Aaron Swartz : hacktiviste des savoirs

Aaron Swartz : hacktiviste des savoirs.
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Aaron Swartz : hacktiviste des savoirs #CulturePrime
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Aaron Swartz : hacktiviste des savoirs

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Si autant de revues, d'articles scientifiques, sont consultables gratuitement sur Internet, c'est en partie grâce à lui. Un prodige du Web qui s'est engagé dès son plus jeune âge pour la libre circulation des connaissances.

Hacktiviste de génie, il s'est battu toute sa vie pour la libre circulation des informations et des savoirs. Voici comment Aaron Swartz a défendu l'Internet libre, avant de se suicider à l'âge de 26 ans.

Un enfant prodige du net

Aaron Swartz est un enfant surdoué. Son père édite des logiciels informatiques et le garçon se passionne pour les ordinateurs dès ses 3 ans. Deux ans avant Wikipédia, il code à l’âge de 13 ans The Info Network, un site participatif de partage de connaissances.

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Adolescent, il participe à la création de deux innovations majeures du Web encore utilisées aujourd'hui : le flux RSS et la licence Creative Commons. Très vite, il est repéré par Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web, qui voit en lui un prodige du net.

Quand des enfants de son âge faisaient du vélo, du sport ou regardaient la télévision, Aaron travaillait de façon conséquente avec des hommes et des femmes trois fois plus âgés. Il aidait à construire la colonne vertébrale de l’Internet moderne. Justin Peters, journaliste

Après un passage éclair d'un an à la prestigieuse université californienne de Stanford, Aaron Swartz se greffe, en 2005, à un projet qui va changer sa vie. Le forum d'agrégation d’actualités et de discussion en ligne, baptisé Reddit, rencontre un succès immédiat. La start-up le rend célèbre et est rachetée par Condé Nast. 

Aaron Swartz lors d'un rassemblement pour le Boston Wikipedia Meetup, en 2009.
Aaron Swartz lors d'un rassemblement pour le Boston Wikipedia Meetup, en 2009.
- Domaine public

Un grand idéaliste

Aaron Swartz devient multimillionnaire à seulement 19 ans. Mais le jeune homme n’aspire ni à l’argent, ni à la célébrité. Ce qu’il veut, c’est créer un monde meilleur. Un idéalisme que le jeune homme décrit depuis son plus âge dans son blog, qu'il alimente jusqu'à la fin de sa vie. Dessus, il explique son combat pour l'Internet libre.

Il a aidé à théoriser les fondements idéologiques d’Internet. La notion que l’information doit être libre, l’idée que les documents publics et les recherches académiques en ligne n’aient pas d'accès payants. Qu’elles ne devraient pas être limitées aux seules personnes qui peuvent se l’offrir. Que tout le monde puisse avoir accès aux fruits de la connaissance humaine. Justin Peters, journaliste

Il lance ensuite Open Library, un site participatif qui recense tous les livres du monde. Mais il se joint aussi à des actions plus politiques. 

En 2008, Aaron Swartz télécharge 2,7 millions de documents PACER, un système gouvernemental qui fait payer l’accès à des documents judiciaires appartenant au domaine public. Il attire alors l’attention des services secrets américains, qui vont le surveiller, lui et sa famille. 

Arrêté pour "téléchargement excessif"

Mais c’est en janvier 2011, que la vie d’Aaron Swartz bascule. Le jeune homme est inculpé pour avoir téléchargé quasiment 4,7 millions de documents de recherche académique depuis la base de données non lucrative JSTOR. Un téléchargement qualifié "d'excessif" par la justice américaine, qui s'est déroulé depuis le campus du Massachusetts Institute of Technology (MIT), où il n’était pas un étudiant. 

Tout cela paraît si petit… Cela ne ressemble pas à une infraction qui mérite les 13 chefs d’inculpation qui ont été retenus contre lui, avec la peine maximum de 95 ans d’emprisonnement. Et pourtant, c’est ce qu’a finalement dû affronter Aaron Swartz. Justin Peters, journaliste

La justice américaine veut le juger pour crime et est bien décidée à faire de lui un exemple. La procureure du Massachusetts de l'époque, Carmen Ortiz, déclarait au sujet du dossier : “Voler, c’est voler. Que vous utilisiez un ordinateur ou une barre de fer.”

Je pense qu’il y a de grandes similitudes entre ce que le gouvernement a fait à Aaron Swartz et ce qu’il comptait faire à Julian Assange et WikiLeaks. Il faut se rappeler que le procès d’Aaron Swartz a débuté au moment où Julian Assange est devenu un personnage public en accédant à des secrets que le gouvernement ne voulait pas voir publiés. Justin Peters, journaliste

Aaron Swartz lors d'un rassemblement contre le projet de loi SOPA.
Aaron Swartz lors d'un rassemblement contre le projet de loi SOPA.
- WikiCommons / Daniel J. Sieradski

L’une de ses dernières actions a été le combat contre le Stop Online Piracy Act (SOPA) qui aurait permis au gouvernement de fermer n’importe quel site internet sur simple soupçon de non respect du copyright. Grâce à son activisme, il fait basculer le vote et enterre le projet de loi.

Après deux ans d’une procédure très dure, que sa famille a décrit comme du harcèlement, Aaron Swartz, en proie à des épisodes dépressifs, met fin à ses jours chez lui en 2013, un mois avant le début de son procès.

Aujourd’hui encore, il est salué comme l’un des grands architectes d’Internet et l’un des militants les plus importants de l’Open Access.

À lire, à regarder :

Le documentaire de Brian Knappenberger, "The Internet's Own Boy : The Story of Aaron Swartz" (2014). 

Le livre de Justin Peters, "The Idealist: Aaron Swartz and the Rise of Free Culture on the Internet" (Gerald Duckworth & Co Ltd, 2016) et celui de Flore Vasseur "Ce qu'il reste de nos rêves" (Des Equateurs, 2019).