La France à nouveau premier producteur de vin, la production mondiale au plus bas depuis 1961
Entre gel, mildiou ou sécheresses, la production mondiale de vin se trouve, en 2023, au plus bas en 62 ans. La France redevient tout de même le premier producteur mondial, devant l’Italie.
Gels précoces, pluies diluviennes, mildiou ou sécheresses… La production mondiale de vin a chuté cette année de 7 % par rapport à 2022, tombant à son plus bas niveau depuis 1961, selon une estimation de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) publiée ce mardi 7 novembre 2023.
La France, avec une production stable, redevient le premier fournisseur de vin au monde devant l’Italie, où la production a chuté de 12 %, relève l’OIV, relayée par l’Agence France-Presse et par Reuters, dans sa première évaluation des vendanges 2023.
« De plus en plus d’événements extrêmes »
Les phénomènes qui ont affecté la vigne cette année sont très disparates et il n’a pas encore été démontré qu’ils étaient directement liés au changement climatique, assure Inaki Garcia de Cortazar-Atauri, de l’institut de recherche agronomique Inrae. Les conséquences des fortes pluies en Italie par exemple sont aussi liées à l’artificialisation des sols, explique à l’AFP ce spécialiste de l’impact du changement climatique sur l’agriculture.
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En revanche, on peut faire le constat qu’on a de plus en plus d’événements extrêmes récurrents
comme les canicules ou les pluies importantes dans certaines zones, qui se rajoutent à des fléaux connus depuis longtemps comme le mildiou.
Demande en baisse
La production de vin devrait au total atteindre entre 241,7 et 246 millions d’hectolitres, selon des informations collectées par l’OIV dans 29 pays représentant 94 % de la production mondiale. Dans l’hémisphère nord, à l’instar de l’Italie, la production viticole a particulièrement pâti de divers aléas en Espagne (-14 %) et en Grèce (-45 %).
En France, même si la production se stabilise dans son ensemble, il existe de fortes disparités, relève l’OIV. Le Bordelais et la région du sud-ouest ont fait face à la propagation du mildiou tandis que le Languedoc-Roussillon a été affecté par des vagues de chaleur et la sécheresse. Des volumes particulièrement importants
sont en revanche attendus dans le Cognac, en Corse et en Champagne, souligne l’OIV.
Dans l’hémisphère sud, l’Australie (-24 %), l’Argentine (-23 %), le Chili (-20 %) et l’Afrique du Sud (-10 %) ont été particulièrement touchés. Quelques pays ont tiré leur épingle du jeu, à commencer par les États-Unis (+12 %), qui conservent leur place de quatrième fournisseur mondial, à la faveur de températures fraîches et de fortes pluies hivernales dans les régions viticoles de Napa et de Sonoma.
Seuls les États-Unis et certains pays de l’Union européenne comme l’Allemagne, le Portugal et la Roumanie ont connu des conditions climatiques favorables qui devraient permettre d’obtenir « des volumes moyens ou supérieurs à la moyenne ». L’OIV précise tout de même que ces prévisions doivent être prises avec précaution car les informations de grands pays comme la Chine ne sont pas encore disponibles, souligne Reuters.
Pas forcément une mauvaise nouvelle, pour l’OIV
La baisse de la production n’est toutefois pas forcément une mauvaise nouvelle, relève l’OIV. Avec une consommation mondiale en déclin et des stocks élevés dans de nombreuses régions du monde, cette faible production attendue pourrait rééquilibrer le marché mondial
, souligne l’organisation.
Le fait que la France redevienne premier producteur mondial laisse ainsi indifférent le président des Vignerons coopérateurs de France, Joël Boueilh. J’ai plutôt envie d’avoir des vignerons qui produisent des vins qui se vendent bien
, disait-il lors d’un point presse mi-octobre, rappelle l’AFP.