A l’heure où l’augmentation des prix sur les produits de première nécessité explose et qu’environ 3 millions de Français ont eu recours à l’aide alimentaire, on dénombre encore 2 millions de personnes vivant dans des communes en «zone blanche», où l’accès à l’aide associative est difficile. Ce mercredi 11 octobre, la Croix-Rouge française et la Fondation Crédit mutuel Alliance fédérale ont annoncé leur plan triennal de solidarité visant à améliorer la mobilité vers les associations dans ces endroits. Budget de 7,5 millions d’euros, soit 15 % annuel du dividende sociétal de la fondation, prise en charge des frais de fonctionnement, échanges autour du programme et accompagnement financier sur le long terme font de ce projet une nouveauté pour la Croix-Rouge.
Ces zones blanches sont décrites par Samia Gheraia, responsable nationale du programme mobilité à la Croix-Rouge, comme des «déserts de solidarité», c’est-à-dire des communes qui se trouvent à plus de 20 kilomètres de toute structure sociale, considérant qu’il est impossible de s’y rendre sans moyen de transport. Pour combler ces lacunes, la Croix-Rouge et la Fondation Crédit mutuel souhaitent, sur les trois prochaines années, développer le dialogue entre les acteurs associatifs départementaux afin de mettre en place près de 400 nouvelles solutions de mobilité.
Suivant les besoins de chaque commune, les actions menées seront différentes, dans une logique de rapprocher les associations des bénéficiaires et de leur proposer des solutions de transports. Ils espèrent développer, dans chaque département, du covoiturage solidaire avec les voitures de la Croix-Rouge, des vélos triporteurs (comme le fait déjà l’ONG en Loire-Atlantique pour les Ehpad), des «bus de santé» vers l’accès aux soins, des food-trucks solidaires se déplaçant dans les communes ou des «frat’mobiles», censé créer un lieu d’échange itinérant. «Le pari, c’est de passer d’une logique de “par-ci, par-là” à une logique de gouvernance collective sur les questions de mobilité», précise Samia Gheraia.
«Près de 4,5 millions de personnes en France n’ont accès à aucun moyen de transport», cite-t-elle, et «72 000 personnes pourraient bénéficier directement du projet». Ils veulent particulièrement cibler «ceux qui ne poussent pas la porte des services existants», parmi lesquels se trouvent les familles monoparentales, les personnes âgées isolées ou ceux qui suivent des parcours de réintégration dans la formation ou l’apprentissage. La présence de la Croix-Rouge sur 1 125 communes isolées sera accrue de 28 % via des bénévoles et des représentants du Crédit mutuel.
Le programme commencera dans quatre départements, l’Aude, le Cantal, la Haute-Garonne et l’Essonne, jusqu’à décembre. Des lieux choisis pour leur diversité de typologie puisqu’ils présentent des territoires ruraux, des milieux urbains, des zones montagneuses ou un clivage fort entre communes riches et pauvres.
Les représentants de la Croix-Rouge sur place passeront par un collectif départemental, interrogeant notamment les bénévoles locaux sur les déserts solidaires et leurs besoins, avant de lancer des solutions. Le projet s’étendra à 40 départements en 2024 puis 50 en 2025, pour finir sur tout le territoire français d’ici 2026.