Tags antisémites et menaces contre des professeurs dans un lycée de Cannes: "certains élèves sont rentrés chez eux parce qu'ils avaient peur"

Des tags injurieux et antisémites ont été découverts au lycée Bristol à Cannes. Sur place, ce jeudi matin, les élèves font part de leur émoi.

Clément Tiberghien Publié le 19/10/2023 à 12:01, mis à jour le 19/10/2023 à 14:03
Des menaces ont été écrites sur les murs des salles de classe et dans les toilettes. "Des croix gammées ont été retrouvées dans la cafétéria", selon des élèves. Photo Patrice Lapoirie

Des tags injurieux et antisémites dans les couloirs, les salles de cours et différentes dégradations dans les toilettes ont été perpétrées au lycée Bristol, à Cannes, dans la nuit de mercredi à jeudi. 

Ces messages contiendraient aussi "des menaces proférées à l'égard du corps enseignant", a vite réagi le maire de la ville David Lisnard, qui demande "des mesures immédiates fortes, dont l'exclusion du ou des auteur(s) concerné(s) et une procédure pénale engageant leurs parents."

Les sacs fouillés

Aux abords du lycée, l'événement a fait réagir. "Ça se serait passé hier soir (mercredi, ndlr) en fin de journée", croit savoir un élève de terminale. "On nous a tous mis dans un lieu de rassemblement dans la cour. On a eu une longue intervention nous rappelant la loi", poursuit-il. Et d'expliquer qu'"après une heure de rassemblement et après fouille des sacs", les élèves ont regagné les salles de classe. "On a été sensibilisés par nos profs". 

"J'ai reçu des sms comme quoi il y avait eu quelque chose dans le lycée, et on a eu un message aux haut-parleurs comme quoi il fallait se réunir à un certain endroit. J'étais un peu sous le choc, je ne m'attendais pas à ça", indique une autre élève. "Certains élèves aussi sont rentrés chez eux parce qu'ils avaient peur", ajoute une autre élève, visiblement sous le choc. 

Un professeur ciblé par les menaces

"Nos profs de français et d'histoire ont été directement visé par des menaces de mort sur les tags", poursuit-elle. Selon nos informations, un professeur en particulier aurait fait l'objet de menaces. Conséquence, des enseignants ont exercé leur droit de retrait et la proviseur a fait un discours devant eux.

"Il y a eu des assassinats dans les autres lycées, les professeurs peuvent avoir peur de faire cours c'est normal. Je trouve ça incompréhensible que certains puissent aller aussi loin contre des gens qui sont là pour enseigner et nous donner un avenir", indique une élève en classe de terminale.

Une croix gammée a été retrouvée sur le plafond des toilettes, en plus d'insultes en direction du corps enseignant. Capture d'écran Snapchat.

"Ils nous disent que c'est de la bêtise"

La découverte de ces tags survient alors que se tiennent ce jeudi matin les obsèques de Dominique Bernard, le professeur de français tué dans un lycée d'Arras vendredi 13 octobre, et quelques jours à peine après le troisième anniversaire de la mort de Samuel Paty.

"Les deux bâtiments A et B auraient été tagués. Entre élèves, ça en parle pas mal, on en discute aussi avec les profs bien sûr. Ils nous disent que c'est de la bêtise, que ça ne sert à rien. Les gens qui font ça c'est juste pour se faire remarquer!", insiste Kylian, élève en première.

"Psychologiquement c'est compliqué pour les collègues."

"L'enquête est en cours et l'un des collègues menacé de mort, un professeur d'histoire-géographie, est auditionné", fait savoir une membre du SNES-FSU. 
 
"On a décidé ensemble comment réagir face aux élèves une fois les responsables trouvés et de parler à nos élèves choqués par la situation. Nous les avons réunis et leur avons rappelé notre mission d'éducation et de transmission du savoir pour tous. On a rappelé que ces agissements étaient punis au niveau pénal. En classe, certains professeurs ont parlé avec leurs élèves. D'autres collègues n'ont pas réussi à prendre leurs classes et sont rentrés."
 
"Après ce qui est arrivé à notre collègue à Arras et 3 ans après Samuel Paty, c'est très difficile. On est en manque d'effectif, de surveillants, les AED doivent fouiller les sacs et ça les met en danger. On est un rempart contre l'obscurantisme, et c'est ici que l'on devrait pouvoir exercer notre mission. Supprimer 8.000 postes de professeur en 10 ans va finir par empêcher la machine de fonctionner. Il faut redonner son rôle premier à l'éducation nationale de laïcité, d'éducation et d'émancipation des élèves. On est partagés entre abattement, incompréhension et colère parmi les collègues."

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Nice-Matin

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