13 États membres n’auraient pas de stratégie contre l’antisémitisme, malgré leurs engagements européens

Mais « à ce stade, au meilleur de ma connaissance […], 13 pays ne le font pas », abonde la ministre, qui indique « mettre la pression, d’abord diplomatiquement, sur la Commission pour savoir où nous en sommes ». [GIAN EHRENZELLER/EPA-EFE]

Treize États membres n’auraient toujours pas de stratégie nationale contre l’antisémitisme malgré leurs engagements européens, tandis que d’autres ne recensent même pas les actes antisémites, a affirmé la secrétaire d’État chargé de l’Europe Laurence Boone lors d’une audition au Sénat mercredi (8 novembre).

Adoptée en 2021, une « stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive », qui n’a pas vocation à être juridiquement contraignante, propose un certain nombre de pistes de réformes pour que les États membres puissent être plus efficaces dans leur combat contre la haine envers les Juifs.

Le document invite notamment les Etats membres à se doter de leurs propres stratégies nationales : tous se sont d’ailleurs engagés à le faire avant la fin de l’année 2022. La Commission européenne, quant à elle, dit vouloir évaluer toutes les stratégies nationales d’ici la fin 2023.

En outre, le document européen déplore que des « données fiables et comparables sur les incidents antisémites » manquent au sein de l’UE, alors que « l’enregistrement des incidents signalés est souvent inégal, les États membres utilisant des méthodes différentes ».

La stratégie, qui doit être revue en 2030, préconise donc de « soutenir les organisations et les projets visant à combattre et à enregistrer les discours et les crimes de haine antisémites ».

Or, « à ce stade, au meilleur de ma connaissance […], 13 pays [n’ont pas de stratégie nationale] », a souligné la secrétaire d’État, qui n’a pas étayé la liste des pays réfractaires. Une minorité de pays, dont la Hongrie, ne ferait même pas le distinguo entre des actes antisémites et d’autres agressions, ajoute le cabinet de la ministre, contacté par Euractiv.

Face à une telle réalité, Laurence Boone s’est engagée à « mettre la pression, d’abord diplomatiquement, sur la Commission pour savoir où nous en sommes ».

« Il y a une obligation morale de la part de la Commission de demander aux Etats membres de se mobiliser sur ce sujet [de l’antisémitisme] au vu de l’actualité », abonde le cabinet de la ministre.

Depuis l’attaque terroriste du Hamas sur Israël le 7 octobre, les actes antisémites se multiplient partout dans le monde occidental. Plus de 1 000 actes antisémites ont été recensés en tout juste un mois en France, le ministre de l’Intérieur Gérard Darmamin parlant « d’explosion ».

Dans une déclaration publiée lundi (6 novembre), la Commission européenne parle quant à elle d’une « flambée des incidents antisémites dans toute l’Europe [qui] a atteint des niveaux extraordinaires […]. Aujourd’hui, les Juifs européens vivent à nouveau dans la peur ».

Sur la crise géopolitique que subit le Proche-Orient, Mme Boone a insisté sur trois piliers sur lesquels s’accordent tous les Etats membres : « La sécurité et la lutte contre le terrorisme [donc] le droit d’Israël de se défendre dans le respect du droit humanitaire international ; la protection des populations civiles [et l’adoption] d’une ‘trêve humanitaire’ […] ; la reprise d’un processus politique ».

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