BMW et Renault empêtrés dans une affaire de pollution à l’arsenic

BMW a indiqué, lundi, avoir ouvert une enquête sur un fournisseur de cobalt marocain, accusé dans la presse allemande de polluer l'environnement avec des rejets d'arsenic venant d'une mine. Le groupe minier marocain Managem se voit reprocher de rejeter de grandes quantités d'arsenic toxique dans l'environnement dans sa mine de Bou Azzer, au sud de Ouarzazate au Maroc, ont affirmé dimanche les médias allemands NDR, WDR et Süddeutsche Zeitung relayés en France par le média écologiste Reporterre.

« BMW a immédiatement ouvert une enquête et a demandé à la direction de Managem de fournir des explications », indique le groupe allemand dans un communiqué. En cas de faute avérée du fournisseur, BMW « exigera bien entendu des mesures correctives immédiates », a poursuivi le communiqué, disant prendre « les possibles violations » des règles « au sérieux ».

Une concentration d'arsenic « très élevée » et représentant donc « un danger » a été détectée dans des échantillons d'eau de la vallée proche de la mine, a indiqué aux médias allemands le chimiste Wolf von Tümpling, du Centre Helmholtz pour la recherche environnementale de Magdebourg en Allemagne. Des salariés actuels et anciens de la mine affirment par ailleurs, selon les médias allemands, que Managem ne respecte pas les normes internationales de protection des travailleurs et ignore les critiques des syndicats.

Course au cobalt

La société marocaine expose pourtant sur son site le souci constant de l'environnement, de la biodiversité et de l'eau. « Nous avons mis en place de multiples actions pour gérer les ressources en eau de façon inclusive et durable », souligne-t-il. BMW a signé en 2020 avec Managem un contrat d'approvisionnement en cobalt d'une valeur globale annoncée à l'époque de 100 millions d'euros et qui court jusqu'en 2025. Il a été suivi en 2022 par Renault qui a signé un contrat similaire avec Managem dont le montant n'a pas été communiqué.

Les constructeurs mondiaux se livrent une concurrence féroce afin de sécuriser leurs approvisionnements en métaux rares, dont le cobalt, nécessaires à la fabrication des batteries et à la transition vers l'électrique de leurs véhicules.

Depuis une loi allemande votée en 2021, les entreprises ont un devoir permanent de vigilance en matière environnementale et sociale, que ce soit sur leurs propres sites de production ou ceux de leurs fournisseurs. Reporterre livre en détail sur son site l'enquête effectuée sur place et qui pointe l'exposition des ouvriers aux poussières de minerais mais aussi les populations civiles.

Et d'indiquer notamment qu'à « Zaouit Sidi Blal, une oasis de 1 400 habitants située à 7 kilomètres en aval de la mine, la terre d'un jardin potager en bordure de l'oued contient sept fois la valeur maximale d'arsenic fixée par la Haute Autorité de santé (25 mg/kg de terre). Les enfants du village jouent et vont à l'école en marchant sur un sol dont la teneur en arsenic est de six fois cette même valeur seuil ». Pire encore, le bassin d'irrigation du village recèle des taux élevés de chrome et de cobalt, cancérigènes, et surtout 1 300 mg d'arsenic/kg, soit cinquante-deux fois la valeur seuil !

La mine de Bou Azzer extrait du cobalt primaire depuis 1928, selon une présentation en ligne du groupe. Managem, société détenue par la famille royale, a rejeté toutes les allégations et déclaré adhérer à des normes environnementales et sociales élevées, indique la Süddeutsche Zeitung.