Apologie du terrorisme et incitation à la haine : l'imam de Beaucaire est condamné à huit mois de prison avec sursis
Yassin El Himar, 32 ans, a plaidé à l'audience la maladresse pour expliquer sa publication sur Facebook d'un texte religieux dans laquelle figurait la phrase "Ô musulman, viens tuer ce juif qui se cache derrière moi".
Le tribunal correctionnel de Nîmes a condamné ce jeudi 2 novembre à une peine de huit mois de prison avec sursis, assortie d'un an d'interdiction professionnelle Yassin El Himar, 32 ans, l'imam franco-marocain de Beaucaire, jugé en comparution directe après son interpellation lundi soir à l'aéroport de Marignane, pour "apologie publique du terrorisme " et "provocation publique à la haine". Le procureur avait requis un peu plus tôt une peine de huit mois ferme et un mandat de dépôt.
Suivi par 2100 personnes sur Facebook
L'imam, qui ne s'était semble-t-il jamais fait remarquer pour des propos extrémistes, avait publié le 12 octobre sur son compte Facebook, suivi par 2100 followers, un Hadith, un texte religieux rapportant des propos du prophète Mahomet, où figurait ce passage : "Vous combattrez les juifs et aurez le dessus sur eux de sorte que la pierre dira : ô musulman ! Voici un juif caché derrière moi. Viens le tuer". La publication avait été dénoncée par le préfet au parquet, qui a ordonné la garde à vue, puis la comparution directe de l'imam.
"C'était une erreur"
"Je n'ai jamais appelé à la haine ou à la violence, c'est la première fois qu'il y a un hadith comme ça publié sur ma page Facebook" a expliqué Yassin El Himar, imam à Beaucaire depuis 2020, après avoir officié pendant cinq ans à Nîmes, au quartier Valdegour, puis Chemin-Bas-d'Avignon. "Sur le coup je n'ai pas vu le mal, pour moi c'était un récit sur ce qui se passerait à la fin des temps. C'était une erreur, aujourd'hui je la désavoue."
"Les mots sont explicites, il n'y a pas d'interprétation possible" souligne le président.
Quatre fidèles viennent témoigner
Quatre jours plus tard, il a posté une photo de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem, devant laquelle flotte un drapeau palestinien, ce qui peut être interprêté comme un message prônant une invasion. "Je n'ai pas réfléchi." Le magistrat : "C'est quand même votre métier de réfléchir."
Quatre fidèles de la mosquée de Beaucaire sont venus certifier que l'imam est opposé à tout discours radical et n'a jamais tenu le moindre propos belliqueux. "Il n’y a aucune ambiguïté. Dans ses prêches il n’appelle qu’à l’apaisement" a souligné l'un d'eux.
Pas de quoi cependant convaincre les deux parties civiles, le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme et l'Organisation juive européenne.
"Propagateur de haine, empoisonneur public"
"Pour moi il fait partie des propagateurs de haine, des empoisonneurs publics. Ce que je vois aujourd’hui c’est un appel au meurtre, comme les Sorel, les Dieudonnés, qui fabriquent les croyances de ceux qui se radicalisent" a insisté Me Andréa Assor-Doukhan, pour l'OJE.
"Le 7 octobre a été un déclencheur qui nous a montré à quel point l’antisémitisme en présent en France et que nous sommes sur une poudrière qu’il faut immédiatement arrêter" a de son côté souligné Me Corinne Serfati, du barreau de Perpignan, pour le BNVCA.

En défense, Me Saphia Boukhari-Faghar a plaidé la relaxe, dénonçant la procédure de comparution directe, impossible selon elle en l'état. "Son état d’esprit n’est pas de heurter ou de choquer quiconque. Son but ultime n’est pas de générer de la haine".
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