif dans sa campagne, sur les treize en lice. « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, souligne le diplomate. On a l’impression que le seul candidat se moque d’être le seul candidat. S’il réussit à aller aux forceps à l’élection, il repousse le problème... », conclut-il.

Les neuf ambassades signataires ont écrit par ailleurs avoir « pris note » du report de l’élection. En langage diplomatique, ce communiqué qui appelle une nouvelle fois à ce que « le processus électoral soit transparent, fiable, inclusif et apaisé, afin que les résultats puissent être reconnus par tous », exprime surtout, sans le dire, une réelle inquiétude des États partenaires étrangers qui estiment aujourd’hui que « les choses ne sont pas bien engagées ». 

Contre-attaque du gouvernement malgache

Ce mardi 17 octobre dans la soirée, après le communiqué signé par 9 ambassades s’inquiétant de la tournure extrêmement tendue des derniers événements politiques de la semaine, le gouvernement collégial malgache a contre-attaqué et publié à son tour un communiqué sur sa page Facebook à l’attention de la communauté internationale.

« Le gouvernement tient à exprimer ses inquiétudes quant à l’interprétation qui a été faite de certaines dispositions constitutionnelles à Madagascar et à l’ingérence sous forme de jugement porté sur le fonctionnement des services publics de l’État et des forces de l’ordre », souligne ce communiqué.

En 4 pages, ce dernier revient minutieusement sur les remarques soulevées par le communiqué des chancelleries étrangères et tente de justifier et démonter point par point les critiques, à commencer par celles sur « la repression disproportionnée », les « arrestations » ou encore « l’exercice des libertés individuelles ».

Le communiqué en appelle à la réserve de ses partenaires étrangers et demande le respect du principe de souveraineté nationale.

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