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Ottawa a rapatrié les deux tiers de ses diplomates en Inde

Un soldat paramilitaire indien monte la garde à côté d'une barricade de police devant le haut-commissariat du Canada à New Delhi.

Un soldat paramilitaire indien monte la garde à côté d'une barricade de police devant le haut-commissariat du Canada à New Delhi, en Inde. (Photo d'archives)

Photo : Associated Press / Altaf Qadri

Radio-Canada

Le Canada a rapatrié les deux tiers de ses diplomates en Inde, a affirmé jeudi la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, au moment où les relations entre New Delhi et Ottawa sont au plus bas.

Ainsi, 41 diplomates canadiens et 42 membres de leurs familles ont quitté l'Inde. Il reste 21 diplomates en poste dans le pays.

Cette décision a été prise après que l'Inde eut officiellement fait part de son intention de lever unilatéralement l’immunité [de 41] diplomates canadiens et de leurs personnes à charge à New Delhi, a dit la ministre Joly lors d'une conférence de presse à Ottawa, en compagnie du ministre fédéral de l'Immigration Marc Miller.

Quarante et un diplomates canadiens et 42 personnes à charge risquaient de se faire retirer leur immunité à une date arbitraire, mettant leur sécurité personnelle en danger. Compte tenu des actions du gouvernement indien, nous avons pris la décision d’organiser le départ de ces diplomates et de leurs proches en toute sécurité.

Une citation de Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères

Les tensions entre les deux pays ont surgi le mois dernier, après que le premier ministre Trudeau eut déclaré à la Chambre des communes, le 18 septembre, que des « allégations crédibles » établissaient un lien potentiel entre le gouvernement de l’Inde et l’assassinat d’un citoyen canadien de confession sikhe, Hardeep Singh Nijjar.

Tensions entre l'Inde et le Canada

Consulter le dossier complet

Les drapeaux de l'Inde et du Canada.

Le gouvernement indien a démenti ces allégations, les qualifiant d'absurdes. En représailles, New Delhi a demandé à Ottawa de rapatrier une quarantaine de ses diplomates en poste en Inde, exigeant la parité dans le nombre de diplomates présents dans les deux pays.

L'Inde a affirmé n'avoir que 21 diplomates accrédités au Canada et a déclaré que le Canada en avait 62 sur son sol, répartis entre le haut-commissariat à New Delhi et quatre consulats à Mumbai, Chandigarh, Calcutta et Bengaluru.

Mélanie Joly et Marc Miller en conférence de presse.

Les ministres Mélanie Joly et Marc Miller lors d'une conférence de presse à Ottawa, le 19 octobre 2023

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

New Delhi avait donné au Canada jusqu'au 10 octobre pour retirer 41 de ses diplomates afin que les corps diplomatiques des deux pays soient de taille égale. Ottawa espérait parvenir à une solution diplomatique au moyen de négociations, ont indiqué des sources, mais ces pourparlers semblent avoir échoué.

Lors de son point de presse, Mme Joly a tenu à rappeler que la décision de l'Inde de « révoquer unilatéralement » l'immunité de diplomates étrangers est contraire au droit international, ainsi qu’à la Convention de Vienne, et menacer de le faire est non seulement déraisonnable, mais contribue à empirer la situation.

Si nous acceptons cette façon de faire, aucun diplomate, où qu’il soit, ne sera en sécurité sur la planète. Pour cette raison, le Canada ne prendra pas la même approche que l’Inde.

Une citation de Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères

Escalade

Le Canada avait déjà expulsé, en septembre dernier, un diplomate indien du plus haut niveau, Pavan Kumar Rai. Le gouvernement indien avait répliqué en expulsant à son tour un haut diplomate canadien en poste en Inde.

Le 21 septembre, le gouvernement indien a annoncé qu’il suspendait le traitement des demandes de visa effectuées par des citoyens canadiens.

Ce jour-là, le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères avait par ailleurs affirmé, lors d’un point de presse, qu’Ottawa avait été informé de la nécessité de réduire son personnel diplomatique à New Delhi. Le nombre de [leurs diplomates] en Inde est beaucoup plus élevé que le nôtre au Canada, a dit Arindam Bagchi, en soulignant qu'il s'agissait d'une question de parité.

Un manifestant piétine le portait de Narendra Modi.

À Toronto, un manifestant piétine le portait du premier ministre indien Narendra Modi. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images / COLE BURSTON / AFP

Nous avons vu de l'ingérence diplomatique canadienne dans nos affaires intérieures, a encore déclaré M. Bagchi lors d'un point de presse à New Delhi. C'est un facteur pris en compte pour rechercher la parité dans notre présence diplomatique dans les deux pays.

Selon Jeff Nankivell, un ancien diplomate canadien, le Canada a besoin de vastes opérations consulaires en Inde pour traiter le volume de demandes de visa en provenance de ce pays, qui est à la fois le principal pays d'origine des étudiants internationaux au Canada et le premier pays d'origine des immigrants au Canada au sens large.

La ministre Joly a affirmé jeudi que le rapatriement des 41 diplomates aura un impact sur les services consulaires offerts aux citoyens canadiens et indiens. Malheureusement, nous avons dû interrompre les services en personne dans nos consulats à Mumbai, Chandigarh et Bengaluru, a-t-elle dit. Les Canadiens qui ont besoin d’une assistance consulaire peuvent toujours se rendre au haut-commissariat à New Delhi.

Pour sa part, le ministre de l'Immigration, Marc Miller, a assuré que le Canada continuera d'accepter et de traiter toutes les demandes de résidence permanente et temporaire en provenance de l'Inde.

Des retards [sur le plan] du traitement des demandes en provenance de l’Inde sont prévus. Les clients risquent donc de voir les délais s’allonger et devront attendre plus longtemps pour obtenir des réponses à leurs questions ou un visa sur leur passeport.

Une citation de Marc Miller, ministre fédéral de l'Immigration

Il a par ailleurs affirmé que le personnel diplomatique qui reste en Inde continuera de s’occuper des affaires qui ne peuvent pas être effectuées depuis l'extérieur du pays, comme les cas urgents et l'impression des visas, entre autres.

Mercredi, le chef du service de renseignement australien, Mike Burgess, a déclaré qu'il n'avait aucune raison de douter des allégations canadiennes selon lesquelles le gouvernement indien était impliqué dans la mort de M. Nijjar.

Je n'ai aucune raison de contester ce que le gouvernement canadien a dit à ce sujet, a déclaré M. Burgess dans une entrevue accordée à la chaîne de télévision publique australienne.

L'Australie est l'un des partenaires du Canada au sein de l'alliance dite Five Eyes, un réseau de partage de renseignements qui comprend aussi les États-Unis, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande.

Avec les informations de Louis Blouin

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