Femme juive poignardée à Lyon : une plainte intrigante et des éléments troublants

L'enquête ne permet pas à ce stade de confirmer l'existence d'une agression au couteau ou un mobile antisémite. La police de Lyon poursuit ses investigations.

L'immeuble où réside la victime dans le 3e arrondissement de Lyon, dimanche 5 novembre 2023.
L’immeuble où réside la victime dans le 3e arrondissement de Lyon, dimanche 5 novembre 2023. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)
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L’enquête se poursuit après la plainte d’une femme de confession juive qui affirme avoir été poignardée chez elle à Lyon samedi 4 novembre 2023 en pleine après-midi. La police judiciaire et la Sûreté départementale épluchent de minces éléments pour tenter de comprendre ce qu’il s’est passé.

La piste antisémite était l’une des plus probables dès le début mais d’autres sont étudiées par la police et le parquet dont celle de l’implication familiale ou de l’ex-conjoint et même de l’automutilation. Deux dernière pistes que dément la plaignante qui a pris la parole dans un média pour la première fois mercredi.

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Pas d’éléments à ce stade d’une agression antisémite

De nouveaux éléments révélés ce jeudi 9 novembre par Le Parisien confirment que la police n’a aucun élément probant à ce stade pour confirmer le mobile antisémite. Les enquêteurs n’ont même aucun élément confirmant une agression au couteau à domicile en dehors des déclarations de la victime.

L’exploitation des images des caméras de vidéosurveillance n’a rien donné. Aucun suspect n’a été aperçu le jour des faits rapportés.

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Les images de vidéosurveillance ne donnent rien

D’après nos confrères, ces images ont été exploitées sur les caméras du réseau TCL et celles issues d’un bâtiment administratif positionné face à une station de tramway du 3e arrondissement de Lyon. L’immeuble de la plaignante est situé rue Jeanne Hachette en proximité immédiate avec le Mémorial Montluc et le fort de Montluc qui accueille l’hôtel de police. 

Selon nos constatations sur place, il n’y a pas de caméras positionnées face à l’entrée de l’immeuble.

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Eva, 30 ans, a pourtant donné quelques éléments sur son agresseur présumé, un homme « d’environ 1m75, vêtu d’habits sombres : bonnet noir, pantalon noir et chaussures noires ».

Les policiers vont cependant poursuivre l’exploitation des bandes de vidéosurveillance.

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Pas de trace digitale sur le couteau, l’ADN en attente

Selon Le Parisien, les enquêteurs n’ont pas trouvé de trace digitale sur le couteau. La plaignante affirme que son agresseur a laissé l’arme blanche sur les lieux avant de prendre la fuite très rapidement. 

Les résultats des analyses ADN sur l’arme sont encore attendus. 

Une plainte contre son ex-conjoint et sa compagne

En réalisant des actes d’enquête sur cette affaire délicate, les policiers ont découvert que la jeune femme, mère de deux enfants, a aussi porté plainte contre son ex-conjoint avec lequel elle connaît un divorce difficile. Il fait d’ailleurs l’objet d’une mesure d’éloignement.

Elle a récemment accusé son ex-mari et sa nouvelle compagne d’attouchements sur leur fille et a même porté plainte contre le couple. La police n’a pas étayé ces accusations. 

« Ces derniers jours, elle n’allait pas bien »

L’ex-conjoint a affirmé lors de son audition, en qualité de témoin, que son ex-conjointe peut être qualifiée de « virulente et dépressive ». Les policiers, au fil de leurs auditions, ont constaté que la jeune femme traverse une période difficile, affectée par un divorce décrit comme particulièrement conflictuel.

Ces derniers jours, elle n’allait pas bien, elle avait l’air triste.

Une voisine d'Eva, interrogée par actu Lyon

Les voisins assurent d’ailleurs qu’ils n’ont rien vu et rien entendu de suspect à l’heure des faits. 

« J’ai un divorce qui est en cours depuis quelques mois. Je l’ai dit à la police mais pour moi c’est impossible que ça soit lié d’autant plus qu’un divorce ce n’est jamais simple mais pas au point d’aller jusqu’à l’agression physique, la tentative d’homicide », a assuré Eva sur CNews mercredi matin. 

La piste de l’automutilation pas confirmée

Comme elle l’a affirmé dans sa prise de parole, les enquêteurs n’ont pas non plus d’élément concret sur une possible automutilation de la jeune femme. 

Des analyses médicales ont été pratiquées à l’hôpital et à ce stade ces analyses ne permettent pas de trancher sur ce point. 

« C’est une information totalement fausse. Qu’on puisse penser que je me suis fait ça moi-même, c’est juste invraisemblable. Je tiens à la vie… C’est insensé », a-t-elle dit sur CNews à propos de la possibilité d’une automutilation.

Mezouza et croix gammée

Pour Eva, la piste antisémite est plus que probable. « Le caractère antisémite est assez flagrant, je n’ai de problèmes avec personne, je m’entends bien avec tout le monde », affirme-t-elle en maintenant sa version des faits. Elle a rappelé qu’une mezouza, un signe religieux juif, est visible à la porte.

La croix gammée quant à elle « n’était pas présente sur la porte avant ». « Elle a été faite avant que j’ouvre la porte, quand il m’a poignardé, il est parti directement », selon elle.

Les enquêteurs lyonnais poursuivent leur enquête avec plusieurs pistes, rappelle Le Parisien : agression antisémite, agression pour un autre mobile maquillée en acte antisémite ou récit inventé par la victime.

Sollicitée par actu Lyon mercredi, le cabinet d’avocat de Maître Muriel Ouaknine-Melki qui représente désormais la plaignante, n’a pas encore donné suite à notre demande d’interview.

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