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Mali : prise en étau entre la rébellion et l'armée, la mission de l'ONU évacue son camp de Kidal

Face au risque d'affrontements armés, la Minusma, la mission de paix de l'ONU au Mali, a quitté mardi son camp de Kidal, au nord du pays. En octobre, la junte malienne avait exprimé son souhait de voir cette force armée quitter le pays d'ici la fin de l'année, malgré le regain de violences dans la région. La rébellion, comme l'armée régulière, espère désormais prendre le contrôle de la ville.

Un membre de la Minusma patrouille devant la Grande mosquée de Tombouctou au Mali, le 8 décembre 2021.
Un membre de la Minusma patrouille devant la Grande mosquée de Tombouctou au Mali, le 8 décembre 2021. © Florent Vergnes, AFP archives
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C'était attendu depuis plusieurs semaines, c'est désormais acté. La Minusma, la mission de l'ONU au Mali, a quitté mardi 31 octobre son camp de Kidal, ville stratégique et enjeu majeur de la bataille entre l'État central et les groupes armés séparatistes qui ont repris les armes contre lui, ont indiqué plusieurs sources au sein de la mission.

"Nous avons pris le départ de Kidal ce (mardi) matin", a indiqué un responsable de la mission sur place, précisant que l'évacuation se faisait par la route. "Le convoi terrestre est en route pour Gao", grande ville du nord située à environ 350 km, a fait savoir un officier de la Minusma sous le couvert de l'anonymat. Le convoi comporte plus de 100 véhicules, a-t-il précisé. L'évacuation du camp pourrait être achevée dans la journée, selon des sources au sein de la mission onusienne.

Départ sous tension

La récente dégradation de la situation sécuritaire entre tous les acteurs armés se disputant le contrôle du territoire dans le nord (séparatistes, jihadistes, armée régulière) a poussé la Minusma à accélérer son retrait de ses bases. Le décrochage de Kidal était initialement envisagé plutôt vers la mi-octobre, le calendrier restant cependant dépendant du terrain. 

La vaste et délicate opération d'évacuation en cours à Kidal est anticipée depuis des semaines comme la plus lourde des menaces de toutes celles conduites par la Minusma depuis août.

Kidal est sous le contrôle de la rébellion à dominante touareg. Ces groupes armés qui avaient conclu un cessez-le-feu et un accord de paix avec le gouvernement en 2014 et 2015 viennent de reprendre les hostilités sur fond de départ annoncé de la mission onusienne. Ils s'opposent à ce que la Minusma remette ses camps aux autorités nationales. 

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Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont fait de la restauration de la souveraineté sur le territoire leur mantra. La junte a réclamé et obtenu du Conseil de sécurité en juin le départ de la Minusma déployée depuis 2013 dans ce pays en proie au jihadisme et à une crise multidimensionnelle. 

Plusieurs camps déjà évacués

La junte a affirmé "l'échec" de la mission et dénoncé "l'instrumentalisation" qu'elle aurait faite des droits humains. La Minusma, dont les effectifs ont tourné autour des 15 000 soldats et policiers – et dont plus de 180 membres ont été tués dans des actes hostiles –, est censée être partie avant le 31 décembre. 

Elle a déjà quitté un certain nombre de camps dans le centre et le nord, mais a engagé la phase la plus délicate de son désengagement avec ceux de la région de Kidal. La Minusma a quitté récemment le camp d'Aguelhok sans le remettre formellement aux autorités maliennes. Un cas de figure semblable risque de se produire à Kidal, d'où l'armée malienne est absente.

L'armée malienne a dépêché il y a quelques semaines une importante colonne en direction de Kidal. Mais le convoi se trouverait encore à Anéfis, à environ 110 km au sud de Kidal. L'armée a aussi envoyé des renforts à Tessalit, autre camp libéré par la Minusma, à environ 200 km de Kidal.

Les relations déjà dégradées entre la junte et la Minusma ont continué à se tendre avec le retrait des Casques bleus du nord. La Minusma se plaint de la non délivrance d'autorisations de vol qui la contraint à entreprendre de longs et dangereux trajets par la route en s'exposant aux attaques et aux engins explosifs improvisés des jihadistes.

Elle rapporte aussi les obstructions faites au déplacement de ses convois et dit avoir dû détruire ou mettre hors d'usage des équipements faute d'avoir pu les emporter.

Avec AFP

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