"Le pire, c’est de penser à la souffrance du petit": la grand-mère niçoise d’Eitan, otage du Hamas, raconte un mois en "enfer"

"On prend des médicaments pour oublier la nuit, oublier le jour... C’est invivable." Jocelyne n’est pas sûre de trouver les mots justes. À 76 ans, cette grand-mère installée à Nice est harassée. Voilà un mois qu’elle et sa famille vivent "l’enfer". Son petit-fils Eitan, 12 ans, Franco-Israélien, a été enlevé par le Hamas dans le kibboutz de Nir Oz, sous les yeux de sa fille Batsheva. Depuis, Jocelyne est sans nouvelle d’Eitan et de son père Ohad, à l’instar de milliers de proches (240 otages, quatre libérés à ce jour). Après s’être confiée à RTL, Jocelyne trouve encore la force de témoigner. Pour dessiner un visage sur les huit otages français. Le visage d’un enfant de 12 ans, ancien élève d’école maternelle à Nice.

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Christophe Cirone Publié le 07/11/2023 à 08:26, mis à jour le 07/11/2023 à 11:34
Eitan, 12 ans. Photo DR

Où s’est déroulé l’enlèvement?
Ils habitaient dans un kibboutz, un village agricole à deux kilomètres de la bande de Gaza. Ils vivaient en parfaite harmonie avec les voisins arabes, dans une petite bulle paisible. Le Hamas était tout près, mais personne n’y a fait attention. Personne n’a imaginé ce scénario. C’était une erreur...

Des hommes armés ont envahi la maison de votre fille et votre gendre?
C’était une troupe armée ! En entendant les sirènes sonner, ils se sont mis dans la chambre sécurisée. Mon gendre est sorti pour refermer derrière lui. Il a été blessé par deux balles, au visage et à la hanche. Quatre terroristes sont entrés et ont dit à ma fille: "Venez!" Elle ne voulait pas. Alors ils ont mis un revolver sur chacun des enfants en disant: "Venez où je tire."

Les terroristes sont repartis à moto?
Ils ont mis Eitan et Liel, un bébé, sur une moto ; Batsheva et sa fille Yael, 10 ans, sur une autre. Comme Liel hurlait, ils l’ont rendue à ma fille. Elle a vu deux tanks israéliens. Elle leur a fait des signes mais ils ne l’ont pas vue. Le deuxième terroriste a glissé, sa moto est tombée à terre. Tous les passagers sont descendus. Ils ont fait les morts. À la fin, un bus qui amenait des soldats les a pris en charge.

Comment avez-vous vécu la suite?
Les premiers jours, on était tétanisées. Ma fille a essayé de reprendre le dessus, d’être là pour son fils. Moi, je sortais tous les matins ma petite-fille traumatisée et le bébé. Ça a été très compliqué. Le pire, c’est cette angoisse: qu’est-il arrivé au petit Eitan, un garçon tellement gentil?

Qui vous épaule dans cette épreuve?
Ma fille a eu des contacts avec le gouvernement israélien. Moi, avec le consulat français. Je pense qu’ils ont éprouvé de la sympathie pour les familles avec des kidnappings. Ce ne sont pas des crimes de guerre, mais des crimes contre l’humanité!

Avez-vous des nouvelles des otages?
On ne peut pas en avoir. Je pense que le gouvernement ne veut pas rendre publiques ces opérations, car cela casserait sa stratégie militaire.

Malgré les critiques qui le visent, pensez-vous que tout soit fait pour les sauver?
Tel que je connais Israël, ils feront tout pour récupérer les otages.

Leur sort a été quelque peu éclipsé par les bombardements sur Gaza...
Je suis moi aussi très émue par les civils palestiniens qui meurent. Mais mettez-vous à notre place! Si vos enfants ou petits-enfants étaient kidnappés, quelle serait votre réaction? Le kidnapping, ça n’a rien à voir avec la guerre.

Comment vivez-vous cette situation?
Elle est invivable. On ne sait pas comment ils vivent sous terre, là-bas, entourés de cinquante terroristes. On ne mange pas, on ne dort pas, on vit sous médicaments... On pense qu’Eitan est vivant et qu’on va pouvoir le récupérer. Mais c’est l’enfer ! Et le pire enfer, c’est de penser à la souffrance du petit...

Le père d'Eitan, Ohad. Photo DR.

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Nice-Matin

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