Vols, contrôle des dépenses... Quatre femmes sur dix sont victimes de violences économiques dans leur couple

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Vols, contrôle des dépenses... Quatre femmes sur dix sont victimes de violences économiques dans leur couple

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Une femme a deux fois plus de chances d’être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint
Une femme a deux fois plus de chances d’être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint
© Getty - Kathleen Finlay

Une enquête IFOP pour la newsletter féministe Les Glorieuses s'est penchée sur les violences économiques conjugales dont sont victimes les femmes. Il en ressort que 41% des femmes ayant déjà été en couple ont connu au moins une fois une forme de violences économiques.

Vouloir avoir un contrôle sur les finances de sa partenaire, causer son appauvrissement ou un manque à gagner jusqu'à la déposséder de ses biens et lui faire perdre son autonomie financière... Autant de violences économiques conjugales dont sont victimes 41% des femmes en France, selon  une enquête IFOP pour la newsletter féministe Les Glorieuses, rendue publique le 31 octobre 2023.

Des conclusions alarmantes alors que les inégalités salariales reculent encore lentement. Le 6 novembre 2023 à partir de 11h25, les femmes "travailleront gratuitement en France", selon "Les Glorieuses". Une date symbolique qui vise à sensibiliser sur les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes. L’écart de salaire est de 15,4% en France selon Eurostat. Le message de la newsletter Les Glorieuses est clair : prévenez les violences économiques conjugales, payez les femmes davantage.

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Du vol d'argent à l'interdiction d'avoir un compte en banque

C’est la première fois qu’une étude d'une telle ampleur est réalisée sur le sujet selon la newsletter féministe.  Héloïse Bolle est la fondatrice d’ Oseille & compagnie, une société de conseil et d’éducation financière, et elle a travaillé sur cette enquête. "Les violences économiques conjugales, ce sont des organisations financières de couple qui desservent la victime sur le plan économique et qui l'appauvrissent progressivement ou qui l'empêchent de s'enrichir", explique-t-elle à France Inter. Un phénomène qu'elle décrit comme "très très massif". Des violences qui prennent des formes très variées.

D'après l'étude, une femme a deux fois plus de chances d'être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint. Le sondage révèle que 27% des femmes en couple avec un conjoint qui gagne beaucoup plus qu’elles ont déjà été victimes d’au moins une violence économique de la part de leur partenaire actuel, contre 14% des femmes aux revenus équivalents à leur conjoint.

L'étude relève aussi que 16% des femmes qui ont déjà été en couple au moins une fois subissent, ou ont déjà subi, un contrôle de leurs finances par leur partenaire. Elles sont souvent victimes de vol d’argent, de contrôle de leurs dépenses par leur partenaire, de blocage des cartes bancaires ou même d'opposition pure et simple d'avoir un compte bancaire personnel.

Des inégalités dans les dépenses du foyer

Près d'un tiers des femmes (33%) disent être dans une situation de violences économiques liées aux dépenses : cela implique notamment un conjoint qui ne rembourse pas des frais engagés sur le budget personnel ou des dépenses du conjoint à partir d’un budget pourtant consacré au foyer. "Une violence économique assez classique, c'est de vivre avec quelqu'un qui gagne beaucoup plus d'argent que vous et qui vous impose une répartition des dépenses à 50/50", explique Héloïse Bolle. Cela concerne 16% des femmes interrogées. "A la fin du mois, cette personne va avoir de l'argent de côté pour épargner et vous ramez derrière pour ramener la moitié des dépenses alors que vous n'en avez pas les moyens", détaille-t-elle.

Et cela pèse sur les activités professionnelles des victimes. Ainsi, plus d'une femme sur dix (12%) assure que leur partenaire s'oppose à ce qu'elle travaille ou alors ne veut pas qu'elle occupe un poste mieux rémunéré que le sien. 
Ces violences concernent aussi l'épargne et l'endettement. Ainsi, 17% des femmes se sont retrouvées dans une situation  où leur partenaire contracte des dettes en commun sans l'en informer ou gère l'épargne du couple sans lui demander son avis.

Les violences économiques, "le début des violences conjugales"

De nombreuses victimes ne sont pas conscientes des violences économiques subies. "Vous avez plein de femmes qui trouvent que cela fait partie des choses normales. Laisser gérer l'autre parce qu'elles se disent qu'il gère un peu mieux ou parce qu'elles font confiance et parfois ça peut se tourner contre elles avec des formes de violences très aigues", explique Héloïse Bolle. D'autre part, elle assure que certaines femmes qui ont conscience de ces violences n'en parlent pas "parce qu'elles ont honte de cette situation, la plupart des femmes ont beaucoup de mal à en parler". Une grande partie de ces violences économiques conjugales ne sont pas dénoncées selon Héloïse Bolle. "Lorsque vous vivez avec quelqu'un c'est très compliqué d'aller porter plainte contre lui ou elle" , dit-elle.

Selon l'étude, 99% des femmes victimes de violences économiques conjugales ont subi aussi d’autres formes de violences conjugales. Des violences verbales, physiques ou psychologiques. "Dans beaucoup de situations les violences économiques marquent le début des violences conjugales", raconte Héloïse Bolle. "C'est une forme de violence qui va aboutir progressivement à votre dépossession financière, à votre appauvrissement et donc à votre dépendance financière vis à vis de votre partenaire. Si vous êtes dépendante sur le plan financier, c'est beaucoup plus difficile de partir et donc de sortir des autres formes de violence", poursuit-elle. Ainsi, lutter contre les violences économiques conjugales permet aussi de lutter contre les autres formes de violences conjugales, souligne Les Glorieuses.

Un baromètre pour sensibiliser les femmes

Pour lutter contre les violences économiques conjugales, la newsletter Les Glorieuses a créé  une plateforme de sensibilisation en ligne. Un test a aussi été mis en place pour permettre aux femmes de déterminer si elles ont été victimes de violences économiques psychologiques ou pas.

Enfin un baromètre a aussi été imaginé sur le même modèle du  "violentomètre" pour mieux informer les victimes. "C'est une échelle de situation qui sont très acceptables, moyennement acceptables, qui doivent carrément attirer notre vigilance ou qui doivent vous pousser à aller demander de l'aide", décrit Héloïse Bolle.

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L’étude Ifop pour Les Glorieuses a été réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 17 au 19 octobre 2023 auprès de 951 femmes ayant déjà été en couple, extrait d’un échantillon de 1.101 femmes représentatif de la population féminine vivant en France métropolitaine âgée de 18 ans et plus.

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