L'enfer à Gaza: «Elle attend l'opération pendant que j'ampute son frère»

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L'enfer à Gaza«Elle attend l'opération pendant que j'ampute son frère»

LUXEMBOURG/GAZA – MSF Luxembourg a transmis à «L'essentiel» des témoignages des équipes de l'ONG dans la bande de Gaza. Tous décrivent une situation apocalyptique.

Thomas Holzer
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Thomas Holzer
Le Dr. Obeid en pleine opération d'un enfant dans un couloir.

Le Dr. Obeid en pleine opération d'un enfant dans un couloir.

MSF

Plus de trois semaines après le début de la guerre entre Israël et le Hamas, la situation humanitaire continue de se détériorer dans la bande de Gaza, laissant les ONG impuissantes face à tant de souffrance. Suite à l'appel à préserver les vies des civils, MSF Luxembourg continue de se mobiliser en partageant les expériences de ses équipes sur le terrain, tout en demandant «l'arrêt immédiat de l'effusion de sang aveugle».

Les témoignages rapportés font froid dans le dos. Le Dr. Obeid, chirurgien MSF, raconte des opérations d'enfants «sous légère sédation» par manque de moyens et dans des conditions déplorables «parfois dans le couloir». «Une fille âgée de 13 ans, en attente d'une opération, me regarde alors que j'ampute la moitié du pied de son frère (…) C'est le mieux que nous puissions faire».

Des résidents de Gaza à la recherche de survivants après un bombardement.

Des résidents de Gaza à la recherche de survivants après un bombardement.

Mohammed ABED

Coordinatrice médicale de MSF pour la Palestine, Guillemette Thomas déplore, elle, «des blessés qui sont tous en danger de mort dans les heures à venir». «Aujourd’hui, on estime que 60% de la population de Gaza, soit plus d’un million de personnes, vit dehors et n’a accès à rien. Ils manquent d’eau et d’accès aux soins, plus aucun soin de santé primaire n’est disponible, car les cliniques sont fermées. Les conditions d’hygiène sont très mauvaises».

Seul un cessez-le-feu pourrait permettre aux hôpitaux de fonctionner à nouveau.

Pour la population qui n'a pas encore été victime des bombardements, c'est «un choix impossible» qui se dessine: rester ou partir? Louai Harb, infirmière pour MSF, a choisi de ne pas quitter sa maison «car il n'y a d'endroits sûrs nulle part». «Les gens pensent que l'hôpital est un lieu sûr. Or, il n'en existe aucun».

«Je me reproche d'avoir eu des enfants dans un monde si terrible»

Israa Ali, interprète pour MSF

Au-delà de la situation sanitaire cataclysmique, c'est un enfer au quotidien que vivent les habitants de Gaza, comme le décrit Israa Ali, interprète pour MSF: «Le jour se lève alors que nous sommes déjà réveillés. Nous nous tournons et retournons en essayant de dormir un peu, mais le bruit des bombardements nous en empêche (…) La voix troublée de mon enfant devient peu à peu compréhensible: ''Maman, j'ai faim, je veux prendre un petit-déjeuner''. Tout en préparant le petit-déjeuner avec le strict minimum, je commence à me reprocher d'avoir eu des enfants et de les avoir amenés dans un monde où les conditions sont si terribles».

«Après avoir essayé de me calmer et de calmer mes enfants, qui se réveillent souvent en pleurant, je pense à mon père, à ma mère et à ma famille, qui ont trouvé refuge ailleurs, mais dans les mêmes circonstances», poursuit-elle.

Activités suspendues

MSF a été obligé de suspendre ses activités à Gaza, en raison du siège et des bombardements intensifs: «Notre personnel en dehors de la bande travaille d'arrache-pied à la préparation des fournitures médicales et humanitaires qui seront envoyées à Gaza lorsque l'accès sera ouvert. Nous enverrons des équipes d'urgence si et quand nous le pourrons. Nous aimerions pouvoir faire beaucoup plus…».

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