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Russie : Vladimir Poutine acte la sortie du traité interdisant les essais nucléaires

Le président russe a retiré son pays du Traité d’interdiction des essais nucléaires ce jeudi 2 novembre, confirmant une annonce formulée début octobre.
par LIBERATION et AFP
publié le 2 novembre 2023 à 18h38
(mis à jour le 2 novembre 2023 à 18h59)

Pas d’apaisement en vue sur le nucléaire. Sur fond de conflit en Ukraine et de crise avec les Occidentaux, Vladimir Poutine a signé ce jeudi 2 novembre la loi sur la révocation de la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN). Avec cette sortie symbolique du traité – ouvert à la signature en 1996, il n’est jamais entré en vigueur faute de ratification par un nombre suffisant d’Etats parmi les 44 pays qui détenaient des installations nucléaires au moment de sa création –, Moscou fait «un grand pas dans la mauvaise direction, qui nous éloigne au lieu de nous rapprocher, d’une entrée en vigueur», tance ce jeudi soir le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken.

Début octobre, le président russe avait annoncé que son pays pourrait révoquer la ratification du TICEN, en réponse aux Etats-Unis, qui ne l’ont jamais fait. «Je ne suis pas prêt à dire si nous devons ou pas reprendre les essais», avait-il ajouté, tout en vantant le développement de nouveaux missiles surpuissants capables de transporter des ogives nucléaires.

La loi sur la révocation de la ratification du Traité d’interdiction des essais nucléaires avait d’abord été adoptée par la Douma, la Chambre basse du Parlement russe, avant d’être votée à l’unanimité par la Chambre haute fin octobre. Le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, avait qualifié ce vote de «réponse à une attitude odieuse des Etats-Unis envers leurs obligations sur le maintien de la sécurité globale».

Un risque d’escalade nucléaire ?

La promulgation de la loi russe est «très décevante et profondément regrettable», a réagi dans un communiqué Robert Floyd, secrétaire exécutif de l’organisation onusienne chargée du traité (OTICE). En dépit de cette décision, il a cependant relevé que la Russie s’était dite «encore attachée» au traité, «y compris au fonctionnement de toutes les stations de surveillance de l’OTICE sur son territoire», qui permettent de détecter en temps réel la moindre explosion.

Depuis le début du conflit avec l’Ukraine, en février 2022, Vladimir Poutine s’est amusé à souffler le chaud et le froid sur la question, menaçant d’avoir recours à l’arme nucléaire. Durant l’été 2023, des armes nucléaires tactiques ont ainsi été déployées au Bélarus, son plus proche allié. Fin octobre, la Russie a également procédé à des tirs d’essai de missiles balistiques, affirmant qu’elle se préparait à une «frappe nucléaire massive» de riposte.

Pour rappel, la doctrine nucléaire russe prévoit un recours «strictement défensif» à l’arme atomique, en cas d’attaque de la Russie avec des armes de destruction massive ou en cas d’agression avec des armes conventionnelles «menaçant l’existence même de l’Etat».

En février, le Kremlin avait aussi suspendu sa participation au traité de désarmement nucléaire New Start, signé avec les Etats-Unis en 2010. Il s’agissait du dernier accord bilatéral liant Russes et Américains.

Mise à jour : ajout ce jeudi 2 novembre à 18 h 57 de la réaction du secrétaire américain, Antony Blinken.

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