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Bangladesh: des milliers d'ouvriers du textile érigent des barricades pour de meilleurs salaires

Après plusieurs jours de manifestations qui ont fait au moins deux morts, des milliers d'ouvriers ont érigé des barricades ce mercredi 1er novembre sur des artères de Dacca, réclamant des hausses de salaire aux usines de textile qui fournissent de grandes marques occidentales.

Les manifestants réclament un salaire mensuel minimum de 190 euros, soit près de trois fois le salaire actuel.
Les manifestants réclament un salaire mensuel minimum de 190 euros, soit près de trois fois le salaire actuel. AFP - MUNIR UZ ZAMAN
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La police rapporte qu'au moins 5 000 ouvriers du textile ont dressé des barrages routiers dans le quartier de Mirpur. Mais un correspondant de l'AFP sur place estime que le nombre de manifestants pourrait être nettement plus élevé. « Aucune violence » n'a été signalée, a déclaré le commissaire adjoint de la police métropolitaine de Dacca, Omar Faruq. Dans la ville industrielle de Gazipur, au nord de la capitale, le chef régional de l'unité de police industriel signale en revanche qu'environ 1 500 manifestants ont jeté des pierres sur plusieurs usines. « Nous avons tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser les manifestants », explique-t-il à l'Agence France-Presse.

Les ouvriers exigent un salaire mensuel minimum de 23 000 takas (190 euros), soit près de trois fois plus que les 8 300 takas (70 euros) actuels. Selon les syndicats, les conditions de salaires et de travail sont désastreuses pour une grande part des quatre millions de travailleurs du secteur.

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Le Bangladesh est l'un des plus grands exportateurs de vêtements au monde, avec une industrie textile forte de quelque 3 500 usines qui fournissent des marques occidentales comme Gap, H&M et Levi Strauss et représentent 85% des 55 milliards de dollars d'exportations annuelles de ce pays d'Asie du Sud. De grandes marques, dont Adidas, Hugo Boss, ou encore Puma, ont écrit au début du mois à la Première ministre Sheikh Hasina, ayant « remarqué » que les salaires nets mensuels moyens n'avaient « pas été ajustés depuis 2019 alors que l'inflation a considérablement augmenté au cours de cette période ».

Deux morts

Selon les syndicats, la colère des ouvriers a explosé quand la puissante association des fabricants a proposé une augmentation de 25%, ignorant leurs revendications. Les manifestations ont commencé au début de la semaine dernière, mais la contestation a tourné à la violence lundi avec le débrayage de dizaines de milliers d'ouvriers à Gazipur où une usine de six étages a été incendiée, entraînant la mort d'un ouvrier. Au moins un deuxième ouvrier a été tué, mortellement blessé dans des heurts opposant la police aux manifestants et décédé alors qu'il était transporté à l'hôpital.

Le gouvernement de Sheikh Hasina a instauré cette année un comité chargé de fixer un nouveau salaire minimum. Mardi, Faruque Hassan, président de l'Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh (BGMEA), a promis qu'ils augmenteraient le salaire minimum à partir du mois prochain, mais sans préciser le montant de la hausse.

Ces manifestations ouvrières surviennent au moment où le Bangladesh est secoué par de violents rassemblements antigouvernementaux dans plusieurs villes, les partisans des partis d'opposition exigeant la démission de Sheikh Hasina avant les élections prévues fin janvier. Deux militants de l'opposition ont péri dans des circonstances non éclaircies, selon les autorités de Kuliarchar, au nord de Dacca. Dimanche, la police a inculpé Mirza Fakhrul Islam Alamgir, chef du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), ainsi que plus de 150 autres membres importants du parti, du meurtre d'un policier.

(Avec AFP)

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