"Si la gauche sacrifie ses valeurs au gré d’alliances électorales, elle disparaîtra" estime Michaël Delafosse

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  • Michaël Delafosse a reçu le prix de la laïcité 2023, ce mercredi 8 novembre à Paris.
    Michaël Delafosse a reçu le prix de la laïcité 2023, ce mercredi 8 novembre à Paris. - Nanda Gonzague
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Le regard du maire de Montpellier, récent lauréat du prix de la laïcité 2023 qui lui a été remis ce mercredi 8 novembre à Paris, sur les manifestations de dimanche, l'antisémitisme, la laïcité, et le climat dans le pays.

Quels enseignements tirez-vous de cette journée de manifestations dimanche ?

Les Français ont répondu présent partout. Les gens se sont mobilisés en 72 heures. Au-delà des personnes présentes, il y a eu un grand mouvement de soutien pour rappeler que la République, la France, c’est le combat contre l’antisémitisme et le racisme, et qu’aucun Français, parce que juif, ne doit se sentir inquiété en France.

Et il était important de le dire collectivement. Dans ce climat de résurgence de l’antisémitisme, qui ne date pas du 7 octobre, il faut prendre la mesure que ce venin est présent dans nos sociétés. Mais la France peut être fière. À la différence de tous les autres pays, elle est descendue dans la rue pour le condamner, et affirmer son unité.

Le Rassemblement national était présent dans ces manifestations, pas les principaux dirigeants de La France insoumise. On est désormais à front renversé, en France, sur ce sujet-là ?

Je n’oublie pas que l’extrême droite a défendu des antisémites, certains candidats d’extrême droite ont pu avoir des attitudes antisémites, je me souviens aussi de cette professeur d’allemand en Alsace, dans une manifestation antivax (ex-membre du FN, elle avait brandi une pancarte antisémite et été poursuivie pour "provocation à la haine raciale")…

L’extrême droite porte en elle le vieux fond d’antisémitisme français. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il commet une faute morale, en n’étant pas présent, en polémiquant, en conflictualisant des marches qui doivent témoigner de l’unité du pays.

Il faut regarder l’absence de sincérité des uns et l’absence de responsabilité des autres.

Existe-t-il une nouvelle forme d’antisémitisme en France ?

Il a plusieurs visages. C’est d’abord l’accusation de déicide, c’est l’antisémitisme médiéval, puis celui des juifs et de l’argent. L’antisémitisme, nous devons collectivement le conjurer. Il se construit sur les préjugés du Moyen-Age. Il y a une constante sur l’extrême droite mais des esprits faibles aussi s’en emparent. Et puis on commence par s’en prendre à des juifs et après on s’attaque à d’autres, ça doit aussi nous dire ça.

Et la gauche française, je l’invite à la clarté et à la fidélité à son histoire dans le combat contre l’antisémitisme. Quand certains leaders politiques font des tweets ambigus ou des déclarations quasi-négationnistes, ils sont infidèles à l’histoire de la gauche, ou, plutôt, ils ne relèvent plus de la gauche.

Quand vous avez reçu le prix de la laïcité, à Paris, mercredi, des mains de Richard Malka, vous avez affirmé que la gauche devait aussi être fidèle aux valeurs de laïcité ? Tout est lié ?

Oui. La laïcité est une valeur que la gauche a rendue possible. Elle a toujours été au rendez-vous du grand combat laïc, d’une laïcité comme valeur de concorde, de la liberté de croire ou de ne pas croire dans le respect des autres, qui dit qu’aucun dogme religieux ne peut s’imposer à la loi civile.

Et moi je dis à la gauche qu’elle doit parler haut et fort pour défendre la laïcité. A fortiori quand le fanatisme resurgit. Hier c’était le fanatisme catholique contre les protestants, aujourd’hui c’est le fanatisme islamique qui tue, et qui a tué, en France, ou dans des pays de tradition musulmane. Et la gauche ne doit pas sacrifier ses valeurs au gré d’alliances électorales. Sinon, elle disparaîtra.

À gauche, vous incarnez ce combat-là...

En tout cas, j’ai été très honoré de recevoir ce prix, de le recevoir de Richard Malka, qui est l’avocat de Charlie hebdo, qui écrit, qui rappelle que la liberté d’expression est fondamentale et doit concerner aussi les religions. C’est pour ça aussi que je récuse l’usage du te terme d’islamophobie, parce que derrière il y a une entreprise pour empêcher toute liberté d’expression, on le voit bien.

Est-ce que vous recevez des menaces ?

Plein de gens vivent des situations de peur ou d’insécurité dans le pays. J’ai fait le choix d’être maire, donc je dois porter les choses avec courage et clarté, pour mettre en œuvre ce en quoi je crois. C’est pour ça qu’à la mairie, par exemple, les agents sont formés à la question de la laïcité. C’est pourquoi, à Montpellier, le 9 décembre, il y a aura une journée de la laïcité, pour expliquer, partager. Pas pour être péremptoire. Peu importe l’environnement qui peut être le mien.

Moi, ce n’est pas le sujet. Je suis plus inquiet quand un enseignant a peur. Et c’est à tous les enseignants de la République que je dédie mon prix.

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