VIDEO. Fin du métro à 21h30 à Marseille : "Franchement je suis perdu", les premières galères des usagers

Marseille

Alors que le métro s’arrête à 21 h 30 du lundi au jeudi pendant deux ans, "La Provence" a testé hier soir les "bus relais" qui permettent de relier les terminus des deux lignes marseillaises. Reportages.

Un métro toutes les 15 minutes et puis… plus rien. Les noctambules, habitués des couloirs souterrains marseillais, viennent de prendre trois heures dans la vue.

Il est 21h30 hier soir et la deuxième ville de France s’apprête à se passer de ses deux lignes de métro chaque soir, du lundi au jeudi, pendant deux ans (*).

"En raison de travaux de modernisation du métro, dernier départ des terminus à 21h30", rappellent les haut-parleurs de chacune des stations, un mois après l’annonce - par la presse - de cette longue interruption de service. Pour continuer à parcourir la ville de Sainte-Marguerite à Gèze et de La Rose à La Fourragère, les clients de la RTM n’ont d’autre solution que d’emprunter les "bus relais" gratuits qui tentent de suivre, en surface, les itinéraires des lignes M1 et M2.

Bougainville, 21h40. Pour rejoindre l’arrêt de bus "BM2" en direction de Sainte-Marguerite, nul fléchage sur les 250 m qui séparent la station de métro de l’abribus "place Bougainville", planté sur le boulevard Lesseps. Les voyageurs ne peuvent compter que sur le plan affiché dans l’enceinte du métro. Et sur l’application RTM, s’ils disposent toutefois d’un smartphone. Annoncé toutes les 10 minutes, le grand bus a soufflet estampillé "Sainte Marguerite-Dromel" pointe le bout de son pare-brise quinze minutes après notre arrivée. À bord, une dizaine de passagers, essentiellement âgés d’une vingtaine d’années.

"Même nous on est un peu dans le flou"

National, Joliette, Jules-Guesde... "Eh monsieur pourquoi vous vous arrêtez pas à Desirée-Clary?", lancent trois jeunes au chauffeur. "C’est pas l’itinéraire. Je sais que c’est censé suivre le métro mais il n’y a pas cet arrêt, je ne sais pas pourquoi." Nous leur apprendrons qu’un autre bus assure justement la liaison entre la Joliette et Désirée-Clary... "Même nous on est un peu dans le flou", nous souffle le chauffeur, tentant de distinguer "l’étiquette BM2" qui matérialise le prochain arrêt. "Ils ont proposé aux chauffeurs un peu craintifs de repérer le trajet. Moi ça va, je connais bien Marseille, mais disons qu’on est encore en rodage, c’est le premier jour, ça ira mieux après", poursuit l’homme, qui servira de guide auprès de chacun des voyageurs de la nuit. "C’est ici l’arrêt Saint-Charles Monsieur, vous allez pouvoir descendre", indique-t-il au pied de l’escalier de la gare...

Vingt-cinq minutes après Bougainville, le BHNS (pour "Bus à haut niveau de service", parfois surnommé "très grand bus") passe à Castellane. "Ça va, on nous a laissé une heure pour faire l’intégralité du trajet", reprend le conducteur. Qui à l’instar de ses homologues aux commandes des "bus relais", s’est porté volontaire au sein de la RTM.

Pour attraper la correspondance usuellement assurée par le métro M1, il convient de traverser le Prado et de se diriger vers le boulevard Baille où se trouve l’arrêt pour se rendre en direction de la Fourragère. Pour partir vers La Rose, rendez-vous sur le cours Lieutaud. "Franchement j’suis perdu, j’ai mis 15 minutes pour comprendre où il fallait attendre le bus", s’affole Mehdi, au premier jour du reste de son périple. "Une fois que t’as compris, ça va... Mais je me sens pas de faire ça tous les soirs pendant deux ans", conclut ce barman, qui termine son service chaque jour "à 22 heures... perdantes". "Aucune chance que j’attrape le dernier métro."