L’Italie en passe de devenir le premier pays à interdire les aliments de synthèse

Lundi, un projet de loi visant à interdire la production, l’importation et la commercialisation d’aliments produits en laboratoire devrait être débattu à la chambre basse du Parlement. [Shutterstock/Aha-Soft]

L’Italie interdira les aliments de synthèse, a déclaré le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, lors d’un évènement organisé par les Conservateurs et Réformistes européens (CRE) auquel participait le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, le week-end dernier.

Lundi (6 novembre), un projet de loi visant à interdire la production, l’importation et la commercialisation d’aliments produits en laboratoire devrait être débattu à la chambre basse du Parlement.

Organisé par le groupe des Conservateurs et réformistes européens à Kilkenny, en Irlande, l’évènement intitulé « Traditions et innovation : Un avenir conservateur pour les agriculteurs européens » a permis à d’éminents politiciens conservateurs de discuter des défis et des opportunités européens et de la collaboration en matière d’élevage, d’agriculture et d’économie verte. M. Lollobrigida et M. Wojciechowski y ont tous deux assisté à distance.

« L’Italie sera la première nation sans aliments de synthèse et veut montrer l’exemple sur la manière de les réglementer », a déclaré M. Lollobrigida (Frères d’Italie/CRE).

« Nous avons choisi le principe de précaution […] La qualité des aliments est fondamentale et nous ne pouvons accepter une société divisée en deux, avec des aliments de qualité produits uniquement pour une élite riche. Nous sommes convaincus que tout le monde doit pouvoir bien manger », a ajouté le ministre.

La position de M. Lollobrigida a été largement partagée par le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski (Droit et justice, PiS/CRE), qui s’est exprimé au cours de l’évènement CRE dans le cadre d’un dialogue ouvert avec le ministre italien.

« En tant que commissaire, je suis favorable à l’agriculture traditionnelle et je protège très fortement les produits naturels. Le système d’étiquetage ne dépend pas de moi, mais j’essaie de protéger la tradition », a expliqué M. Wojciechowski.

« La viande de synthèse n’est pas de la viande, le lait de synthèse n’est pas du lait. Je défends le produit naturel, et utiliser le nom du produit naturel pour le produit de synthèse, à mon avis, nous n’allons pas dans la bonne direction », a-t-il ajouté, rappelant que la Commission européenne alloue plus de 6 milliards d’euros pour soutenir le bien-être animal et, plus généralement, l’agriculture traditionnelle.

Toutefois, le modèle agricole proposé par les conservateurs s’oppose ouvertement à celui adopté par l’UE, qui, selon les Frères d’Italie, est trop bureaucratique et incapable de relever les nouveaux défis auxquels le continent est confronté.

« Les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs risquent de payer un prix très élevé pour les folies idéologiques qui se cachent derrière le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal), qui pénalise les producteurs avec des objectifs de réduction des émissions qui ne conduiront qu’à une diminution de la production alimentaire », a expliqué l’eurodéputé Carlo Fidanza, chef de file de la délégation des Frères d’Italie au sein du Parlement européen.

« La diminution de la production alimentaire ne sera remplacée à moyen terme que par une augmentation des importations en provenance de pays qui ne respectent pas nos normes de durabilité et de qualité ou par des produits de laboratoire dont nous n’avons aucune certitude », a-t-il ajouté.

Pour renverser le système, le groupe des Conservateurs et Réformistes doit faire un bon score aux élections européennes de juin 2024 et trouver des alliés pour former une majorité alternative à la gauche au Parlement européen.

« Après les prochaines élections, nous comptons avoir un CRE de plus en plus fort à Bruxelles », a ajouté M. Fidanza.

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