Jeremy Corbyn exclu d’une conférence sur l’Europe à Berlin en raison de sa position sur la Palestine

Le théâtre Volksbühne de Berlin, qui accueille l’évènement, a demandé à ce que l’invitation de Jeremy Corbyn soit retirée en raison de la controverse entourant ses opinions sur le conflit entre Israël et le Hamas palestinien. [EPA-EFE/NEIL HALL]

L’ancien dirigeant du Parti travailliste britannique (Labour) Jeremy Corbyn a été déprogrammé d’une conférence sur l’avenir de l’Europe qui devait se dérouler à Berlin cette semaine par le lieu d’accueil en raison de sa « position sur le Moyen-Orient », a-t-on appris mardi (7 octobre).

M. Corbyn était censé prendre la parole lors de la conférence « L’Europe aux Conseils » (Europa den Räten!) organisée par la fondation allemande Rosa Luxemburg, un groupe de réflexion affilié au parti d’extrême gauche Die Linke (GUE/NGL) qui se déroule de mercredi à vendredi (8-10 novembre). Parmi les autres intervenants de cette conférence figurent principalement des personnalités issues des rangs du parti allemand.

Cependant, le théâtre Volksbühne de Berlin, qui accueille l’évènement, a demandé à ce que l’invitation de M. Corbyn soit retirée en raison de la controverse entourant ses opinions sur le conflit entre Israël et le Hamas palestinien, rapporte le Neues Deutschland.

« En raison de la position actuelle de Jeremy Corbyn sur le conflit au Moyen-Orient, nous avons décidé de ne pas lui proposer de s’exprimer en public au Volksbühne », a déclaré un porte-parole du théâtre au journal.

M. Corbyn, qui a quitté la tête du Parti travailliste de centre-gauche en 2019, a suscité la controverse au Royaume-Uni pour avoir refusé de condamner explicitement le Hamas pour son attaque contre Israël début octobre lorsqu’un journaliste de Channel 4 lui a posé la question.

« Je ne soutiens aucune attaque, je les critique donc toutes », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était en faveur de la paix et qu’il souhaitait également que l’occupation israélienne de la Palestine prenne fin.

En Allemagne, ce sujet est extrêmement sensible en raison du passé national-socialiste du pays et de la mémoire historique persistante de l’Holocauste.

Après l’incursion du Hamas, les députés allemands — y compris d’extrême gauche et d’extrême droite — ont adopté à l’unanimité une résolution condamnant le groupe terroriste et exprimant sa solidarité avec Israël, un message qui a depuis été repris à plusieurs reprises par le chancelier Olaf Scholz (SPD, Socialistes et Démocrates européens).

Mais l’indignation suscitée par M. Corbyn remonte à des déclarations antérieures dans lesquelles il qualifiait le Hamas d’« ami », des déclarations sur lesquelles il est par la suite revenu et qu’il a dit regretter.

Sous sa direction, le Parti travailliste a également été en proie à des allégations d’antisémitisme, qui ont poussé plusieurs députés à démissionner. M. Corbyn avait alors été pointé du doigt et accusé de laxisme.

Après que Jeremy Corbyn a affirmé que les cas d’antisémitisme au sein du Parti travailliste avaient été « dramatiquement exagérés pour des raisons politiques », son successeur Keir Starmer, a décidé de lui retirer son rôle de whip (la personne chargée de s’assurer que les élus du parti sont présents et votent selon la ligne de ce dernier).

Le Parti travailliste a ensuite formellement interdit à M. Corbyn de se présenter comme candidat du parti aux élections suivantes.

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[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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