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Les « bombes carbone » menacent la lutte contre le réchauffement climatique

L’enquête que publient « Le Monde » et d’autres médias internationaux à partir du travail de deux ONG françaises sur 422 mégaprojets d’extraction de combustibles fossiles met en lumière la dissonance cognitive des Etats, qui continuent d’autoriser ces exploitations tout en disant engagés dans la transition énergétique.

Publié le 31 octobre 2023 à 12h30, modifié le 31 octobre 2023 à 12h32 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Un tapis de « bombes » menace la lutte contre le dérèglement climatique : il s’agit des bombes à retardement que constituent les projets en cours ou à venir d’exploitation d’énergies fossiles. Révélé par Le Monde et un consortium de médias internationaux, le tableau rendu public mardi 31 octobre, dressé par deux organisations non gouvernementales françaises, Eclaircies et Data for Good, est sans appel.

Les rejets prévus de CO2 qui sont liés aux 294 sites d’exploitation les plus importants, qu’il s’agisse de charbon, de pétrole ou de gaz, dépassent déjà les limites fixées par les accords de Paris pour contenir la hausse des températures mondiales sous la barre de 1,5 °C, selon les calculs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La situation risque encore d’empirer, car 128 autres « bombes carbone », encore à l’état de projets, pourraient repousser cette hausse au-delà de 2 °C. Et c’est sans compter les milliers d’autres projets d’extraction fossile, plus modestes, dont les possibles rejets cumulés de CO2 sont encore supérieurs. Les catastrophes climatiques qui s’accumulent au fil des années ont déjà donné un avant-goût du potentiel destructeur de cette trajectoire.

A moins d’un mois de la prochaine COP, qui se tiendra à Dubaï, aux Emirats arabes unis, dont la compagnie nationale opère trois « bombes carbone », il est urgent de mettre en évidence un phénomène de dissonance cognitive. Des Etats estiment pouvoir en même temps professer leur engagement dans la lutte contre les dérèglements climatiques et permettre l’armement des « bombes carbone » qui les accentuent.

Manque de transparence

Le travail des deux ONG françaises met en effet en évidence une chaîne de responsabilité qui ne se limite pas aux mastodontes des énergies fossiles, dont la multinationale française TotalEnergies, qui arrive en deuxième position en nombre de « bombes carbone » dans ce classement, derrière le chinois China Energy et devant le saoudien Saudi Aramco.

Ces groupes ne pourraient pas lancer ces projets sans l’aval des Etats qui délivrent les licences d’exploitation, voire les subventionnent. La Chine, qui en développe plus du quart, la Russie et les Etats-Unis arrivent en tête des pays concernés. Le secteur fossile ne pourrait pas non plus les réaliser sans le soutien des banques et des fonds qui assurent son financement, pour ne parler que des principaux acteurs impliqués.

Les contempteurs des lanceurs d’alerte climatique ne peuvent se réfugier en la matière derrière la mise en cause paresseuse du contenu des rapports du GIEC. Depuis 2021, l’Agence internationale de l’énergie, fondée en 1974 pour défendre les intérêts des pays importateurs d’or noir, appelle en effet à ne plus investir dans de nouvelles installations pétrolières ou gazières, au nom de la cohérence.

La plus grande transparence est nécessaire, pour que chacun puisse mesurer ce qui est en jeu. Les grands groupes énergétiques justifient leurs investissements au nom de la loi de la demande et pour répondre aux impératifs de la transition vers les énergies renouvelables. Mobiliser des moyens financiers colossaux pour des exploitations prévues pour durer des décennies revient pourtant à repousser mécaniquement l’horizon de cette transition, tout en aggravant les dérèglements climatiques.

Tous les moyens semblent être bons, à commencer par la défense des intérêts nationaux, pour justifier cet aveuglement. Cet égoïsme à courte vue est pourtant l’assurance d’une fuite en avant qui n’épargnera personne.

Le Monde

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