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Gironde: la mosquée de Pessac victime de tags antimusulmans pour la quatrième fois en deux ans

Des tags inscrits sur la mosquée de Pessac, en Gironde, dans la nuit du 4 au 5 novembre 2023.

Des tags inscrits sur la mosquée de Pessac, en Gironde, dans la nuit du 4 au 5 novembre 2023. - Abdourahmane Ridouane

La mosquée de Pessac a été visée par des tags à caractère antimusulmans dans la nuit du 4 au 5 novembre. Le président de l'association qui gère la mosquée annonce porter plainte et demande un dispositif de sécurité plus important pour les fidèles.

"Vos cercueils ou vos valises", "La France aux Français". Ces formules dont l'une s'apparente à une menace de mort ont été taguées, accompagnées de croix de Lorraine, sur la mosquée de Pessac (Gironde) dans la nuit du samedi 4 au dimanche 5 novembre, a appris BFMTV.com, confirmant une information de Sud-Ouest. Ce lundi, le président de l'association qui gère la mosquée, Abdourahmane Ridouane, a porté plainte.

Il s'agit de la quatrième vague de tags de haine dont le lieu de culte est victime en moins de deux ans. Abdourahmane Ridouane a fait part de son "indignation" et de sa "colère" et a demandé aux autorités d'accroître leur dispositif pour assurer la sécurité de fidèles.

"La menace, elle est très claire: on dit aux fidèles de quitter le pays, sinon ils finiront dans un cercueil!", déplore-t-il auprès de BFMTV.com.

Individus masqués

Les faits on eu lieu vers 2h du matin le 5 novembre, selon les images de vidéosurveillance dont disposent la mosquée. Les individus qui ont commis les faits étaient "masqués ou cagoulés" selon le président de l'association, qui pense que "ce sont des gens qui ont l'habitude, qui ont repéré les lieux".

Face à la répétition de ces actes antimusulmans pour lesquels il a à chaque fois porté plainte, Abdourahmane Ridouane dénonce la "désinvolture voire le désintérêt" des autorités. Il explique notamment n'avoir jamais été averti de l'évolution de ses plaintes, devant prendre lui-même contact avec la police pour qu'on lui apprenne que l'une d'entre elles avait été classée sans suite.

Il déplore aussi l'absence de présence policière renforcée et permanente le vendredi, jour où la mosquée accueille "un millier de personnes". "Nous avons été obligés d'improviser une organisation interne avec un système de rotation: deux ou trois personnes avec un gilet jaune restent devant la porte pendant la prière et viennent prier après".

"On ne veut pas d'un nouveau Christchurch en France"

Auprès de Sud-Ouest, la ville de Pessac explique que des patrouilles dynamiques sont assurées par la police nationale régulièrement et que celle-ci est présente tous les vendredis pour assurer la sécurité du site. "On les voit seulement passer de temps en temps et même pas tous le vendredis", rétorque Abdourahmane Ridouane.

Il dit souhaiter qu'une unité de police soit présente de façon permanente tous les vendredis, un dispositif dont le lieu de culte avait bénéficié pendant "un ou deux mois" après les attentats de Charlie Hebdo, alors que planait le risque d'actes de haine à l'encontre de musulmans.

Désormais, les fidèles "sont habitués" aux menaces mais "ils aimeraient pouvoir prier en toute sérénité", explique le président de l'association.

"On ne veut pas d'un nouveau Christchurch en France", défend-il en référence deux fusillades perpétrées en 2019 dans des mosquées par un suprémaciste blanc dans la ville de Christchurh, en Nouvelle-Zélande, faisant 51 morts. Il rappelle aussi l'attaque de la mosquée de Bayonne en 2019, pendant laquelle deux hommes avaient été brièvement blessés par un octogénaire.

Le maire de Peyssac, cité par Sud-Ouest, a réagi en expliquant que "devant ces messages insupportables, qui n’ont de dessein que de dresser les Français les uns contre les autres, vous pouvez compter sur tout mon soutien".

Glenn Gillet