L'Italie suspend le traité de Schengen avec la Slovénie
Giorgia Meloni annonce l'introduction de contrôles à la frontière avec la Slovénie pour faire face à la hausse du « niveau de menace d'actions violentes au sein de l'UE » et à « la pression migratoire » dans un contexte de tensions liées à la crise au Proche-Orient.
Par Olivier Tosseri
« L'immigration de masse représente un risque pour la sécurité de l'Europe », alerte Giorgia Meloni en rappelant que l'auteur tunisien de l'attentat qui a fait deux morts à Bruxelles a débarqué à Lampedusa en 2011 et avait été un temps surveillé par les forces de l'ordre italiennes qui le jugeaient « dangereux ».
Un danger terroriste qui inquiète de plus en plus les autorités transalpines. Elles ont repéré une trentaine d'individus radicalisés susceptibles d'être expulsés, tandis que cette semaine deux hommes soupçonnés de financer l'Etat islamique ont été arrêtés à Milan.
Les services de renseignements italiens sont inquiets
Les services de renseignement italiens ont averti le gouvernement d'un « risque de possibles infiltrations terroristes au sein des flux migratoires pas uniquement par voie maritime mais également par voie terrestre », via la route des Balkans sur laquelle se déroule déjà un important trafic d'armes. Rien que dans le Frioul-Vénétie Julienne, la région du nord-est de la péninsule, au moins « 16.000 personnes sont entrées illégalement » depuis le début de l'année, selon le ministère de l'Intérieur.
Les services de renseignements recommandent ainsi « un renforcement ultérieur des mesures de sécurité et de contrôles ». « Nous n'avons aucun risque d'attaques, mais nous ne pouvons pas baisser la garde », rassure le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani. L'Italie envisage ainsi d'annuler cette année, en raison du risque terroriste, la fête de ses forces armées qui a lieu traditionnellement le 4 novembre à Rome. Une date que le vice-président du Conseil, Matteo Salvini, a choisie pour convoquer une manifestation « contre le terrorisme et pour l'Occident ». Une initiative dénoncée par ses alliés au sein de la coalition des droites au pouvoir qui redoutent qu'elle attise les tensions et exacerbe le risque d'actes malveillants de « loups solitaires ».
Fermeture de la frontière avec la Slovénie
Giorgia Meloni a immédiatement suivi les conseils de ses services de sécurité. Elle a décidé de réintroduire des contrôles à la frontière avec la Slovénie. Une mesure exceptionnelle de suspension du traité régissant l'espace Schengen revendiquée sur X (anciennement Twitter). Cela est « nécessaire en raison de l'aggravation de la situation au Proche-Orient , de l'augmentation des flux migratoires le long de la route des Balkans et, surtout, en raison de questions de sécurité nationale », se défend la présidente du Conseil.
Ces contrôles, « adaptés à la menace et calibrés pour avoir le moins d'impact possible sur la circulation transfrontalière et sur la circulation des marchandises », entreront en vigueur samedi pour une durée de dix jours, éventuellement renouvelable pendant six mois.
Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)